Paris est une capitale asphyxiée par ses transports. L’air est nauséabond, les pics de pollution se multiplient, le bruit sourd des scooters et motos à moteurs thermiques fait monter les décibels à toute heure et les embouteillages sont devenus quasi-permanents. Alors quand on est majoritairement piéton, on se plaît à rêver d’une interdiction totale et immédiate de tous les véhicules thermiques. Dans ce futur utopique, la mobilité à essence aurait été remplacée par de la mobilité électrique : polyvalente de la roue au camion en passant par la voiture, le scooter et le vélo, silencieuse et non polluante.
Problème : le marché est encore balbutiant sur ce secteur et si nous saluons des initiatives comme Cityscoot ou Coup, difficile de trouver des transports personnels électriques de qualité — notamment sur deux roues. Les scooters Niu nous avaient intrigués, mais leur absence de finition et leurs mauvais réglages, notamment à l’accélération, nous empêchaient de vous les recommander en l’état.
Trois lettres : voilà peut-être la seule chose qui rapproche la marque allemande Unu de son concurrent chinois. Car les scooters que nous avons pu essayer pendant une semaine nous ont clairement permis d’entrevoir l’avenir, sans compromis.
Design et finitions
Contrairement à Niu qui avait fait le pari — raté par bien des points — d’une pseudo-modernité, Unu choisit d’aller à fond (ok à 45 km/h) sur le boulevard du rétro. Le design des scooters de la marque est clairement inspiré des bonnes vieilles Vespa et rien ne vient crier gadget électrique au premier regard. Au contraire, le gros compteur central n’est pas un écran LCD, pas plus que l’indicateur de charge de batterie et tout semble avoir été réduit au plus simple : carrosserie, moteur, batterie, coffre et c’est parti.
Cette sobriété n’a pas empêché Unu de proposer un look élégant à l’engin. Certes, nous sommes sur des alliages de plastique sur l’intégralité de l’engin, mais il s’agit d’un beau plastique. Mat et très doux au toucher, le matériau fait bien illusion. À moins de s’approcher assez près du véhicule pour l’inspecter, on jurerait qu’il s’agit d’un métal peint. Les finitions sont ajustées et précises, aucun bout ne dépasse et on sent que les designers n’ont pas hésité à proposer un cahier des charges précis aux industriels.
Ces choix permettent d’avoir un scooter électrique de 70 kilos avec sa batterie de 28,5 Ah hyper léger et mobile. On notera simplement ses rétroviseurs plutôt difficiles à ajuster et qui dépassent un poil, nous obligeant à maîtriser leur envergure pour ne pas toucher. Mais c’est un détail qui a du charme et qui donne à l’ensemble son look qu’on ne voudrait pas changer. D’ailleurs, en parlant de look, le constructeur qui ne vend que par Internet et vous livre directement chez vous propose un configurateur simple et efficace pour personnaliser votre scooter, du rouge pimpant au bleu électrique. Même la selle peut être choisie en trois coloris.
La batterie se trouve sous la selle. Vous la rangez dans un compartiment prévu pour et vous la branchez à un câble pas toujours facile à enclencher — des efforts pourraient être faits sur ce point. Si le scooter s’arrête subitement, c’est probablement à cause d’un câble mal enclenché qui s’est détaché. La batterie se charge en 5 heures et peut être rechargée à 70 % en 2h, sur le même principe que celle des smartphones. Elle garantit une autonomie d’environ 50 km NEDC, donc à peu près 35 km en pratique. Pas d’application compagnon, pas de fonctionnalités numériques idiotes : Unu va a l’essentiel et ce n’est pas pour nous déplaire.
Sur la route
Un scooter électrique mal calibré peut être un enfer. En effet, la puissance étant mise à disposition presque instantanément, vous pouvez vous retrouver avec un engin qui part au quart de tour à la moindre torsion de l’accélérateur, vous laissant dans l’incapacité de laisser un filet de gaz ou tout simplement, de rouler doucement. C’est principalement ce qui nous avait déplu chez Niu : l’argument du confort de conduite de l’électrique sur une Tesla se retournait tout à fait contre le petit scooter qui devenait impossible à maîtriser.
Unu ne fait pas cette erreur et la gestion de l’accélération est même, au contraire, particulièrement agréable. Nous avons testé le modèle Standard capable d’aller de 0 à 45 km/h en 14 secondes et il faut reconnaître que, pour la ville, le calibrage de l’engin est idéal. Si vous mettez les gaz à fond, vous partirez à toute berzingue, laissant derrière vous la plupart des deux roues (qui finiront par vous rattraper au prochain feu rouge). En revanche, cette puissance est très modulable et vous pourrez rouler tout doucement au pas pour aller vous garer ou remonter une voie pour préserver vos poumons des ignobles moteurs de vos concitoyens.
Dans toutes les situations, qu’il y ait un embouteillage monstre ou une ligne droite vide, le Unu sait s’adapter. La maniabilité de l’engin en fait un modèle particulièrement idéal pour les débutants qui ne seront pas déboussolés par un modèle trop lourd ou trop glissant. En quelques minutes, on se sent à l’aise. En quelques heures, on maîtrise tout à fait la conduite.
Dans toutes les situations, qu’il y ait un embouteillage monstre ou une ligne droite vide, le Unu sait s’adapter
Bien entendu, le scooter Unu n’est pas encore parfait. En roulant, on lui trouve deux défauts. Le premier vient encore des rétroviseurs qui, fixés à un socle probablement trop rigide, prennent beaucoup trop les vibrations. C’est assez simple : si vous roulez sur des pavés, vous ne verrez rien à ce qui se passe derrière vous. De même, à 35 km/h sur du goudron, les vibrations floutent suffisamment la vue pour vous gêner. Quelqu’un de bricoleur trouvera sans nul doute un moyen d’ajuster ce détail et Unu est conscient du défaut — il sera probablement corrigé sur les prochaines versions du scooter. Le deuxième souci est pratique : comme souvent le « vide poche » à l’avant a été pensé pour des smartphones de 2004. Un iPhone 8 Plus sort beaucoup trop du compartiment pour nous mettre à l’aise — on a toujours peur qu’il bascule.
Quand on descend du scooter, trois sécurités peuvent être mises en place : en plus du U ou de la chaîne et du blocage du volant sur la gauche, prendre la batterie chez vous vous assurera une immobilisation parfaite du véhicule. C’est d’ailleurs recommandé et extrêmement pratique : comme il n’y a qu’un compartiment pour le coffre et la batterie, vous aurez tôt fait de prendre l’habitude de sortir la batterie en rentrant chez vous pour la charger sur une prise secteur. Combien coûte une recharge complète ? 20 centimes, à peu près, ce qui fait 40 centimes d’euros pour 100 km NEDC.
Unu est prévu et agréé pour deux personnes jusqu’à 150 kg : nous avons testé de rouler à deux sur un modèle Standard et s’il a mis un peu plus de temps à atteindre sa vitesse de croisière, il n’a pas perdu en polyvalence et en mobilité. Pour les communes vallonnées, le modèle Premium est peut-être plus indiqué, capable de monter des pentes jusqu’à 24 % d’inclinaison (contre 17 % pour le modèle Basic et 20 % pour le modèle Standard que nous testions).
Oh, et on vous a dit que c’était parfaitement silencieux ?
Unu est disponible à partir de 1 999 € et peut être essayé dans une dizaine de villes françaises.
Le verdict
Scooter électrique Unu
On a aimé
- Très agréable à conduire
- Design léché
- Prix correct
On a moins aimé
- Rétroviseurs qui tremblent
- Vide-poche peu profond
- Très typé urbain, pas pour la route
Craquer pour un scooter électrique en ville a des tas d'avantages théoriques : économe, silencieux, agréable à conduire, non polluant, rapide... Grosso modo, en pratique, le scooter Unu les cumule tous.
Ce premier modèle pour la firme allemande est une véritable réussite qui augure du meilleur pour les prochaines itérations. Le tout, sans faire de concession sur le design. On en redemande.
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