YouTube semble jouer aux équilibristes.
Alors que le groupe Google, sa maison mère, contribue au développement de solutions de vidéos générées par IA avec Veo, la plateforme de partage de vidéos s’efforce de rassurer ses créateurs, confrontés à la prolifération de concurrents automatisés toujours plus crédibles.
Dans une vidéo postée le 21 octobre 2025 sur « Creator Insider », la chaîne officielle tenue par les équipes techniques de YouTube, l’entreprise américaine dévoile « Détection de ressemblance », un outil qui permet aux créateurs de contenu de détecter et signaler les vidéos générant des deepfakes de leurs visages pour attirer des spectateurs.
Il s’agit, selon YouTube, d’un moyen pour les créateurs de « protéger leur identité et faire en sorte que leur public ne soit pas induit en erreur ».
Comment utiliser « Détection de ressemblance » sur YouTube ?
Toujours en version bêta après une phase de test auprès d’un petit groupe de créateurs, la solution de détection devrait progressivement devenir accessible à tous les utilisateurs via YouTube Studio.
Concrètement, il faudra se rendre dans l’onglet Détection de contenu et lancer « un processus d’intégration ». Le créateur sera alors invité à vérifier son identité : cela implique de soumettre une pièce d’identité et une vidéo selfie afin que la plateforme puisse scanner son visage.
Le média américain ARS Technica s’interroge d’ailleurs sur la pertinence d’une telle procédure, puisque, par essence, les vidéos déjà publiées devraient suffire à identifier le créateur.
Une fois l’inscription terminée, YouTube dressera la liste des vidéos d’autres chaînes qui semblent montrer le visage de l’utilisateur, en les classant selon l’importance du nombre de vues générées.
L’algorithme de YouTube ne peut pas distinguer avec certitude une vidéo générée par IA d’une vidéo classique. En conséquence, certains résultats de correspondance faciale pourraient être des faux positifs hérités de chaînes n’ayant pas eu recours à l’IA, mais utilisant simplement un court extrait d’une vidéo existante.
Résoudre ou déléguer le problème ?
Si les créateurs détectent une imitation alimentée par IA, ils pourront soumettre un signalement. Encore faut-il qu’ils obtiennent gain de cause, l’outil n’assurant pas la suppression automatique du contenu.
YouTube a publié une liste des facteurs pris en compte par ses évaluateurs pour approuver ou rejeter une demande de suppression. Ainsi, une vidéo parodique ou satirique explicitement signalée comme générée par IA aura plus de chances d’échapper au retrait qu’une vidéo réaliste qui aurait transformé les propos de l’utilisateur.
Si cet outil de veille est intéressant, il ne règle pas le problème de la prolifération des contenus et délègue aux créateurs la charge de traquer leurs clones IA eux-mêmes. Une tâche qui devient de plus en plus compliquée avec la facilité de création offerte par les outils d’IA générative.
Le problème, déjà soulevé par les créateurs avec les bots qui commentent les vidéos YouTube, reste entier : les supprimer un à un ne permet pas d’enrayer leur prolifération ni leur gain en crédibilité.
La solution doit-elle être trouvée à la source ?
Les outils de génération vidéo par IA font face à la fronde de personnalités publiques, mais aussi de leurs familles et d’artistes du monde entier. Cependant, les réponses semblent être trouvées au cas par cas.
En octobre 2025, Sora, le réseau social de vidéos générées par IA d’OpenAI, annonçait l’interdiction de générer des images de Martin Luther King après une plainte de la famille, à la suite de la multiplication de vidéos détournant les propos du militant américain.
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