YouTube prépare un changement dans sa classification des vidéos en fonction de l’âge. Il va se servir de nouveaux algorithmes pour les vérifier automatiquement. Par ailleurs, pour s’assurer que les internautes ont l’âge requis pour voir les contenus interdits aux moins de 18 ans, le site demandera parfois une carte d’identité.

Dans les prochains mois, YouTube pourrait vous demander une copie de votre carte d’identité ou bien de lui transmettre les informations d’une carte bancaire en cours de validité afin de s’assurer que vous avez bien 18 ans pour voir telle ou telle vidéo soumise à une limite d’âge. Telle est l’annonce que la filiale de Google vient de faire ce mardi 22 septembre, dans un billet de blog.

Cette évolution, explique la firme de Mountain View, est requise pour des raisons légales, notamment au niveau européen.

Le géant du net fait référence ici à la directive SMA (« Services de médias audiovisuels »), qui doit s‘appliquer aux plateformes de partage de vidéos, comme YouTube, Twitch ou encore TikTok. En somme, tous les services dont « la fourniture de programmes et de vidéos créées par l’utilisateur en constitue une fonctionnalité essentielle » tombent sous le coup de ce texte, en gestation depuis 2016.

La directive SMA vise, explique la Commission européenne, à « protéger le public contre les contenus illicites et préjudiciables ». Or sur un site tel que YouTube, il existe des contenus légaux, mais qui ne sont pas appropriés pour un jeune public, parce qu’ils montrent de la violence, de la nudité, des images dérangeantes, des activités dangereuses ou encore des contenus sexuellement suggestifs.

YouTube 18 ans

Source : YouTube

En principe, ces contenus doivent être soumis à une limite d’âge, c’est-à-dire qu’il faut avoir au moins 18 ans pour les regarder. Son activation est soit le fait du vidéaste, qui sait que ce qu’il va montrer n’est pas adapté pour des mineurs, soit par l’équipe Trust & Safety de YouTube, quand elle est alertée. Celle-ci effectue alors une vérification et peut décider de restreindre ou non l’accès au contenu.

Compte tenu des obligations réglementaires qui émergent en Europe, mais aussi du très important volume de vidéos qui sont envoyées sur YouTube, l’entreprise a décidé de faire appel à l’aide des algorithmes. L’idée ? Pouvoir appliquer automatiquement la limite d’âge aux vidéos dont les images ne laissent pas de place au doute. Et en cas d’erreur, YouTube autorisera un appel pour une vérification humaine.

Le fait est que cette limite d’âge pouvait être esquivée en trichant d’une façon ou d’une autre, même si Google avait mis en place des barrières pour limiter les contournements : il faut en effet se connecter à YouTube et que les informations du compte Google soient cohérentes avec une personne d’au moins 18 ans. Sinon, un avertissement s’affiche et l’internaute est redirigé vers des vidéos de son âge.

Davantage de vidéos seront interdites aux moins de 18 ans

Or, c’est là que Google entend resserrer la vis : « Si nos systèmes ne sont pas en mesure de confirmer qu’un utilisateur a plus de 18 ans, nous lui demanderons de nous envoyer une copie d’une pièce d’identité ou les informations d’une carte de crédit en cours de validité pour confirmer son âge », prévient Google, qui assure dans la foulée que les informations utilisées à cette fin ne seront pas détournées.

« Cela nous permettra de garantir que seule une audience appropriée pourra regarder la vidéo, quelle que soit la plate-forme sur laquelle les spectateurs la découvriront », ajoute le géant du net. En effet, pour des raisons de « cohérence », toutes les vidéos soumises à une limite d’âge et qui sont incluses sur d’autres sites redirigeront sur YouTube, pour vérifier que l’internaute est bien majeur.

Google ne donne pas de calendrier précis sur ce changement de fonctionnement. Il est question d’une évolution « au cours des prochains mois ». Par contre, l’entreprise admet que l’usage d’algorithmes de classement va faire que « davantage de vidéos seront soumises à une limite d’âge ». Cependant, l’entreprise veut rassurer aussi bien les créateurs que les spectateurs.

Pour les créateurs, cela « devrait avoir peu ou pas d’impact sur [leurs] revenus », car en général les vidéos soumises à une limite d’âge ne sont pas monétisables, ou difficilement. Quant aux spectateurs européens, cette demande de document ne sera pas systématique : cela ne concernera a priori que les cas où Google ne peut pas déterminer l’âge par un autre biais.


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