Pour Manuel Valls, les nombreuses associations, personnalités et simples citoyens qui ont appelé les députés à voter contre le projet de loi Renseignement ont mis une « pression » à laquelle « heureusement peu de députés ont été sensibles ». Ils ont succombé à une autre pression : celle du Premier ministre.

« Chacun a pu le constater hier (lundi), il y a eu beaucoup de pression« , a condamné Manuel Valls mardi soir, après l’adoption de la loi renseignement par 438 voix contre 86. Le Premier ministre faisait allusion à la manifestation organisée à l’appel de nombreuses organisations de la société civile près de l’Assemblée nationale, et de l’opération « 24 heures avant 1984 »  qui visait à convaincre un maximum de députés de voter contre le texte (ils n’ont été que 86).

« Mais je constate que peu de parlementaires, heureusement, ont été sensibles à ces pressions« , s’est-il aussitôt réjoui. « C’est une très large majorité qui vient apporter le plus net démenti. Sur ce type de texte notamment, c’est important que les forces politiques se retrouvent ; celles qui ont gouverné, ou celles qui gouvernent le pays. Souvent sur ce type de texte, c’est la notion-même de responsabilité, c’est l’idée que l’on se fait de l’exercice du pouvoir, et c’est l’idée-même du sens de l’État qui sont en cause. Et c’est pour cela que je me réjouis de cette très large majorité qui nous conforte dans l’action de sécurité, dans la lutte contre le terrorisme, qui conforte l’action du gouvernement« .

Ainsi donc pour Manuel Valls, lorsque des citoyens expriment leur inquiétude et leur opposition au texte, et appellent les députés à y faire barrage, il s’agit de « pressions ».

Mais alors s’il s’agit de pressions, comment qualifier l’attitude du Premier ministre qui s’est rendu en personne à l’Assemblée nationale pour défendre lui-même le projet de loi lors de l’ouverture des débats parlementaires, en reconnaissant qu’il « est exceptionnel qu’un Premier ministre présente un texte devant la représentation nationale » mais qu’il le fait « pour insister sur son importance » ? Ne sont-ce pas des pressions ?

Comment qualifier ce même discours qui prévenait les députés que « la menace terroriste est aujourd’hui – ai-je besoin de le rappeler ? – le défi le plus redoutable, un défi auquel nous devrons faire face pendant longtemps, très longtemps » ? Manière de dire que les députés qui voteraient donc seraient complices par négligence des prochains attentats.

Comment qualifier l’attitude du Gouvernement qui diffuse un vrai/faux pour le moins simpliste, ou qui déforment gravement ce que dit la jurisprudence européenne ? Peut-être pas des pressions, non. Mais des mensonges.

« Un mensonge d’État« , comme l’a qualifié l’avocat des avocats, Pierre-Olivier Sur.


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