Apple a bien du mal à renouveler avec la vidéo le cocktail à succès qu’il avait obtenu avec iTunes et l’incontournable iPod. La marque à la pomme n’est pas dans les bonnes grâces des studios de cinéma, et c’est seulement deux ans après les Etats-Unis que le service de location de films et de séries TV sur iTunes pourrait enfin débarquer en France…

C’était prévu pour mars ou avril 2007, ça sera finalement, au mieux, en mai 2008. Selon Electron Libre, Apple pourrait lancer dans les trois proc haines semaines son iTunes Video Store en France. « Pour cela, la pomme a signé des contrats avec sept grands studios internationaux et locaux, parmi lesquels Paramount et Disney, bien évidemment, mais aussi EuropaCorp, la maison de production de Luc Besson« , écrit notre confrère. Une pèche bien maigre compte tenu du temps dont a disposé Apple pour négocier les accords depuis la sortie du service outre-Altantique à la fin de l’année 2006.

Déjà aux Etats-Unis, dans sa propre patrie, Apple avait eu beaucoup de mal à convaincre des studios de lui faire confiance. C’est uniquement parce que Steve Jobs est un gros actionnaire du studio que Disney avait été le premier à signer avec iTunes. D’autres comme Paramount avaient suivi, mais c’était avant la débâcle. Obsédés par l’idée de ne pas devenir dépendant d’iTunes comme l’industrie du disque l’est devenue, une majeur partie des studios d’Hollywood s’est braquée, au profit notamment d’Amazon et de leur propre plateforme mutualiste, Hulu.

En France, l’obsession est la même, avec une difficulté supplémentaire. Le cinéma français est majoritairement co-produit par les deux plus gros diffuseurs traditionnels, Canal+ en tête, qui n’ont aucune envie de voir la VOD se développer trop rapidement, ce qui leur ferait perdre leur attrait. Chacun essaye plutôt de développer sa propre plateforme de VOD, à l’image de CanalPlay, TF1 Vision et France TVOD.

Il est difficile pour Apple, dans ce contexte, de se frayer un chemin et de trouver des arguments parlants. Même son Apple TV, qui était censée devenir à la vidéo ce qu’était l’iPod à la musique, a été un flop commercial cuisant en Europe. Il n’est pas du tout certain que les catalogues de quelques studios suffisent à relever l’intérêt pour l’Apple TV 2 qui est en concurrence directe avec les box ADSL des fournisseurs d’accès et avec les consoles Xbox 360 et Playstation 3 de Microsoft et Sony.

Sauf surprise, le lancement de l’iTunes Video Store en France ne devrait donc pas révolutionner le paysage de la VOD dans l’hexagone. Mais une surprise, justement, il y aura peut-être.

Selon les rumeurs, Apple pourrait en effet profiter de ce qu’iTunes a son siège social au Luxembourg pour faire fi de la chronologie des médias imposée par la France, et proposer ainsi des films en location avant les six mois d’attente imposés par la loi après la sortie en salle. Les studios américains, beaucoup plus réceptifs à cette idée que les studios français, pourraient ainsi profiter du cheval de Troie offert par Apple pour casser ces contraintes françaises qui trouvent difficilement leur justification commerciale dans un contexte où les films sortis en salle sont le plus souvent disponibles dans la semaine sur les réseaux P2P…


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