Avec le halving, les mineurs reçoivent deux fois moins de bitcoins. Tous les quatre ans, leur récompense est automatiquement réduite et remet en jeu la viabilité de leur modèle économique. Comment font les mineurs pour être rentables, malgré cette baisse de revenu ?

Le minage désigne le procédé de validation des transactions faites sur la blockchain Bitcoin. Ce système permet de garantir la sécurité du réseau, grâce à la puissance de calcul des ordinateurs mis à contribution. Avec le halving, Satoshi Nakamoto voulait donner au bitcoin les mêmes caractéristiques que l’or, de plus en plus difficile à extraire au fil du temps. Mais ce mécanisme pose aussi une question existentielle aux mineurs.

Pour ce quatrième halving, les récompenses reçues pour avoir miné un bloc sont instantanément passées de 6,25 à 3,125 BTC. Or, pour qu’un mineur soit rentable, il doit pouvoir revendre ses bitcoins plus chers que ce qu’il a dépensé en électricité.

Une augmentation du prix du bitcoin : le Graal pour les mineurs

Pour continuer à être profitables, les mineurs doivent donc parier sur un prix du bitcoin multiplié par deux. Mais ce scénario idéal n’a que peu de chances de se réaliser, même si un bitcoin à 100 000 dollars est de plus en plus envisagé. En l’absence de garanties, les mineurs doivent se constituer une trésorerie solide, ce qui a tendance à centraliser l’industrie autour des gros acteurs, comme au Texas.

Heureusement pour eux, le prix du bitcoin a explosé à la hausse peu avant le halving. Cette situation est inédite, car les précédents halving avaient toujours entrainé une hausse a posteriori, jamais avant. La flambée précoce du prix du bitcoin est donc une aubaine pour les mineurs, qui ont encaissé des bénéfices substantiels pour passer cette épreuve plus tranquillement. Même les mineurs dont le modèle économique n’est plus viable pourraient survivre, le temps de s’adapter. C’est la grande différence de ce halving par rapport aux précédents.

La course à l’électricité la moins chère

Si le prix du bitcoin est très volatil, il y a toutefois un levier sur lequel les mineurs peuvent agir : le prix de l’électricité. Très variable en fonction des régions du monde, le prix du watt est au centre cette bataille industrielle.

Des pays comme le Kazakhstan ou l’Éthiopie sont bien connus dans l’industrie pour leurs prix attractifs et leur politique accommodante envers le minage. Pour réduire les coûts, certains mineurs se spécialisent dans la production de bitcoins avec les énergies renouvelables, en misant sur le géothermique ou l’hydroélectrique. En République Démocratique du Congo, le Parc National des Virunga vend l’excédent électrique de son barrage hydraulique à des entreprises de minage. Ce genre de configuration a un double avantage : le coût de l’électricité est abordable, tout en étant fixe.

Une étude de CoinGecko donne une idée du coût de production d’un bitcoin en fonction des régions du monde. La palme du pays le plus rentable revient ainsi au Liban, avec un coût théorique de seulement 260 dollars pour produire un bitcoin. Tandis que l’Italie fait figure de dernier de la classe avec un prix moyen de 208 000 dollars. Mais au-delà de ces énormes disparités, d’autres paramètres comme la sécurité et la fiscalité font partie de l’équation.

Carte du prix de production d'un bitcoin selon les pays.
Le prix de production d’un bitcoin est extrêmement variable selon les pays. // Source : CoinGecko

Écraser la concurrence

Pour être toujours profitables, les mineurs peuvent également moduler l’activité de leurs machines Asics, un matériel spécialement développé pour cet usage. Avec l’expérience, ils apprennent à anticiper les périodes de vache maigre, et à se brancher lorsque le réseau connaît une activité plus importante, synonyme d’une plus forte rentabilité. C’est ce qui explique que la puissance totale du réseau Bitcoin connaît de fortes fluctuations à chaque halving.

Les meilleurs Asics s’achètent à plus de 10 000 dollars. On constate d’ailleurs une forte hausse de leur prix à l’approche de chaque halving. En effet, les mineurs renouvellent leur parc en avance, pour avoir le meilleur ratio entre consommation et puissance le moment venu. Et avec la disparation inévitable de certains mineurs pendant le halving, ces industriels récupèrent au passage les parts de marché de leurs concurrents.

Miser sur les frais du réseau

Pour survivre au halving, les mineurs peuvent compter sur une dernière ressource : les frais de transaction sur le réseau Bitcoin. Ce montant fixe assure un revenu stable et régulier. Ainsi, les utilisateurs paient entre 1 et 2 euros pour effectuer un virement en bitcoin. En cumulé, c’est en moyenne 7 millions de dollars par jour qui arrive dans la poche des mineurs.

Mais pour ce quatrième halving, l’instabilité du hasrate a fortement congestionné le réseau, entrainant des frais exorbitants. Selon les données de BitInfoCharts, les frais de transaction sont rapidement montés à 127 dollars. Un record qui dépasse largement les 60 dollars observés en 2021. Ces turbulences avaient déjà été remarquées avec le Bitcoin Cash, une cryptomonnaie dérivée du BTC qui a fait son halving avec deux semaines d’avance. Le retour à la normale est attendu au cours des prochaines semaines.

À l’avenir, ces frais de réseau, que l’on peut assimiler à des pourboires, seront essentiels. Ils deviendront la vraie motivation financière pour l’industrie du minage à mesure que les récompenses de bloc s’amenuisent pour les mineurs.

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