Et si on laissait des ordinateurs décider ce qu’il serait mieux pour les ordinateurs ? C’est l’idée qu’a eue Google en demandant à une IA de concevoir elle-même des microprocesseurs. Et le résultat est bluffant.

Dans un récent article publié dans la revue Nature, des ingénieurs de Google affirment avoir créé une IA capable de surpasser tous les meilleurs ingénieurs aux mondes dans la construction de microprocesseurs. Un petit exploit qui pourrait avoir d’importantes conséquences dans le monde de la technologie.

« Notre méthode génère des designs de puces en moins de 6 heures, là où l’organisation humaine la plus solide nécessite des mois d’efforts intenses », annonce d’emblée l’étude de Google. En entrainant un réseau de neurones avec 10 000 modèles de puces déjà sorties, le géant de la recherche a pu drastiquement réduire le temps nécessaire à l’élaboration technique de ce composant.

« Co-conception de l’IA et du matériel »

Les puces présentes dans nos smartphones sont de petits miracles d’architecture, qui demandent de trouver un équilibre constant entre puissance, complexité, taille, chauffe, consommation d’énergie et bien d’autres facteurs. Bref, c’est un travail minutieux et complexe, qui avait jusque-là toujours échappé aux machines. Les ingénieurs derrière les puces utilisaient évidemment des logiciels pour dessiner leurs puces, mais une machine seule n’avait jamais produit de plans techniques valables. Jusqu’à maintenant.

Il y a toujours du retard

Pour bien saisir pourquoi cette annonce à du potentiel, il faut comprendre comment sont construit nos appareils technologiques d’aujourd’hui. Chaque téléphone, chaque tablette et chaque ordinateur embarquent des microprocesseurs imaginés des années avant leurs sorties. La conception de puce par des humains étant particulièrement longue, comme on a pu le voir, nos nouveaux gadgets sont toujours un peu en retard par rapport à ce qui se fait de mieux en laboratoire au moment de leurs sorties.

Source : Qualcomm

Un bête processeur, c’est déjà des milliers de semi-conducteurs sur une taille minuscule // Source : Qualcomm

L’IA de Google pourrait donc considérablement réduire le temps entre la conception d’une puce et sa mise sur le marché. « L’automatisation et l’accélération du processus de conception des puces peuvent également permettre la co-conception de l’IA et du matériel », précise l’article de Nature. En clair, plutôt que de sortir un iPhone embarquant une puce imaginée il y a deux ans, Apple pourrait sortir un téléphone avec un composant embarquant les technologies d’il y a quelques mois. De quoi faire marcher progrès logiciel et matériel un peu plus main dans la main et accélérer sensiblement l’innovation.

Pour prouver que cette affaire est du sérieux, Google explique même avoir déjà utilisé son I.A pour concevoir certaines puces présentes dans ses centres de données.

Gérer même la distribution de vaccin ?

Mieux encore, l’IA de Google pourrait permettre de tester dizaines de puces en parallèle avant même qu’elles n’arrivent dans un téléphone. Ce loisir n’était pas envisageable jusque-là, puisque l’élaboration technique d’une seule puce prenait déjà des mois. Et pour ne rien gâcher, l’IA continuera d’apprendre au fur et à mesure quels sont les meilleurs choix à faire afin de produire des résultats qui s’améliorent constamment. Cet apprentissage constant « permettra aux concepteurs de puces d’être assistés par des IA ayant plus d’expérience qu’aucun humain ne pourra jamais acquérir » explique Google.

Google va même jusqu’à suggérer que son IA serait capable d’améliorer « la planification urbaine ainsi que le test et la distribution des vaccins ». Des problématiques qui mêlent également ressources limitées, optimisation du flux et contraintes de place. Un peu comme la production d’une puce, estiment les ingénieurs de chez Google.

Dans son édito à ce sujet, Nature conclut en évoquant un point pas vraiment abordé dans la publication de Google : celui de l’emploi. « Il est important de prendre en compte les conséquences plus larges de cette automatisation notamment le besoin d’offrir des possibilités de montée en compétences pour celles et ceux qui font actuellement ce travail à la main », explique le journal. Ah oui, on aurait presque oublié.


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