Arctic Astronautics va lancer le premier nanosatellite en bois d’ici fin 2021. Ses panneaux de contreplaqué ont été recouverts d’une fiche couche d’oxide d’aluminium pour le protéger de l’érosion causée par l’oxygène atomique.

Les satellites ont évolué à toute vitesse ces dernières années, et 2021 ne fera pas exception. D’ici la fin de l’année, le premier satellite en bois devrait être mis en orbite,  explique un communiqué du 10 juin de l’agence spatiale européenne ESA. Le WISA Woodsat est un nanosatellite créé par Arctic Astronautics qui mesure 10x10x10 cm et ne pèse pas plus d’un kilogramme. Sa particularité est d’être construit avec des panneaux de contreplaqué.

Le type de contreplaqué utilisé ici est fabriqué avec du bois de bouleau, et ressemble beaucoup à celui utilisé pour construire des meubles. « La principale différence est que le contreplaqué est trop humide pour un usage spatial. Nous avons donc placé le bois dans une chambre à vide thermique afin de le sécher », explique l’ingénieur en chef du Woodsat, Samuli Nymanm.

Le WISA Woodsat est un satellite en contreplaqué de 10x10x10 cm.  // Source : Arctic Astronautics

Le WISA Woodsat est un satellite en contreplaqué de 10x10x10 cm.

Source : Arctic Astronautics

Protéger le satellite de l’oxygène atomique

L’équipe a également ajouté  sur les panneaux une très fine couche d’oxide d’aluminium –un procédé régulièrement utilisé pour protéger des composants électroniques. « Cela devrait réduire l’émission de vapeurs en provenance du bois et le protéger de l’érosion engendrée par l’oxygène atomique (ndlr : un composant de la haute atmosphère terrestre). » Arctic Astronautics prévoit également de tester sur les panneaux de contreplaqué de son satellite, différents types de vernis et de laques.

Le satellite sera placé sur une orbite située à environ 500-600 km d’altitude. Il embarquera divers capteurs de l’ESA et deux caméras utilisées pour surveiller l’évolution du bois dans l’espace. L’énergie requise pour faire fonctionner tout cela sera fournie par neuf cellules solaires.

Les tests menés par Arctic Astronautics suggèrent que les plaques de contreplaqué devraient bien supporter l’exposition à l’oxygène atomique, même si elles vont probablement noircir sous l’action des ultraviolets émis par le Soleil.

Le satellite aura une caméra placée sur une perche à selfie

« L’aspect de ce satellite en bois peut amuser mais c’est un projet scientifique et technologique très sérieux », note avec humour Arctic Astronautics, dans son communiqué. Comme le souligne l’ESA, de nombreux contrôles seront menés à bord. Un capteur de pression permettra d’évaluer la pression dans les cavités du satellite dans les heures et les jours qui suivront la mise sur orbite. « C’est un facteur important à contrôler dans l’allumage de systèmes à haute puissance et d’antennes radio. De petites quantités de molécules dans les cavités peuvent suffire à les endommager. »

Le satellite embarquera également une LED alimentée via un plastique conducteur imprimé en 3D appelé « polyether ether ketone» ou « PEEK ». Une expérience qui ouvrira des « perspectives dans l’impression de système d’alimentation voire de transferts de données », souligne l’ESA.

Orcun Ergincan, ingénieur matériaux au sein de l’agence spatiale européenne précise qu’une microbalance à quartz sera  également à bord du satellite en contreplaqué : « C’est un outil de détection d’éventuelles contaminations extrêmement sensible. »

Le WISA Woodsat embarque enfin deux caméras donc une qui sera placée sur une perche à selfie (oui, oui). Cet agencement permet de suivre l’évolution  des panneaux en contreplaqué, explique Jari Mäkinen, le responsable de la mission au sein d’Artics Astronautics : « Nous voulons repérer le moindre changement de couleur, la moindre craquelure. »

Réduire les risques posés par les déchets spatiaux

Le satellite transportera également un système radio amateur capable de relayer des signaux radio et des images autour du monde. L’objectif est de démontrer qu’il est possible de mettre en place des systèmes radio amateurs peu onéreux de cette façon. Pour télécharger des données de ce système radio, une station au sol de 10 euros suffit en effet.

Arctics Astronautics n’est pas la seule société intéressée par les satellites en bois. Le japonais Sumimoto Forestry s’y intéresse également. Cette société pense que les satellites en bois pourraient régler certains problèmes posés par les déchets spatiaux, car « ils brûleraient lors de leur chute vers la Terre. » Reste à voir désormais si le Woodsat résistera comme prévu aux phénomènes d’érosion liés à l’oxygène atomique. Il sera lancé en novembre 2021.


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