Les autorités américaines sont préoccupées par la mode du chiffrement généralisé et le réseau Tor, dont la popularité a progressé suite aux révélations d'Edward Snowden. Au sein du ministère de la justice, on craint l'établissement de zones de non-droit.

Depuis quelques mois, les coups de boutoir contre le chiffrement sur Internet se multiplient. En France comme à l'étranger, de plus en plus de services de sécurité se font entendre pour s'opposer à une sécurité trop forte, qui est devenue pour beaucoup d'Internautes une préoccupation centrale depuis les révélations d'Edward Snowden sur les activités très secrètes de la NSA et de ses partenaires.

Ainsi, l'on a pu voir le premier ministre britannique David Cameron et le coordinateur de la lutte antiterroriste en Europe, Gilles de Kerchove, suggérer de rendre illicite l'utilisation d'outils de communication qui ne peuvent pas être écoutés d'une façon ou d'une autre par l'État. Dans la même veine, le directeur de l'ANSSI Guillaume Poupard a lui aussi estimé "qu'à un moment, il faut être capable de déchiffrer".

Ce type de discours existe aussi outre-Atlantique. Le site Motherboard rapporte ainsi les propos de Leslie Caldwell, l'actuelle procureure générale adjointe de la division criminelle au sein du ministère de la justice américain, qui n'a pas retenu ses critiques à l'égard du chiffrement (notamment celui mis en œuvre par Apple et Google avec la dernière version de leur O.S. mobile) et du réseau Tor.

LE CHIFFREMENT, OUI, MAIS PAS TROP

"Nous comprenons la valeur du chiffrement et l'importance de la sécurité. Mais nous sommes très préoccupés par le fait que cela pourrait conduire à la création d'une zone que je qualifierais de non-droit, dans laquelle il y a des preuves que nous pourrions obtenir légalement via une ordonnance du tribunal mais qui resteraient au final hors de portée à cause des choix technologiques d'une entreprise".

Dans le cas de Google et Apple, Leslie Caldwell espère que des portes dérobées seront tôt ou tard installées sur Android et iOS afin que les deux entreprises puissent déchiffrer le contenu des téléphones lorsque ces derniers leur seront retournés.

TOR, ANTRE DU CRIME POUR LES AUTORITÉS

Concernant Tor, Leslie Caldwell est aussi très critique, faisant référence aux places de marché illicites, comme Silk Road pour acquérir des stupéfiants, et aux sites permettant d'acquérir des armes à feu, de consulter des contenus pédopornographiques et ainsi de suite. "Tor a évidemment été créé avec de bonnes intentions, mais il constitue un énorme problème pour les autorités".

"Il y a beaucoup de supermarchés sur lesquels vous pouvez faire n'importe quoi, de la commande d'héroïne à l'achat d'une arme, en passant par le recrutement d'un tueur à gages pour se débarrasser de quelqu'un. Il y a des sites dédiés à l'assassinat. Nous pensons que 80 % du trafic sur le réseau Tor implique de la pédopornographie".

DES PROGRÈS DANS LA PÉNÉTRATION DE TOR

"La nature internationale d'Internet constitue déjà un défi énorme. Lorsque vous ajoutez en plus le réseau Tor, cela représente un challenge encore plus considérable", a-t-elle expliqué. Mais, à l'entendre, les États-Unis progressent. "Nous avons fait des progrès dans notre capacité à pénétrer le réseau Tor, mais c'est toujours un véritable obstacle" a-t-elle ajouté, sans préciser comment les USA y accèdent.

Dans ce domaine, les documents exfiltrés par Edward Snowden donnent quelques indices. Par exemple, que la NSA ne sait pas casser Tor, mais l'agence procède indirectement (de la même manière que pour le chiffrement des communications) L'agence est aussi lancée dans une stratégie de surveillance et de collecte des adresses IP de tous les usagers du réseau Tor.


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