2015 restera dans l’histoire de l’industrie musicale comme l’année du streaming. En effet, l’écoute en ligne est aujourd’hui la principale source de revenus de l’industrie musicale, avec une part de 34,3 % dans le total des gains enregistrés par la Recording Industry Association of America (RIAA), l’association chargée de défendre les intérêts des maisons de disques aux États-Unis.
Le streaming surclasse ainsi les deux autres grandes catégories mesurées par la RIAA, à savoir le téléchargement des fichiers musicaux depuis des plateformes dédiées, comme l’iTunes Store (34 %), et l’achat de CD dans le commerce (28,8 %). Le streaming s’impose certes d’une courte tête, mais la bascule est là. Il aura fallu cinq ans pour que le streaming perce véritablement.
En effet, la part du streaming dans les revenus n’était que de 7 % en 2010. Cela dit, elle a rapidement progressé les années suivantes, au point de peser aujourd’hui un gros tiers des gains aux USA. L’industrie musicale est ainsi en train de vivre sa deuxième mutation : après le triomphe du numérique sur le physique, c’est désormais la victoire du paiement pour un accès à la musique, plutôt qu’un achat pour un téléchargement.
On n’achète plus, on loue une écoute.
C’est en 2012 que la première révolution du secteur a eu lieu, avec le le dépassement des ventes physiques par les ventes numériques. De nos jours, ce type de format constitue plus des deux tiers (68 %) des revenus de la RIAA. La seconde révolution, plus récente, a été favorisée par l’arrivée l’an dernier d’Apple Music.
Ce constat, effectué dans le rapport de la RIAA sur l’état de l’industrie musicale en 2015, révèle certes la maturation du marché du streaming, mais ouvre aussi des questions sur sa soutenabilité : si le nombre de titres écoutés en streaming dépasse largement celui des titres achetés, les gains concernant le streaming ne sont pas à la hauteur de ceux des ventes.
Ce n’est pas étonnant : le revenu moyen d’une diffusion est inférieur à 0,001 dollar alors que la vente d’un titre tourne autour d’un dollar.
C’est donc une croissance constante depuis 2010 pour le streaming musical, qui est la grande tendance du moment. L’augmentation des revenus s’explique aussi par la croissance stable des formules d’abonnement qui, avec la publicité, permettent aux plateformes de perdurer.
Les revenus générés par le streaming viennent donc des abonnements, des radios de streaming — moins communes en France — et des services sans abonnement comme YouTube, Vevo et les versions avec publicité de ces plateformes.
Ce changement de panorama en matière musicale a déjà des conséquences artistiques, à l’image de Kanye West qui conceptualise sa création avec comme seul objectif le streaming, mais aussi financières. Les artistes continuent de toucher des sommes dérisoires sur leurs œuvres, mais à la différence de l’ère ante-Napster, les majors ont vu leurs revenus s’amoindrir fortement avec le streaming.
Les initiatives comme celle de Tidal proposent bien sûr un streaming plus équitable, mais pour le moment, seul l’internaute et les sociétés de streaming sortent vainqueurs de ce nouveau rapport de force.
Toutefois, il est encore difficile d’anticiper l’intégralité des conséquences que ce nouveau mode de consommation aura sur l’art lui-même. Par exemple, les artistes les plus en vue demeureront les mieux rémunérés à la chanson par les plateformes ; le streaming est donc à double tranchant pour les labels indépendants : il permet certes à l’internaute de diversifier ses écoutes, mais avant qu’un artiste ne touche des gains significatifs, de l’eau aura coulé sous les casques audios…
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