Dans un rapport sénatorial très critique vis-à-vis du retard de la France en matière de très haut débit, deux parlementaires avancent une piste pour soutenir les investissements des opérateurs : rehausser le prix des forfaits Internet, qui sont parmi les moins chers du monde.

Au sein du concert des nations, la France fait figure d'exception. Grâce au jeu de la concurrence, les prix pratiqués dans le secteur des télécommunications sont parmi les plus bas du monde. Une offre classique dans le domaine de l'Internet fixe est facturée 32 euros par mois, tandis qu'une formule standard dans la téléphonie mobile est aujourd'hui est vendue 20 euros par mois.

C'est une situation évidemment très avantageuse pour le client, en comparaison des prix pratiqués dans les autres pays. Selon les données de la Fédération française des télécoms (FFT), un abonnement ADSL coûte entre 40 et 56 euros chez les principaux voisins européens (Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne), tandis qu'il atteint 78 euros aux États-Unis. Ce même constat peut être fait dans les forfaits mobiles.

Or, ces prix très bas par rapport aux pratiques des opérateurs étrangers constitueraient un frein pour le déploiement du très haut débit. C'est ce qui ressort d'un rapport sénatorial baptisé "État, opérateurs, collectivités territoriales : le triple play gagnant du très haut débit" et rédigé par le sénateur socialiste Yves Rome et son collègue UMP Pierre Hérisson.

Dans leur document, les deux parlementaires constatent que, "pour des raisons diverses, la France est l'un des pays où les prix des services numériques sont les plus bas au monde. L'inflexion à la baisse des prix s'est muée en une véritable chute des prix sur les offres mobiles sous l'effet des pratiques commerciales de l'un des opérateurs", qui n'est autre que Free.

Or, cette dégringolade des prix ont un effet très négatif sur les fournisseurs d'accès à Internet. "Dans un tel cas, les marges des concurrents sont sacrifiées, ce qui équivaut à renoncer à la rémunération du capital et à réduire les incitations et les capacités d'investissement", poursuivent les deux élus. Or, la France est en retard (elle "décroche" même par rapport au reste du monde) et les perspectives sont négatives.

"L'investissement y est très insuffisant en quantité et en qualité si bien que l'objectif des pouvoirs publics ne saurait être atteint en l'état et risque d'engendrer des gaspillages", s'alarment Pierre Hérisson et Yves Rome. Des leviers doivent donc être actionnés pour remettre l'Hexagone sur de bons rails. L'un d'eux consiste à rehausser les prix pour soutenir l'investissement.

Cette "élévation du prix des services numériques" doit "aller à l'investissement sous la condition d'une rémunération normale des risques pris par l'investisseur. […] Une élévation des prélèvements sur les abonnements permettrait de s'assurer que l'augmentation de valeur soit fléchée vers l'investissement dans les infrastructures", continue le rapport.

La publication du rapport sénatorial survient au moment où le gouvernement a présenté ses dix-huit mesures consacrées au numérique. L'une d'elles réaffirme l'intention de fournir du "très haut débit pour tous dans 10 ans". Pour tenir le calendrier, plusieurs leviers seront actionnés, comme la mobilisation de l'épargne réglementée. Mais ces derniers pourraient ne pas suffire pour tenir les délais.

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