Quelques jours après une importante panne qui a immobilisé OVH pendant un peu plus d’une heure, Octave Klaba a malgré tout le sourire. Le fondateur de l’entreprise vient de signer une entrée en bourse plutôt réussie qui porte la valorisation de l’entreprise à 3,5 milliards d’euros. Pour l’occasion, le secrétaire d’État chargé du numérique Cédric O a fait le déplacement, trop heureux de pouvoir accompagner une entreprise de la French Tech dans cette aventure.
Porte-étendard de la French-Tech
Fondé en 1999, l’hébergeur français a connu ses premiers succès bien avant la création du label par Fleur Pellerin en 2014. Malgré cela, OVH est tout de même devenu un des porte-étendards du mouvement. L’entreprise accompagne aujourd’hui de nombreuses startups françaises au sein d’un programme dédié. Durant les 8 minutes de discours de l’introduction en bourse, la French Tech a été évoquée à 4 reprises, encadré par de nombreuses mentions à la « souveraineté française et européenne ».
Au moment où les géants américains du numérique deviennent plus puissants que jamais, au point d’attirer les foudres de l’antitrust européen et américain, OVH est, selon Cédric O, « extrêmement symbolique de ce que nous sommes collectivement en train de réussir ». « C’est une histoire de risque, d’entrepreneuriat et de difficultés », complète le secrétaire d’État au numérique.
Face à Google, Amazon et Microsoft
Le pari était effectivement osé. Dans un marché du cloud extrêmement concurrentiel, ou Google, Microsoft et Amazon s’arrogent quasiment 60 % des revenus de l’industrie, faire émerger un acteur européen n’était pas gagné. L’entreprise est d’ailleurs le seul acteur européen à figurer dans le Top 10 mondial du marché du cloud. Le marché pèse 130 milliards de dollars au niveau mondial. Mais, comme le soulignent Les Échos, la concurrence est rude, puisque pour chaque euro empoché par OVH, Amazon et Microsoft en rapatrient 60 et 25 respectivement.
Cette croissance ne s’est pas faite sans accrocs. Avant la panne du 13 octobre, un incendie ravageur avait touché son centre de données à Strasbourg, dévorant des serveurs entiers et faisant partir en fumée les données de nombreux clients. En pleine pénurie mondiale de semi-conducteurs, l’entreprise française tente aussi de mettre de nouveaux serveurs en ligne pour répondre à la demande de ses clients.
Le soutien du gouvernement
Ravi d’avoir un géant français du cloud, le gouvernement accueille OVH au sein de son Plan cloud en 2013 qui vise déjà la « souveraineté » grâce à une « capacité d’innovation et de déploiement des nouvelles infrastructures numériques ». Après l’incendie de mars 2021, Olivia Grégoire, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, promet de « continuer à soutenir » Octave Klaba dans la remise en état du site strasbourgeois, estimant que l’entreprise « taquine ses concurrents américains avec force ».
L’entrée en bourse de la « licorne » OVH est d’autant plus symbolique que d’autres projets franco-européens, comme le moteur de recherche Qwant par exemple, ne sont pas parvenus à s’imposer de la même manière. Plutôt discret, ne se faisant vraiment remarquer que lorsqu’il y a un problème sur son réseau, OVH est parvenu à doucement s’imposer comme un acteur européen de poids dans un secteur hyper concurrentiel. Un joli exploit qui annonce toutefois des années à venir pleines de défis, si l’entreprise veut continuer à grossir face aux géants américains.
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