Frédéric Lefebvre demande au Gouvernement d'agir non seulement contre les propagandes antisémites sur Internet, mais aussi contre les discours antisionistes. Les deux, pourtant, ne doivent pas être confondus, puisque seul l'antisémitisme est illégal.

Il existe une différence fondamentale entre l'antisémitisme et l'antisionisme. Le premier, qui consiste à haïr les Juifs parce qu'ils sont Juifs, est évidemment illégal et surtout foncièrement détestable et dangereux. Le second, qui consiste à contester la création ou l'expansion de l'état juif en Palestine, est en revanche légal et n'est qu'une opinion politique soumise au débat public. Le premier critique les personnes pour ce qu'elles sont, le second pour ce qu'elles font ou ce qu'elles promeuvent.

La différence est évidente pour qui s'intéresse un minimum au conflit israélo-palestinien, mais l'amalgame est vite réalisé. Y compris dans les plus hautes sphères politiques. Ainsi le député UMP Frédéric Lefebvre, qui est un habitué des demandes de régulation sur Internet, vient de demander au ministère de l'intérieur de saisir le Conseil National du Numérique (CNNum) pour "faire des propositions qui, tout en respectant la neutralité du Net, permettent d'éradiquer la propagande antisémite, antisioniste qui se retrouve aujourd'hui (sur les réseaux sociaux)".

Frédéric Lefebvre avait déjà fait cette même proposition au mois de mars dernier, lors d'un déplacement électoral à Montréal, qui fait partie de la circonscription des Français d'Amérique du Nord, dont il est élu.

Le député, ancien ministre du gouvernement Fillon, mêle ainsi dans un même ensemble les actes et propagandes antisémites, qui font bel et bien l'objet d'une légitime répression (y compris désormais avec l'aide de Twitter), et les discours antisionistes qui participent du débat Républicain, dans les limites de l'antisémitisme. Pourtant l'on peut critiquer la politique d'Israël et donc de l'état juif sans critiquer en eux-mêmes les Juifs qui le composent et l'administrent. 

C'est cette différence fondamentale que nous avions aussi soulevée s'agissant des demandes de suppressions de contenus formulée auprès de Twitter par l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), qui a visé non pas uniquement des tweets antisémites, mais aussi des tweets anti-Israël. Or jamais l'UEJF n'a répondu à nos demandes d'explications sur ce point, essentiel pour le respect de la liberté d'expression. 

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