La mission du Starliner s’étalera sur une dizaine de jours. Mais la partie la plus critique se déroulera la première journée, voire la première heure. Voilà les grandes étapes du vol décisif de la capsule de Boeing.

C’est le grand jour pour Boeing. Dans la nuit du 19 au 20 mai 2022, l’entreprise américaine fait décoller une fusée Atlas V avec à son sommet la capsule Starliner. Objectif : envoyer l’engin dans l’espace pour qu’il rejoigne la Station spatiale internationale (ISS). Le vaisseau restera alors quelques jours arrimé en orbite autour de la Terre, avant de rentrer.

C’est un vol très important pour Boeing, qui a déjà échoué en décembre 2019. Il lui faut réussir pour pouvoir passer à l’étape d’après, qui consiste à refaire ce vol avec un équipage à bord. C’est aussi un vol très important pour la Nasa et les États-Unis, qui souhaitent faire émerger une autre société nationale capable d’acheminer des astronautes dans l’espace, en plus de SpaceX.

À ce titre, cette mission, qui survient 880 jours après la première tentative, est l’un des grands rendez-vous de l’année en matière d’espace. On sait dans les grandes lignes quelles vont être les grandes étapes du vol, du décollage jusqu’au moment de l’arrimage, mais aussi la durée approximative pendant laquelle Starliner restera accrochée à l’ISS avant de rentrer.

À 0 minute

À T+0, la fusée Atlas V décollera de son pas de tir, qui est l’aire de lancement 41 de la base de Cap Canaveral. Quelques secondes avant le décollage, à -2,7 secondes avant T+0 très précisément, le moteur-fusée RD-180, qui est à ergols liquides et qui est de fabrication russe, est allumé. Elle prendra alors de la vitesse pendant toute sa phase ascensionnelle.

À 1 minute

La fusée Atlas V atteindra alors un premier palier de vitesse, avec le franchissement de Mach 1, c’est-à-dire la vitesse du son (343 mètres par seconde). C’est en passant ce seuil que l’on entend le fameux « bang » supersonique. C’est la que pression dynamique maximale sera atteinte : après, elle s’estompera à mesure de l’ascension, avec une raréfaction de la densité atmosphérique.

Boeing Starliner Atlas
Un décollage de fusée Atlas V. // Source : Joel Kowsky

À 2 minutes

Après 2 minutes, la fusée larguera ses propulseurs d’appoint SRB. Il y en a deux pour ce vol. Ce lanceur peut en accueillir de zéro à cinq, en fonction du profil de la mission. Ces propulseurs sont là pour fournir une poussée additionnelle. Le moteur RD-180 développe 3,83 méganewtons (environ 392,6 tonnes-force. Un SRB atteint 1,55 MN (158 tonnes-force).

À 4 minutes

Plusieurs évènements vont s’enchaîner au cours de cette prochaine minute : il y aura d’abord l’extension du moteur du premier étage de la fusée Atlas V, vers 4 minutes et 58 secondes. Dans la seconde qui suit, le lanceur se séparera de cet étage. L’étage supérieur, baptisé Centaur, se débarrassera de sa protection qui le couvrait pendant sa phase ascensionnelle.

À 4 minutes et 45 secondes

Allumage du système propulsif du Centaur. Il s’agit du moteur-fusée RL-10. Cette poussée durera plusieurs minutes. En termes de positionnement par rapport à la Terre, le Starliner et le Centaur se trouveront encore relativement proches des côtes américaines. L’ensemble continuera à prendre de l’altitude et de la vitesse. Le tout doit durer près de sept minutes.

À 11 minutes et 50 secondes

La propulsion du Centaur, assurée ici par deux moteurs-fusées RL-10, cessera à ce moment-là. Les deux systèmes auront produit chacun une poussée de 100,5 kN, soit environ 10,3 tonnes. Au-dessus de lui se trouve encore la capsule Starliner, qui doit être prochainement larguée. Par rapport à la Terre, cette séquence se passe au large des côtes canadiennes, avec une direction vers le nord.

À 14 minutes et 50 secondes

La séparation entre le Centaur et le Starliner s’engage, alors que les deux engins se trouvent quelque part au-dessus de l’Atlantique. Ce sera alors la fin de la mission pour Atlas V, mais pas pour le Starliner. Le véhicule Centaur, qui fait près de 13 mètres de long pour 3 mètres de diamètre, commencera à plonger vers la Terre, pour finir sa course dans l’océan indien.

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Le Starliner doit retrouver en orbite l’ISS. // Source : Boeing

Entre 15 et 37 minutes

La trajectoire du Centaur va l’amener à survoler le reste de l’Atlantique nord, puis l’Europe, la Turquie et la péninsule arabique. Le véhicule finira sa course en mer, car Boeing et Lockheed Martin, qui construisent l’Atlas V, n’ont pas encore sauté le pas des fusées capables de rentrer sur Terre — que ce soit cet étage-là ou le précédent, largué à 4 minutes.

Pour les 24 heures suivantes

La capsule Starliner va poursuivre son ascension progressive dans l’espace afin de rejoindre l’orbite de la Station spatiale internationale, qui évolue autour de la Terre à près de 400 kilomètres d’altitude. C’est la séquence la plus longue, qui prendra en tout près de 24 heures. Starliner fera alors le tour de la Terre en attendant, avec d’éventuelles corrections de trajectoires.

Le 21 mai

Dans la soirée du 20 mai, vers 21h30 (heure de Paris), doivent commencer les opérations de rendez-vous et d’amarrage entre l’ISS et Starliner. Le contact à proprement parler est attendu à 01h10 du matin, le 21 mai. À 17h45, toujours le 21 mai, l’écoutille permettant à l’équipage de l’ISS d’entrer dans la capsule doit être ouverte.

Entre 5 et 10 jours

C’est la durée d’arrimage de la capsule à l’ISS, permettant à l’équipage de l’explorer et de procéder à diverses vérifications. Ensuite, l’écoutille sera refermée et l’engin rentrera. Après des manœuvres pour s’éloigner de l’ISS en sécurité viendra la rentrée atmosphérique. La capsule finira sa course au bout d’un parachute, avant de finir au sol, quelque part à l’ouest des États-Unis.

La capsule CST-100 Starliner. // Source : NASA
Le retour du Starliner doit se faire sur Terre, ralenti par un parachute et amorti par ces immenses airbags. // Source : NASA

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