Le réseau social Twitter est en train de s’installer durablement sur les chaînes de télévision américaines. Non content d’être le lieu de discussion de prédilection autour des programmes, Twitter voit désormais ses messages intégrés par les diffuseurs au coeur des émissions. En France, les chaînes continuent d’être bridées par le CSA et se contentent d’expérimentations et d’animer leurs communautés en ligne, sans impact sur l’antenne.

Twitter lève un peu le voile sur ses liens avec les médias américains. Le New York Times nous apprend que les producteurs et les chaînes sont de plus en plus nombreux à faire appel au réseau social pour dynamiser leurs contenus et recueillir, en temps réel, les avis des téléspectateurs.

Les programmes modifiés suite aux remarques des internautes

Ainsi, Simon Cowell, animateur et producteur de X Factor, admet au journal avoir d’abord été sceptique face au réseau et aux 140 caractères de ses messages. Mais il modifie désormais chaque semaine son programme pour répondre aux remarques et critiques des internautes.

A partir de la semaine prochaine, il sera même possible de voter pour ses candidats favoris directement depuis Twitter en plus des traditionnels appels ou SMS. Cela implique, évidemment, une présence accrue de Twitter à l’antenne qui s’engage à mettre en place une infrastructure particulière pour répondre à ces nouvelles attentes.

X Factor n’est pas le seul programme à mettre en avant le réseau de la sorte. Le New York Times, dans le même article, évoque l’exemple de Current TV qui avait intégré les micro-messages dans ses programmes pendant la campagne présidentielle américaine de 2008. Son ancienne Vice-Présidente est aujourd’hui à la tête de la division média de Twitter. La Weather Channel affiche également des messages en rapport avec le temps sur son antenne et son site Internet.

Les chaînes françaises plus timides

De ce côté de l’Atlantique, la musique n’est pas la même. Les chaînes sont très timides sur l’intégration des réseaux sociaux à l’antenne alors que les Français commentent les programmes autant que les Américains. Certaines expérimentations existent, mais sont souvent réservées à de plus petites chaînes. Lorsque de plus gros programmes tentent d’utiliser les réseaux, cela n’est pas relayé à l’antenne mais uniquement réservé aux internautes.

Pire, en mai dernier le CSA a même rappelé les chaînes à l’ordre en s’appuyant sur un décret de 1992. Il a considéré, ici, qu’en faisant la promotion de leurs comptes sur ces réseaux, ces messages étaient à caractère publicitaire et n’avaient donc pas leur place à l’antenne.

Une décision mal comprise

Le CSA n’interdit pas de citer Twitter ou Facebook à l’antenne, ce que le gouvernement a dû rappeler récemment, mais il interdit bien en revanche de le faire dans le cadre d’une autopromotion des comptes des chaînes TV sur les réseaux sociaux. « Ne revêtirait un caractère publicitaire prohibé que l’incitation appuyée à se connecter sur le site du réseau social où la chaîne possède une page ou un compte », a précisé le ministère de la Culture. Or c’est bien là l’usage qui est fait par les chaînes américaines, et qui est donc prohibé en France.

Si cette décision assure aussi la pluralité des réseaux, en ne favorisant pas ces deux mastodontes américains et en laissant donc la porte ouverte aux nouveaux acteurs qui souhaiteraient se lancer sur ce créneau, Internet continu d’être isolé des médias traditionnels.

Les chaînes françaises ne semblent donc pas savoir sur quel pied danser. Elles expérimentent, sans jamais vraiment rendre les réseaux présents sur leur antenne et sont freinées par le CSA. Mais elles investissent tout de même des moyens importants dans l’animation de leurs communautés en ligne, à l’image de France Television qui embauche 4 personnes pour occuper cette fonction.

La prochaine étape sera donc de ramener cette forte activité en ligne à l’antenne, pour bénéficier de tous les avantages constatés aux Etats-Unis pour les programmes et les téléspectateurs? Quitte à forcer la main du CSA qui ne pourra pas toujours s’opposer à l’évolution et aux ponts entre les médias.

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