Aucune cyberattaque n’arrive au « bon moment », mais certaines semblent arriver au pire.
C’est le cas pour le constructeur automobile Jaguar Land Rover, qui traverse déjà depuis plusieurs mois une période difficile marquée par des résultats en berne et de fortes perturbations dans sa transition vers l’électrique. À ces tracas s’ajoute désormais une cyberattaque d’une ampleur inédite, dont le constructeur britannique peine à se relever.
Les productions sont à l’arrêt complet depuis le 1er septembre 2025, et JLR a annoncé, ce jeudi 16 septembre 2025, qu’aucune reprise n’est prévue avant le 24 septembre au minimum.
Cette paralysie totale empêche non seulement la fabrication de nouveaux véhicules, mais bloque également les immatriculations ainsi que toute la chaîne logistique du groupe, mettant des milliers d’employés et prestataires au chômage technique. Au Royaume-Uni, l’affaire cyber devient politique.
Une attaque qui dure au Royaume-Uni
Si l’affaire fait la une des grands titres outre-Manche, c’est en partie parce qu’elle ne cesse de s’allonger dans le temps.
Selon la BBC, l’attaque aurait été détectée dans la nuit du dimanche 31 août au lundi 1er septembre 2025. Les équipes de Jaguar Land Rover décident alors de « fermer proactivement leurs systèmes » afin de « redémarrer les applications mondiales de manière contrôlée ».
Les ouvriers de plusieurs usines britanniques sont priés de rester chez eux. Dans un premier temps, la communication officielle assure qu’aucune preuve n’indique que des données clients ont été dérobées. Un discours rectifié une semaine plus tard, JLR admet alors que des informations personnelles pourraient être dans les mains des hackers.
Les jours passent, la date de reprise de la production est repoussée au 11 septembre puis au 24, sans certitude d’un retour complet à la normale.
Entre-temps, un syndicat britannique de l’industrie automobile tire la sonnette d’alarme sur des licenciements déjà en cours au sein de la chaîne d’approvisionnement de JLR, appelant le gouvernement à mettre en place un plan d’aide exceptionnel, du type de celui déployé lors de la crise du covid.
L’ombre de Scattered Lapsus$ Hunters
Chaque jour, le groupe Jaguar Land Rover enregistre des pertes de revenus estimées entre 5 et 10 millions de livres sterling (soit 6 à 13 millions d’euros). La production mondiale d’environ 1 000 véhicules par jour est, à l’heure de la rédaction de cet article, le 17 septembre 2025 en fin d’après-midi, toujours interrompue.
L’entreprise déclare « travailler 24 heures sur 24 » pour redémarrer ses systèmes informatiques, tout en soulignant l’extrême complexité de ce processus.
L’attaque a été revendiquée par le groupe Scattered Lapsus$ Hunters sur sa chaîne Telegram, collectif déjà connu pour avoir ciblé de grands groupes, notamment au Royaume-Uni comme Marks & Spencer. Provenant d’une alliance de plusieurs groupes cybercriminels, Scattered Lapsus$ Hunters a récemment annoncé entrer en pause afin de profiter de ses « parachutes dorés ».
Cette affaire intervient alors même que le pouvoir législatif britannique poursuit ses travaux contre les ransomwares et les entreprises qui cèdent au chantage. L’une des mesures étudiées ? Interdire purement et simplement aux organisations publiques de payer des rançons aux cybercriminels.
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