L’humanité sera-t-elle changée une fois qu’elle sera librement et entièrement reliée au web ? C’est en tout cas le rêve partagé des géants de la tech, en lice pour recouvrir le monde d’un accès à Internet.

On considère qu’il reste encore un milliard d’êtres humains qui ne sont pas connectés à Internet. Que ce soit pour des raisons techniques (un manque d’infrastructure réseau ou des régions inaccessibles) ou économiques (un pouvoir d’achat par habitant qui ne permet pas l’émergence de fournisseurs d’accès), c’est un fait qu’on oublie souvent derrière nos connexions en fibre optique : le monde reste à connecter. La première des transitions numériques n’est pas un acquis mondial.

À ce titre, nous vivons plus que jamais dans un monde à deux vitesses. Une problématique qui pourrait nous paraître éloigné et réservée aux pays émergents et pourtant sur le territoire français aussi des zones sans accès à internet existent encore. Une inégalité qui a longtemps semblé dérisoire pour les pouvoirs publics mais qui s’avère être une préoccupation fondamentale pour les sociétés de demain.

Qui branchera enfin la planète au web ?

L’aboutissement d’Internet pour l’humanité se situerait donc dans un réseau libre, disponible partout et neutre. C’est en tout cas le rêve partagé par des entreprises pour qui l’expansion d’internet est une condition de développement de leurs activités et par les utopistes technologiques, pour qui l’essence des valeurs culturelles et social d’Internet doivent être assurées par une couverture mondiale, libre et décentralisée.

L’idée d’un Wi-Fi mondial est en somme d’une grande actualité et constitue peut-être un des derniers freins à un monde numérisé. C’est certainement pour ces raisons, mêlant des enjeux économiques et sociaux, que les géants de la tech veulent accélérer ce rêve en partant à la conquête du ciel.

La course est lancée : qui branchera enfin la planète au web ?

Sky is the limit

Project Loon

Google travaille depuis 2013 déjà à l’appropriation du ciel avec des ballons d’où le nom du projet. Loon comme balloon et comme, littéralement, « dingue » en anglais. Avant la création d’Alphabet, le projet était dirigé par le laboratoire de Google X et est désormais il autonome à l’intérieur du regroupement d’entreprises qui gravitent autour de Google.

Project Loon est un pari fou, mais audacieux de la part de Google. Enclenché avec le soutien du fondateur de la société, Sergey Brin, il a regroupé des scientifiques et des spécialistes des infrastructures réseaux qui travaillent à mettre au point des ballons gonflés à l’hélium suspendus dans l’atmosphère permettant, à l’heure actuelle, de couvrir un territoire en 4G sur 80 km.

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Le projet est loin d’être irréaliste. Lancés en 2013 en Nouvelle-Zélande, les 30 premiers ballons ont apporté le réseau à des territoires sur lesquels aucune connexion n’était encore possible. Fort du succès de ses ballons-antennes, Google a souhaité continuer les expériences, notamment au Sri Lanka et en Indonésie — des latitudes proches de la Nouvelle-Zélande.

Les ballons de 15 mètres de diamètres peuvent s’élever jusqu’à 20 km d’altitude, une partie peu fréquentée de notre ciel et où ils peuvent déployer leur diffusion de réseau mobile. Dotés de panneaux solaires, les ballons peuvent rester en l’air plus de 187 jours, ce qui leur permet en théorie de faire neuf fois le tour du monde avant de devoir se poser.

Le but ultime poursuivi par le projet est l’installation de suffisamment de ballons sur la surface du globe pour pouvoir créer des axes de connexion à l’échelle de la planète. Et peut-être un jour, couvrir le monde de ballons suspendus afin de déployer depuis le ciel, l’internet mondial.

https://www.youtube.com/watch?v=m96tYpEk1Ao

Les drones Aquila de Facebook

Depuis l’été 2015, Facebook a commencé à construire ses Aquila, des drones dont la largeur est proche d’un Boeing 737 mais qui ne pèsent que 450 kilos et sont propulsés à l’énergie solaire. Leur objectif, à l’instar des ballons de Google, est de s’élever à 20 km d’altitude pour diffuser grâce à leurs propres antennes du réseau sur une surface de 50 km.

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L’impressionnant engin de Facebook doit donc lui aussi fournir un accès internet dans des régions reculées.

Ce projet de diffusion du réseau sur la surface du globe fait écho au projet des Free Basics du réseau social, beaucoup plus polémique. Il a par exemple été rejeté en Inde pour atteinte à la neutralité du web. Pour résumer, Free Basics est une version minimaliste et décidée par Facebook du web, qui ressemble un peu au WAP des opérateurs que nous avions sur nos téléphones avant l’arrivée du web mobile

La guerre des satellites

 OneWeb, la constellation satellitaire pour le web

Le plus incroyable des projets d’Internet mondial est bien sûr satellitaire, suivant l’exemple du GPS. Pour couvrir l’intégralité du globe, le projet OneWeb veut doter la planète bleue de plus de 700 satellites interconnectés qui diffuseraient, à 1 200 km d’altitude, un accès à internet pour le monde entier.

Supporté d’abord par Virgin, appuyé par Qualcomm et construit par Airbus, l’Union Européenne en a fait un de ses projets spatiaux prioritaires. Pourtant, l’objectif d’envoyer les satellites en orbite pour une mise en service pour 2019 semble avoir du plomb dans l’aile.

Airbus a construit les dix premiers prototypes à Toulouse mais les accords et le soutien attendu pour le projet tardent à venir, malgré plus de 25 millions de dollars levés pour cette constellation artificielle.  Le doute subsiste toutefois : avec aucun satellite lancé depuis la Floride, le défi technique et financier demeure irrésolu. Le prix et l’entretien de satellites en basse orbite sont notamment bien plus difficiles que pour les satellites en orbite géostationnaire. Les satellites de OneWeb devraient, pour rester en service, être changés tous les 5 ans plutôt que tous les 15 ans. Comment OneWeb va-t-il payer la facture titanesque de 700 satellites tous les 5 ans ? Aucune réponse n’a été donnée malgré l’arrivée de l’échéance de mise en service.

Le mystérieux projet satellitaire d’Elon Musk

Elon Musk, le prolifique fondateur de SpaceX, faisait initialement partie du projet OneWeb. Mais face à des désaccords techniques, le milliardaire a préféré ajouter le projet d’une diffusion mondiale d’internet aux travaux de ses équipes de SpaceX.

Depuis juin 2015, travaillerait sur un projet proche de OneWeb mais avec une stratégie différente. En effet, Elon Musk s’est aperçu de la difficulté financière du maintien d’une flotte de satellites en orbite, et a donc annoncé vouloir lancer non pas 700 mais 4 000 satellites. Il explique en effet que ses 4 000 satellites à faible coût seront plus faciles et moins onéreux à la mise en service. Et ne nécessiteront pas autant de frais de maintenance que ceux de OneWeb.

Le projet de Musk n’a pas fait de vague depuis l’été 2015

Le projet n’a toutefois pas fait de vague depuis l’été 2015, ni SpaceX, ni Musk n’ayant fait de nouvelles déclarations au sujet des satellites. La course spatiale n’est donc pas terminée…

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