Entendre mais ne rien écouter. Voir mais ne pas s'arrêter. Lundi, le Premier ministre a lui-même ouvert les discussions parlementaires du projet de loi sur le Renseignement, en demandant aux députés de ne pas prêter l'oreille aux "fantasmes" et autres "mauvaises foi" des critiques du texte. Usant et abusant de la menace terroriste, le chef du Gouvernement a demandé que la loi soit adoptée rapidement, et à une large majorité.

Le Premier ministre Manuels Valls avait prévenu dès le mois de février qu'il viendrait lui-même défendre le texte à l'Assemblée nationale, et c'est effectivement ce qu'il a fait lundi après-midi à l'ouverture des débats parlementaires sur le projet de loi Renseignement. Toutefois malgré le caractère qu'il a lui-même reconnu comme "exceptionnel" d'une telle démarche, seule une quarantaine de députés avaient fait le déplacement pour entendre le chef du Gouvernement défendre bec et ongles le projet de loi qui confie au Premier ministre l'essentiel des pouvoirs d'autorisation secrète de mises sous surveillance de citoyens français.

Ne voulant rien lâcher, Manuel Valls a dénoncé tour à tour les "mensonges", "malentendus disproportionnés", "fantasmes", et autres "mauvaises foi" des opposants à la loi qui organise le Renseignement. Ses tous premiers mots ont été pour rappeler les attentats commis contre Charlie Hebdo et contre les clients de l'épicerie juive de Vincennes, et le piratage de TV5 Monde, afin de qualifier d' "irresponsables" les critiques du projet de loi. Et concernant les hébergeurs qui s'inquiètent de voir leurs clients fuir à l'étranger et qui menacent de les suivre dans leur migration, Manuel Valls a dit vouloir les "rassurer, en tout cas sont de bonne foi".

En inaugurant lui-même la discussion parlementaire, ce qui est rarissime dans l'histoire de la 5ème République, le chef du Gouvernement met tout son poids dans la balance pour tenter de convaincre les députés d'adopter le texte sans en modifier l'essence. Pour mieux acculer son propre camp composé en partie de frondeurs, il n'a pas hésité à saluer le comportement "constructif" de l'opposition, qui a d'ores et déjà fait connaître son soutien au projet de loi. 

"Tout au long de sa préparation, le Gouvernement a veillé à l'équilibre du projet de loi et aux garanties pour les libertés publiques", a affirmé Manuel Valls, qui a de nouveau rejeté l'idée que le texte organiserait une surveillance de masse. Y compris avec les boites noires qui alimentent les craintes.

"Je souhaite que ce texte recueille le soutien le plus large, et qu'il soit adopté le plus vite possible. Il en va de la sécurité de la Nation et de notre souveraineté. C'est aussi et d'abord, j'en suis convaincu, le souhait des français", a-t-il conclu.


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