Les décodeurs télé sont-ils condamnés à disparaître ? Dès 2017, l’ex-patron d’Orange alertait sur ce phénomène. Stéphane Richard prédisait la « virtualisation » des box TV, qui entraînerait la mort progressive des décodeurs d’ici à une génération de produits. Une promesse que n’a pas tenue Orange, puisque l’opérateur historique a lancé une Livebox 6 en 2022, qui dépend toujours d’une box pour la partie télé. D’autres opérateurs, comme Bouygues et Free, ont fait des prédictions similaires.
En 2023, où en est-on ? Si les box télé sont encore la norme, le géant coréen Samsung se rapproche petit à petit du rêve de millions de Français, lassés de la multiplication des télécommandes (et des bugs d’écran noir une fois sur la bonne source). En juin 2023, Samsung est devenu le premier constructeur à proposer des téléviseurs avec des applications Orange, SFR, Bouygues et Free disponibles au téléchargement, pour accéder à ces services sans boîtier. Nous avons discuté avec Marie Legrand, responsable marketing Smart TV chez Samsung, de cette première étape avant la « virtualisation des box TV ».
Les opérateurs ont encore besoin des box
Après s’être déjà associé à Bouygues, Orange et Free, Samsung a réussi à convaincre SFR en 2023. Concrètement, cela veut dire que le propriétaire d’un téléviseur connecté Samsung peut télécharger l’application « SFR TV » sur le magasin d’applications du constructeur, puis l’ouvrir pour regarder la télévision, accéder au replay ou à ses enregistrements. Seule restriction, il faut avoir un téléviseur Samsung récent, sorti après 2019.
Comme ses concurrents, SFR TV repose sur un système d’identification par le réseau. Grâce au Wi-Fi ou à l’Ethernet, l’application sait si vous êtes client de SFR, ce qui lui permet de vous donner accès au service. Il est impossible de l’utiliser avec les codes d’un ami, par exemple. D’autres conditions peuvent exister, comme le fait d’être éligible à une offre donnant accès au « multi-écrans » ou à l’application SFR TV.
Pour Samsung, ce partenariat avec SFR signe la fin d’un long parcours de conviction. « On travaille avec Altice depuis de nombreuses années », rappelle la responsable marketing de Samsung, qui fait référence à l’application RMC Sport. Cependant, aucun constructeur de téléviseurs n’avait réussi à convaincre les quatre opérateurs de développer des applications pour son écosystème jusqu’ici. « On a maintenant une offre complète », se félicite Marie Legrand.
Cependant, Samsung signe-t-il pour autant la fin des box TV ? « Dans l’esprit des opérateurs, on n’est pas en train de tuer les box », précise la représentante de Samsung. « Le confinement a créé le besoin d’accéder à sa télé dans de différentes pièces », ajoute-t-elle, en expliquant que la virtualisation des box permet surtout « de faciliter l’usage du multi-écrans ». Les opérateurs veulent continuer à vendre leurs box, mais espèrent que vous accéderez à leurs services depuis le téléviseur de la chambre. Voilà, en quelque sorte, la situation actuelle.
L’application SFR TV est-elle vraiment réservée à un usage multi-écrans ? Même si les opérateurs veulent le faire croire, il est techniquement possible de rendre son décodeur et de n’utiliser que l’application de Samsung aujourd’hui. À condition de posséder une offre qui le permet, ce qu’il faut vérifier avec son opérateur. Autrement dit, la fin des box a déjà commencé, même si les opérateurs veulent logiquement protéger leurs business.
C’est la même chose chez Orange, Bouygues et Free, qui offrent des applications très complètes sur les téléviseurs Samsung. Mais, le Coréen affirme ne pas vouloir « se substituer au business de SFR, Orange et les autres », d’où sa volonté de communiquer seulement sur le multi-écrans.
Combien de temps avant la vraie mort des box TV ?
À l’heure de la multiplication des téléviseurs connectés (il y en aurait 20 millions en France, sur un total de 40 millions d’écrans), la dématérialisation des box TV pourrait aller vite. Samsung a le plus de parts de marché en France, avec 6 millions de téléviseurs connectés selon sa responsable marketing. Les autres écosystèmes forts sont webOS (LG) et Android TV (Google), qui équipe beaucoup de marques (Hisense, TCL, Sony, Xiaomi…).
Dans le futur, les opérateurs lanceront-ils des offres sans box obligatoire, en expliquant simplement la marche à suivre pour accéder à la télévision ? Bouygues l’a déjà fait, en commercialisant des téléviseurs directement dans ses offres, tandis que Free propose à ses clients une Apple TV à la place d’un décodeur Pop, avec son application préinstallée.
Dans un premier temps, la cible de cette dématérialisation semble être les connaisseurs, ceux qui ressentent le vrai besoin de se passer d’un décodeur conçu par un opérateur. À l’avenir, les FAI pourraient être amenés à étendre leurs stratégies, d’abord pour faire des économies eux-mêmes, en misant sur des applications plutôt que sur des box. Seule interrogation : les FAI peuvent-ils prendre le risque de « libérer » leurs clients, en leur donnant accès plus facilement à des écosystèmes concurrents ? La question de la souveraineté se pose, même si les opérateurs sont plusieurs à utiliser Android TV de Google aujourd’hui (on peut aussi imaginer que certains clients préféreront conserver le boîtier de leur opérateur, ce qui leur permettrait de vivre sous la forme d’une option).
Dans le monde idéal de Samsung, les téléviseurs seraient le seul périphérique nécessaire pour tout faire dans son salon. Box virtualisé, streaming, VOD, cloud gaming… Les ports HDMI ont encore de l’avenir, mais la télévision en direct pourrait connaître sa révolution assez vite.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.