Dans une vidéo passée en mode privé à la suite d’une levée de boucliers, Jojol expliquait avoir réussi à acheter un iPhone XS à 429 euros seulement. Un système qui n’est pas sans rappeler les arnaques à la pyramide de Ponzi.

Depuis lundi 8 octobre, Jojol, un YouTubeur tech français, reçoit sur Twitter de nombreuses critiques. En cause : une vidéo publiée sur sa chaîne, intitulée « Acheter un iPhone XS à 429€ Neuf c’est possible ! ». Il l’a depuis mise hors ligne.

Il y faisait, sans vraiment le savoir, la promotion à ses 1,4 millions d’abonnés d’un système pyramidal ou système de Ponzi, connu pour être un genre d’arnaque très populaire. Avec une telle audience, sa responsabilité pose question.

Sur Jupry, « on fait des sacrés économies »

Sur le site, des iPhone au tiers de leur prix d'origine. // Source : Capture d'écran / Jupry

Sur le site, des iPhone au tiers de leur prix d'origine.

Source : Capture d'écran / Jupry

Dans sa vidéo, Jojol, de son vrai nom Johan Lelièvre, explique que « pas mal de personnes » l’ont contacté pour avoir son avis sur un site appelé Jupry. Sur ce site, on trouve des smartphones, des ordinateurs, des consoles de jeux vidéo, des drones et autres objets tech. Ils sont proposés moins chers, à environ un tiers du prix d’origine en moyenne.

« On fait des sacrés économies », se réjouit Jojol. Il poursuit en expliquant avoir testé « comme un client lambda » le site, en achetant un iPhone XS à moins de 500 euros. En déballant le produit reçu après une semaine, il explique : « C’est chaud hein, c’est vraiment un iPhone XS (…) je me suis pas du tout fait avoir, c’est dingue ».

Le problème, c’est que cet iPhone pas cher a un prix : celui de l’illégalité. Outre le fait qu’il soit livré sans garantie (ce qui compliquera toute réparation éventuelle chez Apple, voire la rendra impossible), il faut, pour pouvoir l’acquérir au tiers de son coût, convaincre d’autres amis de l’acheter eux aussi.

Derrière le site, un système pyramidal illégal ?

Concrètement, le client doit d’abord « réserver » un produit, grâce à un virement bancaire. Ensuite, il doit convaincre soit des amis, soit des membres de sa famille, soit des inconnus membres d’un groupe Facebook dédié aux acheteurs Jupry d’eux aussi réserver le produit, en utilisant le code qu’il leur aura donné. Le prix final dépend du nombre de personnes (jusqu’à trois) que le client aura réussi à convaincre.

Plus des amis se laissent tenter, moins le produit est cher. // Source : Capture d'écran / Jupry

Plus des amis se laissent tenter, moins le produit est cher.

Source : Capture d'écran / Jupry

Cela correspond à un système pyramidal (c’est d’ailleurs la forme qui se dessine sur l’image ci-dessus), qui désigne un mode de parrainage où chaque personne désirant acheter ou vendre un produit doit trouver des « filleuls » qui vendront ou achèteront à leur tour un produit similaire, moyennant un profit (ici, une réduction importante de près de 1000 euros).

Ce très court extrait de la série The Office montre bien, non sans humour, de quoi il s’agit.

L’article L121-15 du code de la consommation français indique que « la vente pratiquée par le procédé dit “de la boule de neige” ou tous autres procédés analogues consistant en particulier à offrir des marchandises au public en lui faisant espérer l’obtention de ces marchandises à titre gratuit ou contre remise d’une somme inférieure à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers » est interdite.

Interrogé par Numerama, Jojol raconte qu’il craignait au départ que Jupry soit un système pyramidal, mais que des personnes qui étaient des clients du site « depuis plusieurs mois » avaient réussi à le convaincre que cela n’en était pas un – le site d’ailleurs, s’en défend lui aussi, comme bien d’autres utilisant des systèmes pyramidaux.

Ce n’est qu’en voyant les premiers messages d’alerte sur Twitter et dans les commentaires YouTube qu’il a commencé à douter, et a décidé de mettre sa vidéo en privé. Il nous indique qu’il prendra contact avec des experts et associations pour éclaircir la situation, et qu’il consacrera une vidéo pédagogique au sujet, en fonction des réponses obtenues.

Des messages de méfiance qui ne découragent pas les abonnés

Quant aux avis négatifs sur le site que l’on trouve sur Internet, il dit également ne les avoir découvert qu’après coup. « Il faut savoir que dans ma vidéo, j’ai intégré des messages de méfiance, explique-t-il. Pour moi ces sites c’est comme lorsqu’on mise sur des paris, parfois ça marche, parfois pas.»

Dans la vidéo (que nous avions sauvegardée avant sa disparition), Jojol indique bien que si l’on ne trouve pas d’amis qui entrent notre code, « dans la logique, Jupry a le droit de garder votre argent tant que le code n’est pas utilisé ». Il indique aussi : « Je vous conseille de mettre de l’argent que vous êtes prêts à perdre, on ne sait jamais ».

Mais ces mises en garde, si elles sont indéniables, contrastent avec d’autres parties de la vidéo où Jojol décrit l’idée du site comme « vraiment trèèès ingénieuse », puis assure aux « personnes qui pensaient que Jupry c’était que l’arnaque » que son expérience est bien « la preuve que non. »

Des abonnés semblent avoir entendu ces phrases plutôt que celles sur les dangers du site. Sous la vidéo, les commentaires étaient plutôt très enthousiastes, et le site de Jupry, saturé par l’afflux d’internautes, est même resté hors service quelques temps.

Sur les réseaux sociaux, d’autres promeuvent des systèmes de Ponzi

Jojol est loin d’être le seul vidéaste ou influenceur à avoir promu de tels systèmes. Si dans son cas, cela semble avoir été une erreur involontaire, ce n’est pas toujours le cas, comme expliquait le journaliste Vincent Manilève dans une vidéo publiée sur sa chaîne début septembre.

Récemment, l’animatrice et chroniqueuse Enora Malagré avait également vanté les mérites d’un tel système avec un site de vente de parfums douteux, dans ses stories Instagram, révélait Voici.


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