À la tête du groupe Fair (Fundamental AI Research Lab) chez Meta depuis 2013, Yann Le Cun s’apprête à prendre son indépendance. Selon le Financial Times, le chercheur français en intelligence artificielle, lauréat du prix Turing en 2018, a annoncé à ses collaborateurs qu’il comptait créer sa propre startup. Yann Le Cun ne dirigera plus la division intelligence artificielle de Meta en 2026, alors que son rôle semblait remis en question ces derniers mois, depuis que Mark Zuckerberg veut faire de la maison mère de Facebook un géant de l’IA générative.
Très respecté dans son domaine, Yann Le Cun s’est souvent dissocié du reste de l’industrie par son approche techno-réaliste. En avril 2024, lors d’une rencontre avec des médias français dont Numerama, il expliquait par exemple qu’il fallait se méfier de la hype autour des modèles regressifs comme GPT (OpenAI) ou Gemini (Google). Yann Le Cun critiquait une approche parfaite pour accompagner les humains, mais incapable de raisonner, de planifier ou d’auto-apprendre (Yann Le Cun s’oppose notamment à l’intelligence artificielle générale). Un discours à contre-sens avec celui de Mark Zuckerberg, qui parle de l’IA comme du futur de l’humanité. À noter que son discours précédait le lancement de modèles dits « de raisonnement » comme OpenAI-o3, capable de simuler une pensée humaine.
Yann Le Cun est respecté par toute l’industrie, mais avait perdu en influence chez Meta
En retard sur OpenAI, Google ou Anthropic, Meta accélère ces derniers mois en recrutant les meilleurs chercheurs de la Silicon Valley.
La méthode de Mark Zuckerberg : signer des bonus d’embauche à 7 chiffres, pour dérober à OpenAI, Google ou Apple leurs meilleurs talents. Cette nouvelle équipe, appelée « Superintelligence », est une concurrente directe du groupe « Fair » de Yann Le Cun. Son leader, Alexandr Wang, est un petit génie de 28 ans qui a inventé l’entreprise Scale AI. Meta compose une équipe all stars avec les jeunes talents les plus prometteurs de la Silicon Valley, pour frapper un grand coup avec des produits innovants.

Face à la concurrence du groupe Superintelligence, beaucoup se demandent depuis des mois ce qu’il va arriver à Yann Le Cun et au groupe Fair.
Yann Le Cun, pourtant le chercheur le plus expérimenté de Meta en intelligence artificielle, n’a pas été rattaché à la direction de la nouvelle équipe. L’équipe Fair, qui supervise toujours la recherche fondamentale, est même sous l’ombrelle de Superintelligence, qui supervise toutes les divisions de Meta en charge de l’IA. Leurs objectifs sont pourtant différents : la nouvelle équipe est à la recherche d’IA surpassant l’humain dans tous les domaines cognitifs, quelque chose que Yann Le Cun ne pense pas possible. Sans surprise, la création de Superintelligence a provoqué de nombreux départs et licenciements dans l’équipe historique, dont celui de Joelle Pineau, la vice-présidente canadienne en charge de la recherche en IA.
Yann Le Cun veut fabriquer des modèles capables de comprendre le monde
Convaincu que les LLM ne sont pas le futur de l’IA, Yann Le Cun souhaiterait désormais travailler sur des modèles physiques susceptibles de comprendre le monde. Le chercheur français travaillait déjà sur cette technologie chez Fair, mais Meta n’en faisait pas une priorité. Avec sa propre startup, il souhaiterait concevoir des modèles compatibles avec la robotique de demain, en leur apprenant à répliquer nos comportements.
Le 12 novembre, quelques heures après l’article du Financial Times, Yann Le Cun n’avait toujours pas confirmé son départ. Il est probable que l’officialisation se fasse un peu plus tard, en attendant que le génie français dévoile dans son nouveau projet.
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