La Coupe arabe de football sera le théâtre d’un test à grande échelle pour déterminer l’apport que peut avoir l’intelligence artificielle dans la détection du hors-jeu.

La rumeur bruissait déjà depuis quelque temps. C’est désormais officiel : la FIFA va profiter de la Coupe arabe de football, qui se tient du 30 novembre et le 16 décembre 2021 au Qatar, pour tester en conditions réelles une nouvelle technologie pour détecter les situations de hors-jeu. Si les essais sont probants, le dispositif devrait vraisemblablement revenir pour la Coupe du monde, fin 2022.

Le hors-jeu est l’une des règles les plus connues du football. Résumée à grands traits, il s’agit d’une situation qui survient lorsque l’attaquant d’une équipe se trouve derrière le dernier défenseur adverse, au moment où on lui envoie le ballon. Il est hors heu quand une partie de son corps (que ce soit la tête, le tronc ou les jambes) dépasse le corps du dernier adversaire (hors gardien), sur sa moitié de terrain.

stade football

L’un des stades de football au Qatar qui accueille des matchs de la Coupe arabe en 2021. // Source : Palácio do Planalto

Le suivi des cas de hors-jeu est depuis longtemps confié à des arbitres de touche, qui assistent l’arbitre central. Il y en a un de chaque côté du terrain. Si la faute est repérée, l’arbitre en charge de sa moitié de terrain lève un drapeau. Son intervention n’est pas toujours acceptée par les équipes : il n’est pas rare de voir quelques réclamations fuser sur le bord du terrain, avant que la partie ne reprenne.

Les protestations autour du hors-jeu ne sont pas étonnantes, compte tenu des enjeux sportifs et de la difficulté qu’il peut y avoir à marquer. En effet, ces situations surviennent la plupart du temps dans une phase d’attaque qui peut finir sur une situation de but, et donc potentiellement de victoire — il peut même y avoir des buts refusés parce que l’arbitre de touche a levé son drapeau un peu avant.

Des caméras pour analyser les joueurs sous toutes les coutures

Le mécanisme imaginé par la FIFA repose sur une série de caméras positionnées sous le toit de chaque stade. Elles filmeront l’action et les données d’un possible cas de hors-jeu seront envoyées au responsable de la rediffusion en temps réel. Ces données incluront la ligne de hors jeu (une ligne imaginaire, perpendiculaire aux bords du terrain et passant par le dernier défenseur) et le point d’impact entre le ballon et l’attaquant. C’est ce contact, par rapport au dernier défenseur, qui est le critère d’évaluation.

Cette nouvelle technologie n’a pas vocation à se substituer aux arbitres (même si, à terme, elle pourrait menacer l’existence des arbitres de touche), en décidant seule de ce qu’il faut faire. Il s’agit de fournir des éléments pour les aider à trancher sur tel ou tel fait de jeu. Elle s’inscrit dans une tendance faisant de la technologie une béquille à l’arbitrage, à l’image de la Goal Line Technologie et de l’assistance vidéo (VAR).

Source : John Garghan

Un arbitre de touche qui regarde la position de chaque joueur afin de prévenir s’il y a un hors-jeu. // Source : John Garghan

Selon la BBC, chaque stade est équipé entre 10 et 12 caméras qui collectent ensemble jusqu’à 29 points de chaque joueur cinquante fois par seconde. Ce nuage de points, qui aboutit à un squelette numérique de chaque sportif sur le terrain, permet ensuite de procéder à des calculs pour déterminer si telle ou telle partie du corps de l’attaquant est plus en avant que le dernier défenseur, au moment où le ballon lui arrive dans les pieds, toujours par rapport à cette ligne imaginaire.

« La VAR a eu un impact très positif sur le football et le nombre d’erreurs majeures a diminué, mais il y a des domaines où elle peut être améliorée – et le hors-jeu est l’un d’entre eux » selon Pierluigi Collina, ex-arbitre international, aujourd’hui responsable de l’arbitrage à la FIFA, cité par la BBC. « Nous sommes conscients que le processus de vérification du hors-jeu peut prendre plus de temps, en particulier lorsque la situation est très serrée. Nous sommes également conscients que le positionnement des lignes peut ne pas être précis à 100 %. »

Si des tests ont déjà eu lieu à petite échelle dans certains pays européens, la technologie dite de hors-jeu semi-automatique va vraiment être mise à l’épreuve lors d’un tournoi international qui rassemble seize nations venant du Maghreb et de la péninsule arabique. En  cas de succès, cette assistance par algorithmes devrait progressivement se diffuser dans les autres championnats.

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