Le très haut débit dans les zones rurales pourrait devenir une réalité dans les prochaines années, grâce au VDSL2. Solution alternative au déploiement très coûteux de la fibre optique au pied de chaque maison, ce protocole vient d’être validé par le comité technique de l’Arcep.

L’enjeu est majeur pour éviter la fracture numérique entre les zones urbaines et les zones rurales, où le déploiement de la fibre optique est un mirage bien peu rentable. Selon la lettre Edition Multimédi@ datée de ce lundi, le Comité d’experts pour les boucles locales cuivre et fibre optique, constitué au sein de l’Arcep, devrait rendre un avis favorable au déploiement du VDSL2 « d’ici la fin de l’année ». Or cette technologie bien moins coûteuse que la fibre optique intégrale offre des débits symétriques (upload et download) de 50 Mbps, en utilisant la même paire de cuivre que celle utilisée par l’ADSL pour le « dernier kilomètre ». La montée en débit se fait en effet au niveau de sous-répartiteurs intermédiaires, qui eux sont reliés par fibre optique au NRA traditionnel.

La validation par le Comité ne vaut cependant pas encore autorisation, puisqu’il avait fallu attendre trois ans après la validation de l’ADSL2+ en 2007 avant que le protocole soit effectivement autorisé par l’Autorité de régulation des télécoms.

Les FAI déjà prêts au déploiement

Dans un article publié au début du mois, qui s’appuyait sur la publication des contributions à une consultation publique organisée par l’ARCEP, Freenews montrait clairement l’intérêt des opérateurs pour le VDSL2, étrangement évoqué à demi-mots. Orange, qui dit vouloir couvrir au moins 60 % de la population en FTTH (fibre optique), précise que « au-delà nous sommes ouverts à des solutions de montée en débit telles que le VDSL« .

Free, lui, insiste selon Freenews « sur l’importance d’une montée en débit rapide, mettant en avant la demande croissante d’usages gourmands en débit chez les abonnés, citant la  » dimension multimédia « ,  » l’émergence des téléviseurs connectés  » ou encore le stockage prochain des données à distance ( » cloud computing « )« . L’opérateur fixe un calendrier de déploiement de « cinq à dix ans » du très haut débit par le cuivre dans les zones périurbaines et rurales, ce qui coïncide avec l’objectif national de raccorder au très haut débit 70 % de la population française en 2020, puis 100 % en 2025, tel que l’a indiqué Nicolas Sarkozy dans son discours de clôture des Assises des territoires ruraux en début d’année dernière.

Les Freebox Revolution sont déjà équipées pour recevoir le VDSL2, et Bouygues Télécom est également prêt. De son côté, « SFR est déjà prêt pour le VDSL2 à 150 Mbits/s, grâce à une gestion dynamique
de la paire de cuivre dite DSM – Dynamic Spectrum Management – que lui fournit la société américaine Assia
dirigée par John Cioffi
« , l’inventeur du DSL, indique Edition Multimédi@. Et Orange, étrangement en retard, serait en discussion avec Assia.

Le plus incompréhensible est l’hésitation que semblent afficher les opérateurs français, en favorisant le déploiement d’un FFTH pourtant beaucoup plus coûteux que le VDSL2. Edition Multimédi@ note même que dans son rapport sur l’aménagement numérique du territoire, le sénateur Hervé Maurey (Union Centriste) propose de « fixer une date butoir à l’arrêt de l’utilisation du réseau cuivre et au basculement vers le réseau fibre, à l’instar de ce qui a été décidé pour le passage à la télévision numérique sur l’ensemble du territoire » (p. 62).

Serait-ce exagéré de croire que le marchandage effectué par les opérateurs au détriment de la neutralité du net n’est pas étranger à cette hésitation affichée ? Profitant de l’objectif fixé par Bruxelles de couvrir au moins la moitié de l’Europe en très haut débit à 100 Mbps d’ici 2020, les opérateurs mettent en avant les coûts du déploiement de la fibre optique pour obtenir de Bruxelles qu’elle les autorise à donner la priorité à certains flux et services, et à faire payer certains éditeurs pour ne pas les brider. Peut-être donc, dans ce cadre, vaut-il mieux éviter de dire trop haut qu’une autre voie est possible, bien moins coûteuse, qui permettra de prendre plus de temps pour passer du FTTN (Fiber to the neighborhood) au FTTH (Fiber to the home).

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