Réservé aux États-Unis et à la France (le pays de cœur du fondateur de Snap), le drone Pixy coûte 250 euros. À ce prix, il ambitionne de révolutionner vos selfies en s’élevant dans le ciel pour vous photographier. Que vaut-il réellement ? Pendant une semaine, nous l’avons promené partout.

Si nous ne manquons pas de choses à vous dire sur le Snap Pixy, le petit drone présenté par Snapchat fin avril, nous devons vous avouer un secret qui tient en une phrase : nous sommes totalement tombés sous son charme.

L’amour que nous ressentons pour ce petit objet jaune met-il à mal notre objectivité journalistique ? Chères lectrices et chers lecteurs, vous vous doutez bien que non. Même si nous aimerions vous dire que ce produit est aussi génial que mignon, nous vous dirons dans ce test la vérité sur le drone de Snapchat. Après une semaine à ses côtés, en intérieur comme en extérieur, voici notre avis sur ce produit aussi génial que, malheureusement, imparfait.

Le Pixy est un concept assez fantastique

Commençons par le positif, le drone Pixy est un produit vraiment cool.

Avant toute chose, rappelons rapidement son concept. Snap, qui se définit comme une « camera company », souhaite s’émanciper peu à peu de son application emblématique. Après avoir lancé plusieurs générations de lunettes, l’entreprise mise désormais sur le drone pour réinventer le selfie. Facile à transporter (il rentre dans une poche ou peut être accroché à une lanière fournie dans la boîte), le Pixy peut être déployé en quelques secondes pour prendre une photo de vous. Il s’élève alors dans le ciel, vous photographie et redescend dans votre main.

Drone Snap Pixy // Source : Louise Audry pour Numerama
Le Pixy permet de prendre des selfies sans tendre le bras (on le fait ici pour le faire atterrir). // Source : Louise Audry pour Numerama

Tout le concept du Snap Pixy repose sur sa facilité d’utilisation. Oubliez les télécommandes, les applications compliquées avec plein de réglages ou les permis de pilotage… On appuie sur un bouton, l’appareil photo du Pixy vous regarde pour vous identifier et commence à filmer. Il est impossible d’utiliser Pixy pour aller épier son voisin, son utilité unique est le selfie.

Pour récupérer les vidéos de 30 secondes ou les photos prises par le Pixy, il faut ensuite se rendre dans l’application Snapchat. Dans l’onglet Memories, on peut importer tous les rush stockés dans la mémoire interne du drone. Le Pixy se transforme alors en routeur Wi-Fi, le téléphone s’y connecte automatiquement et récupère tout le contenu en quelques secondes. Vous pourrez alors le publier en story, l’envoyer à un ami ou l’éditer pour ajouter des filtres (ce qui n’a pas vraiment marché chez nous, il n’y avait quasiment aucun effet proposé).

Drone Snap Pixy // Source : Louise Audry pour Numerama
Les vidéos arrivent ensuite dans l’application Snapchat. // Source : Louise Audry pour Numerama

Comme nous le pressentions, nous avons adoré utiliser le Pixy. À chaque fois qu’il s’élève, la magie est garantie. Nos proches ont, sans surprise, été très intrigués (nous avons même été arrêtés dans la rue par des gens qui ont reconnu le produit ou qui voulaient connaître son fonctionnement). Bref, c’est un produit indéniablement intéressant, même s’il ne plaira pas aux amateurs et amatrices de silence. Oui, le Pixy fait beaucoup de bruit.

Des vidéos souvent réussies

Plusieurs modes sont proposés par le Pixy :

  • Le premier mode est dédié aux selfies. Il se met à hauteur de visage et vous filme pendant 30 secondes. Si vous vous déplacez, il tourne sur lui-même pour rester en face de vous.
  • Le second mode permet au Pixy de reculer de 3 mètres, 6 mètres ou 9 mètres (on choisit dans l’application). On a alors une vidéo où l’on voit le drone s’éloigner, puis revenir. C’est très amusant à plusieurs, pour filmer une fête par exemple.
  • Le troisième mode, qui s’appelle Follow, permet de suivre un individu. Lors d’une activité sportive, le drone se déplace pour rester proche de son propriétaire.
  • Le quatrième mode permet au drone de tourner autour de vous, pour faire une vidéo amusante. Il est aussi conçu pour les selfies vidéo à plusieurs.
  • Enfin, il y a un mode personnalisé. Vous en faites ce que vous voulez. Nous avons, de notre côté, opté pour une photo à hauteur de visage.
Sur le Pixy, une molette permet de choisir un mode. // Source : Louise Audry pour Numerama
Sur le Pixy, une molette permet de choisir un mode. À droite, on voit ses batteries amovibles. // Source : Louise Audry pour Numerama

Que valent tous ces modes ? La plupart du temps, ils font ce qu’on leur demande. Le mode selfie est celui qui fonctionne le mieux, à condition que le drone réussisse à identifier un visage. Plusieurs fois, il lui est arrivé de paniquer, de heurter un mur et d’atterrir en urgence. La bonne nouvelle est qu’il est possible de l’attraper en main sans se couper, ce qui permet donc d’éviter une catastrophe.

Drone Snap Pixy // Source : Louise Audry pour Numerama
Le drone en mode selfie. // Source : Louise Audry pour Numerama

Les autres modes sont parfois plus capricieux. Celui où le Pixy part loin et celui où le Pixy tourne autour de son sujet ont la fâcheuse tendance à aller à une trop grande distance et à se heurter, là encore, à des obstacles (d’ailleurs, fun fact : la vidéo s’arrête avant l’accident. Snap a programmé son drone pour ne garder aucun souvenir de ses erreurs).

Le mode suivi fonctionne correctement environ une fois sur deux (il oublie de suivre parfois) et, étrangement, est hyper lent. Nous avons filmé un skater : même si la vidéo est plutôt cool à regarder, le drone a 2-3 secondes de retard sur ses déplacements. S’il anticipait mieux, la vidéo serait beaucoup plus réussie.

De grosses limites techniques

Comment expliquer les difficultés du drone de Snapchat ? Elles sont dues à plusieurs choix techniques qui peuvent s’expliquer par son mini-format, mais qui provoquent d’importants sacrifices.

Par exemple, le Pixy n’a que deux caméras. Une qui vous regarde, une autre en dessous pour détecter votre main ou le sol lors de l’atterrissage. Sur les côtés ou en haut, le drone est aveugle. Résultat, il n’a absolument aucune idée d’où se trouve votre plafond. Il se le prend donc très facilement et, au lieu de revenir à la position précédente, panique et déclenche un atterrissage d’urgence.

Il y a une caméra sous le Pixy, mais pas en haut ou sur les côtés. // Source : Louise Audry pour Numerama
Il y a une caméra sous le Pixy, mais pas en haut ou sur les côtés. // Source : Louise Audry pour Numerama

Ensuite, le poids du drone le désavantage. Facile à transporter grâce à ses 101 grammes, le Pixy, en contre-partie, est extrêmement facile à faire chavirer une fois en l’air. Au moindre coup de vent, il tremble et tente d’atterrir. Plus embêtant, il lui arrive de ne pas revenir exactement au bon endroit. À une occasion, nous étions à quelques centimètres de ne pas réussir à le rattraper. C’était d’autant plus gênant qu’en dessous, il y avait 10 mètres de vide.

Le Pixy en plein vol.  // Source : Louise Audry pour Numerama
Le Pixy en plein vol. // Source : Louise Audry pour Numerama

Au niveau de la qualité aussi, les images du Pixy sont assez moyennes (particulièrement en basses lumières où on ne voit quasiment rien, un flash aurait été bienvenu). Le fait que le drone filme en horizontale, alors que les images servent majoritairement aux réseaux sociaux, est aussi étonnant. Pour faire une story, il faut forcément redimensionner et donc perdre beaucoup d’infos. On note au passage que le Pixy n’a pas de micro (il est de toute façon trop bruyant), ce qui veut dire qu’il n’y a pas de son dans les vidéos. Dommage de ne pas pouvoir utiliser le smartphone en micro grâce à un mode dédié.

Enfin, l’autre limite est liée à son autonomie. Sur une charge, le Pixy peut faire environ 5 vols d’après nos observations. Après chaque vol, il envoie une estimation des secondes restantes à votre smartphone. La bonne nouvelle est que sa batterie est amovible et que, pour 274,99 euros au lieu de 249,99 euros, on peut en obtenir une supplémentaire (ainsi qu’un chargeur pour toujours brancher l’autre batterie à une batterie externe). Au final, l’autonomie ne nous a jamais posé problème, car la batterie se charge en quelques minutes. Quand on vide une, on change de batterie et le drone est toujours plein.

Les batteries rechargeables du Pixy, avec le chargeur USB-C fourni avec. // Source : Louise Audry pour Numerama
Les batteries rechargeables du Pixy, avec le chargeur USB-C fourni avec. // Source : Louise Audry pour Numerama

La loi gâche tout (désolé, l’État de droit)

Autre problème majeur : malgré son petit format et ses capacités très limitées, le Pixy est considéré par la loi comme un vrai drone. Résultat, son utilisation est impossible sans enregistrement sur le portail AlphaTango de l’aviation civile. Une formalité en théorie, une vraie contrainte en réalité. En effet, comme tout drone, le Pixy est interdit dans de nombreux endroits. À vrai dire, il est quasiment illégal dans tout l’espace public des grandes villes. Snap le précise d’ailleurs dans la boîte du produit avec une notice rappelant son interdiction.

La carte des interdictions des drones en France. // Source : Geo Portail
La carte des interdictions des drones en France. // Source : Geo Portail

Vous le constaterez dans notre vidéo, nous n’avons pas vraiment respecté la loi pour ce test. D’autres seront tentés de faire pareil, mais c’est formellement interdit. Si on souhaite respecter la législation en vigueur (ce que vous devez faire !), alors le Pixy n’est utilisable que dans un jardin privé ou dans certaines forêts. D’un seul coup, ses 250 euros semblent bien moins raisonnables. Nous vous encourageons, bien sûr, à respecter la loi.

Conclusion : un jouet plutôt qu’un drone ?

Au fond, nous aimons le Snap Pixy. Le produit est mignon, renvoie vraiment un sentiment cool, fonctionne plutôt bien et fait des vidéos amusantes (quand il ne se fracasse pas contre un mur). C’est typiquement un produit que nous aurions envie d’acheter après avoir rendu notre exemplaire de test, d’autant plus que ses 250 euros ne nous semblent pas injustifiés au vu de l’absence de concurrence sur le segment des bébés drones.

Le Pixy et sa boîte officielle. // Source : Louise Audry pour Numerama
Le Pixy et sa boîte officielle. // Source : Louise Audry pour Numerama

Cependant, plusieurs éléments nous laissent dubitatifs. D’abord la loi, qui force à frauder dès que l’on veut s’amuser avec son Pixy, mais aussi ses limitations techniques qui le rendent difficilement utilisable dès qu’il y a du vent ou que les murs sont trop proches. La réalité est que nous avons beaucoup apprécié le Pixy, mais que nous ne sommes pas sûrs de ne pas rapidement nous lasser. On espère tout de même que Snap lancera une seconde génération encore mieux équipée, car ce concept mérite d’être poussé encore plus loin !

Le verdict

Drone Snap Pixy // Source : Louise Audry pour Numerama
7/10

Snap Pixy

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Sur le papier, l’idée de Snapchat est géniale. Le Pixy est un drone très amusant qui réalise des vidéos vraiment cool. Cependant, il s’agit aussi d’un objet très frustrant. À cause de son mini-format, il est beaucoup trop léger pour résister au vent et, la présence de seulement deux caméras, l’empêche de capter assez d’informations pour ne pas heurter tous les murs qu’il croise. S’ajoute à ça la règlementation française qui, légalement, interdit le Pixy dans la plupart des endroits. C’est un gadget vraiment fantastique, mais pas un incontournable sur le point de révolutionner la photographie.

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