L’avion supersonique silencieux X-59 a volé sans quitter le sol

Le baptême de l’air de l’avion supersonique silencieux X-59 se fait attendre. À défaut de le voir vraiment en vol, la Nasa lui a fait passer un test particulier : le faire voler, sans quitter le sol.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le X-59 sait se faire désirer. Depuis sa présentation publique en janvier 2024, ce prototype d’avion supersonique « silencieux » n’a toujours pas volé. Cela fait même bientôt 10 ans que Lockheed Martin planche dessus — les traces les plus anciennes du programme remontent à avril 2016.

2025 doit toutefois marquer un tournant, avec un premier vrai vol dans le ciel américain. Mais avant se de lancer en conditions réelles et de franchir enfin le mur du son, l’aéronef doit encore passer quelques tests au sol — il y en a déjà eu plusieurs de franchis, notamment du côté de la motorisation et de la postcombustion, pour s’assurer que tout roule.

C’est dans ce cadre qu’une récente campagne de vérification a eu lieu, au mois de mai. Une nouvelle phase d’ailleurs un peu particulière, puisque, comme le raconte le 21 mai 2025 l’agence spatiale américaine (Nasa), très investie sur ce terrain de recherche, « l’avion a été mis à l’épreuve pour voler au-dessus du désert californien », mais « sans jamais quitter le sol ».

Le nez profilé de l’avion. // Source : Lockheed Martin / Michael Jackson

Voler, sans vraiment voler

Un vol à haute altitude tout en restant sur le plancher des vaches ? C’est bien ce qu’affirme avoir fait la Nasa. La réalité, évidemment, est un peu plus nuancée : il s’agissait surtout de commander les sous-systèmes du X-59 et de l’ordinateur de vol pour qu’ils fonctionnent comme si l’avion était bien dans les airs.

En somme, c’était comme une simulation du comportement de l’aéronef — avec toutefois certaines limites. Par exemple, la motorisation est restée éteinte tout au long de l’essai. Il n’y avait pas non plus de soufflerie mobilisée pour générer un flux d’air sur l’appareil. En somme, c’était un peu test « iron bird » comme cela existe dans l’aviation.

Ces tests au sol, bien qu’ayant toujours un delta d’imprécision par rapport à de vraies expérimentations en l’air, permettent de repérer et de gommer en amont certains désagréments. C’est d’ailleurs ce que les équipes ont pu constater en procédant après coup à divers ajustements sur le X-59. Cela, en toute sécurité, notamment pour les pilotes d’essai.

X-59 côté — Le profil très longiligne du X-59. // Source : Nasa

L’appareil était d’ailleurs connecté à un ordinateur au sol qui lui envoyait des signaux simulés, mais considérés comme réels — vitesse, altitude, variation, température, état des systèmes, pannes, etc. Cela permettait de voir le comportement du système embarqué (arrivait-il à gérer en cas de souci ?) ou du pilote (pour reprendre la main).

Le pilote installé dans le cockpit devait vraiment actionner les commandes et le manche de l’avion, ce qui avait ensuite une incidence réelle sur tel ou tel élément du X-59, comme la gouverne de direction. Les scénarios étaient divers, mais connus à l’avance. Il s’agissait aussi de manœuvres simples, car le X-59 n’a pas l’ambition d’être un avion de voltige.

Il reste maintenant à passer pour de bon aux travaux pratiques, car si ce vol sans réellement voler était nécessaire pour affiner un peu plus la préparation de l’avion supersonique, beaucoup attendent maintenant la phase consistant à procéder à un vol en volant pour de vrai. Et découvrir enfin ce fameux « bang » censé sonner comme un simple « bruit sourd ».

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