Les prud’hommes ont estimé qu’il était légal de licencier des employés pour les propos qu’ils tenaient contre leur entreprise sur Facebook, même lorsque les propos ne sont lisibles que par un cercle d’amis. Une première qui montre que l’on ne peut pas transposer toutes les habitudes sociales sur les réseaux sociaux.

Le Conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt a estimé légal le licenciement de trois salariés de la société de conseil en informatique Alten, qui avaient critiqué leur employeur dans une page privée sur Facebook. L’Express raconte qu’ils s’étaient autoproclamés membres du « club des néfastes » sur le réseau social, après une remontrance de la direction des ressources humaines sur leur manque de discipline. « Un de leurs collègues, connecté à ce moment-là, a lu l’échange et en a fait une capture d’écran à l’intention de la direction« , ajoute le magazine. Comme quoi il faut toujours choisir ses amis avec soin, dans la vie comme sur Facebook.

Plutôt que d’ignorer les messages postés dans un environnement privé, entre collègues, la direction a décidé de les verser comme pièces à conviction pour justifier le licenciement des trois trublions, pour « incitation à la rébellion » et « dénigrement de l’entreprise« .

Saisi par deux salariés, le Conseil des prud’hommes a validé les licenciements en estimant que « les salariés ne peuvent pas impunément critiquer ou avoir des propos injurieux ou diffamatoires à l’égard de leurs employeurs« , même dans un espace réservé. « Le tribunal des Prud’hommes a estimé que même si une page est personnelle dès le moment où l’on a plusieurs amis susceptibles de lire le message, celui-ci prend un caractère public« , résume L’Express. Selon l’avocat des salariés, celui qui avait posté le premier message sur son mur n’avait que 15 « amis » sur Facebook, dont cinq collègues de la société Alten.

Difficile de prendre parti dans cette affaire. D’un côté, bien sûr, le licenciement pour des messages visibles uniquement par une quinzaine de personnes semble totalement disproportionné. De l’autre, il faut bien comprendre que Facebook n’est pas la machine à café du bout du couloir, où les employés se réunissent pour critiquer avec plus ou moins d’humour leurs employeurs. Dans une entreprise classique, la machine à café joue un rôle de soupape, et les salariés repartent travailler sans laisser trace de leurs paroles. Sur Facebook, les écrits restent, peuvent être copiés (la preuve), et peuvent sous certaines conditions être lus par les amis des amis.

Juger autrement amènerait à poser arbitrairement un plafond de nombre d’amis, au dessous duquel le propos tenu reste privé, et au dessus duquel il devient public. Le conseil des prud’hommes a préféré jugé sur le principe, et il n’a peut-être pas eu tort.

Cette affaire, malheureuse pour les employés, doit faire comprendre à davantage d’internautes que tout ne peut pas être dit sur Facebook, même dans un cadre qu’ils croient privé. Ca n’est pas une bonne idée ni d’y insulter un DRH après un entretien d’embauche infructueux, ni de dénigrer son employeur une fois l’embauche obtenue.

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