C’est une éviction qui met très clairement en lumière les ambitions démesurées de la Chine dans le domaine de l’informatique, et tout particulièrement dans le monde très fermé des supercalculateurs. Pour la première fois de son histoire, l’Empire du Milieu a réussi à détrôner les États-Unis dans le classement établi par TOP500, qui consiste à lister les 500 superordinateurs les plus puissants au monde.
D’après l’étude publiée par TOP500 pour le mois de juin 2016, la Chine compte désormais plus de systèmes que les USA dans ce classement : Pékin en a 167, tandis que la délégation américaine figure à 165 reprises dans la liste. Ensemble, ils pèsent un peu plus des deux tiers du classement, ne laissant que quelques places aux autres pays, essentiellement le Japon, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
Le plus spectaculaire reste la vitesse avec laquelle la Chine a gravi les échelons de ce top. Il y a quinze ans, aucun supercalculateur chinois n’y figurait. Cinq ans plus tard, il y en avait 28, sans qu’un seul ne figure dans les trente premiers. Aujourd’hui, la Chine se trouve sur les deux premières places du podium, figure à dix reprises dans le top 100 et peut compter sur quatre superordinateurs dans le top 50.
Sunway TaihuLight, un monstre technologique avec plus de 10,6 millions de cœurs
Pour la Chine, la victoire est donc totale. Non seulement elle occupe la première place en nombre de machines, mais elle est en plus première en ce qui concerne la puissance de calcul grâce à « Sunway TaihuLight », un monstre technologique qui compte dans ses entrailles pas moins de 10 649 600 cœurs, ce qui lui permet de carburer en opération en virgule flottante par seconde à 125 435,9 tflop/s.
Plus généralement, la Chine occupe la première place du TOP500 depuis trois ans. La dernière fois que les USA étaient devant, c’était en novembre 2012, avec « Titan ». Une éternité dans l’univers des superordinateurs.
Et la France dans tout ça ?
Face aux deux ogres que sont la Chine et les États-Unis, les places disponibles sont rares pour les autres pays. La France tire malgré tout son épingle du jeu, en réussissant à se hisser à la cinquième place des pays ayant le plus de systèmes dans le classement, avec 18 machines au compteur. Elle se place derrière la Chine et les USA, mais aussi après le Japon (29 systèmes) et l’Allemagne (26), mais devant le Royaume-Uni (12).
Dans ce classement, le premier supercalculateur tricolore se hisse à la onzième place et est exploité par Total. Baptisé Pangea, il compte 220 800 cœurs et grimpe à 6,7 petaflop/s. On trouve également une machine de Météo France dans le top 50, ainsi que le commissariat à l’énergie atomique. En tout, dix des dix-huit systèmes français recensés par TOP500 sont dans le top 100, ce qui traduit une excellence française dans ce domaine.
Bull Atos est le fabricant de référence pour les entreprises françaises cherchant à se doter d’un supercalculateur. En effet, huit des dix plus puissants superordinateurs tricolores ont été conçus par le groupe. Les firmes hexagonales font également appel à d’autres constructeurs, notamment étrangers, comme SGI, IBM et Hewlett-Packard.
La France connaît toutefois ces derniers mois une relative érosion de sa présence dans le classement après un pic entre 2014 et 2015. Si elle comptait 18 machines en novembre 2015, elle en avait 27 en juin 2015 et 30 en novembre 2014. Cinq mois plus tôt, on relevait 27 superordinateurs français et 23 en novembre 2013. Un classement fluctuant, qui illustre la course endiablée qui a lieu dans le monde des machines de très haute performance.
À l’automne 2014, l’État a signé une convention avec le commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour le doter d’une enveloppe de 50 millions d’euros, destinée à la recherche dans le domaine du calcul intensif. À travers le CEA, la France souhaite devenir un acteur majeur des futurs supercalculateurs « exaflopiques ». L’objectif est que l’organisme public puisse «disposer à l’horizon 2020 de la capacité de concevoir et réaliser des ordinateurs de grande puissance de manière durablement compétitive ».
Rang | Site | Fabricant | Cœurs | Rmax (TFlop/s) | Rpeak (TFlop/s) | Power (kW) |
11 | Total Exploration Production | Pangea / SGI | 220 800 | 5 283,1 | 6 712,3 | 4 150 |
40 | Météo France | Prolix / Bull-Atos | 72 000 | 2 168 | 2 534,4 | 830 |
44 | CEA | France Tera-1000-1 / Bull-Atos | 70 272 | 1, 871 | 2 586 | 1 042 |
53 | GENCI-CINES | Occigen/ Bull-Atos | 50 544 | 1 628,8 | 2 102,6 | 935 |
60 | Atos | Sid / Bull-Atos | 49 896 | 1 363,5 | 1 676,5 | 543 |
62 | CEA / TGCC-GENCI | Curie thin nodes / Bull-Atos | 77 184 | 1 359 | 1 667,2 | 2 251 |
63 | CEA / CCRT | Cobalt / Bull-Atos | 38 528 | 1 299,5 | 1 479,5 | 539 |
71 | Atos | Diego / Bull-Atos | 46 800 | 1 225,3 | 1 647,4 | 472 |
81 | CNRS/IDRIS-GENCI | Turing / IBM | 98 304 | 1 073,3 | 1 258,3 | 493 |
84 | CEA | Tera-100 / Bull-Atos | 138 368 | 1 050 | 1 254,5 | 4 590 |
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