Nicolas Sadirac, l’un des co-fondateurs de l’École 42 de Xavier Niel, a démissionné en octobre 2018. Médiapart révèle pourquoi l’homme aurait été poussé vers la sortie, entre exhibitionnisme et magouilles financières.

C’est une enquête édifiante que vient de publier Médiapart, concernant celui qui dirigeait encore l’École 42 il y a six mois. Nicolas Sadirac, un des co-fondateurs de l’école de formation à l’informatique financée par le milliardaire Xavier Niel, a été évincé de la direction en octobre 2018. Mais ce n’est que ce 18 avril 2019 que l’on apprend pourquoi, grâce au travail de nos confrères.

L’enquête a plusieurs volet. Le premier rappelle l’atmosphère anxiogène et sexiste qui avait cours à l’École 42, fondée en 2013 à Paris dans le but de proposer un cursus de formation horizontale qui ne valorise pas les diplômes mais l’expérience. Si la formation n’est pas officiellement reconnue par l’État, elle est très bien vue dans le monde professionnel.

Agissements sexuels déplacés et magouilles financières

En 2017, l’Usine Nouvelle avait montré dans une longue enquête combien la lourde ambiance sexiste, qui a pu virer aux agressions sexistes, était pesante au sein de l’École. Nicolas Sadirac, directeur à l’époque, n’avait pas agi. À l’inverse, il a lui-même été immortalisé en 2014 — par la myriade de caméras installées partout dans l’école — en train de donner une fessée à une femme (qui semblait consentante) dans un amphithéâtre des locaux, puis d’entamer un rapport sexuel avec elle.

Cet incident ne lui avait pas coûté son poste. Mais Médiapart montre que d’autres éléments troublants se sont accumulés, concernant, cette fois, un volet financier. Sur le plan juridique, l’école est une association sans but lucratif, qui est quasiment uniquement financée par les dons de Xavier Niel, fondateur de Free. Cependant, il existe un autre « pilier », la société 42 Labs, censée servir à développer des activités commerciale. Elle a été créée par les mêmes cofondateurs de l’École 42 (Nicolas Sadirac, Florian Bucher et Kwame Yamgnane).

Le site d’information français met en lumière plusieurs magouilles qui auraient eu lieu pendant des années, entre la surfacturation de certains biens (200 000 euros de chaises) ou des versements louches reçus en liquide. Nicolas Sadirac n’a pas répondu aux questions de Médiapart.

En octobre 2018, celui-ci aurait été « fortement invité » à démissionner, et aurait même accepté de partir en renonçant à son solde tout compte (d’un montant, tout de même, de 86 000 euros). En échange, l’affaire ne s’était pas ébruitée. Depuis, Sophie Viger est la directrice générale. Elle a cherché à impulser une nouvelle dynamique plus saine, notamment en faisant retirer bon nombre des inutiles caméras, qui avaient valu à l’École 42 une mise en demeure par la CNIL en 2018.


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