Le débat autour d’une conscience potentielle qui finirait par émerger dans un système d’intelligence artificielle a repris de la vigueur avec les récents développements du secteur. Mais pour le patron de l’IA chez Microsoft, c’est une question mal posée. Il assure qu’il y a une limite fondamentale qui empêchera l’IA d’être consciente.

C’était en 2022. Un ancien ingénieur de chez Google s’était fait remarquer en soutenant que l’un des systèmes d’intelligence artificielle de son employeur, LaMDA, avait suffisamment progressé pour venir une vraie IA dotée d’une « conscience ». Finalement licencié par Google, il a été contredit par ses pairs et les spécialistes en IA, jugeant qu’il faisait fausse route.

Trois ans plus tard, le fait est que le domaine de l’IA a progressé significativement. Le champ lexical pour décrire le comportement de certains systèmes aussi. On parle d’IA faisant preuve de « ludicité » ou mobilisant un raisonnement similaire à celui d’un humain. Est-ce à dire que les IA sont bien sur le chemin de la conscience ?

Pour Mustafa Suleyman, certainement pas, et l’intéressé connait bien son sujet. Il est l’un des fondateurs de DeepMind, une société experte en IA qui a été fondée en 2010 et rachetée par Google quatre ans plus tard. DeepMind s’était fait connaitre avec un système d’IA expert en jeu de go (AlphaGo) qui avait mis une raclée à tous les champions humains.

Mustafa Suleyman
Mustafa Suleyman // Source : Christopher Wilson

Après DeepMind, Mustafa Suleyman a travaillé directement chez Google avant de monter en 2022 sa propre société, Inflection AI. Et depuis 2024, il travaille chez Microsoft au sein de la division Microsoft AI en tant que vice-président exécutif. Son rôle ? Développer le chatbot Copilot et diriger les produits et la recherche en IA à destination du public.

Comme le rapporte CNBC le 2 novembre 2025, la position de Mustafa Suleyman — qui s’est exprimé dans le cadre d’une série de conférences sur l’IA — sur le sujet de la conscience est claire : celle-ci ne peut venir que d’êtres biologiques, comme les humains, et les développeurs et les chercheurs travaillant dans le domaine de l’IA devraient arrêter de suggérer le contraire.

L’expérience de la douleur, séparation fondamentale entre le vivant et l’artificiel

Pour distinguer fondamentalement la véritable conscience d’une simulation d’une expérience consciente, le patron de Microsoft AI a déclaré que « notre expérience physique de la douleur est quelque chose qui nous rend très tristes et nous fait nous sentir très mal, mais l’IA ne ressent pas de tristesse lorsqu’elle éprouve de la ‘douleur’ ».

« C’est une distinction très, très importante. Il s’agit en réalité simplement de créer la perception, le récit apparent de l’expérience, de soi-même et de la conscience, mais ce n’est pas ce que l’on vit réellement. Techniquement, vous le savez, car nous pouvons voir ce que fait le modèle », a-t-il ajouté. Ce n’est qu’illusion et apparence, en somme.

En plus des douleurs que provoque la maladie, la mauvaise reconnaissance de celle-ci est un poids supplémentaire pour les femmes qui en sont atteintes. // Source : Pixabay
L’expérience de la douleur est une séparation fondamentale entre le vivant et l’artificiel, juge Mustafa Suleyman. // Source : Pixabay

C’est là, juge-t-il, toute la différence entre l’IA et l’être vivant : la capacité à souffrir. « Si nous accordons des droits aux êtres humains aujourd’hui, c’est parce que nous ne voulons pas leur faire de mal, car ils souffrent. Ils ont un système de la douleur et des préférences qui les poussent à l’éviter », a-t-il ajouté. « Ces modèles [d’IA] n’ont pas cela. Ce n’est qu’une simulation. »

L’impossibilité pour une intelligence artificielle de vraiment ressentir la douleur est une frontière que Mustafa Suleyman juge par ailleurs infranchissable, y compris dans le futur. En clair, l’impossibilité d’une conscience artificielle place les chercheurs et les experts travaillant dans cette direction dans une impasse.

« [Ces systèmes] ne sont pas conscients. Il serait donc absurde de mener des recherches dessus, car ils ne le sont pas et ne peuvent pas l’être. » Le piège, résume Mustafa Suleyman, est de poser une mauvaise question sur la conscience de l’IA. Du coup, cela ne peut amener que vers des mauvaises réponses. Et l’intéressé est clair : « Je pense que c’est une question totalement inappropriée. »

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