Dans un document interne consulté par le Financial Times, l’entreprise Nestlé constate que plus de 60 % de ses propres produits alimentaires ont un score nutritionnel trop bas.

Dans un document interne auquel journal britannique Financial Times a pu avoir accès, l’entreprise Nestlé admet que plus de 60 % de ses produits ne sont pas bons pour la santé ou, plus précisément, qu’ils ne « remplissent pas les critères d’une définition reconnue de la bonne santé ».

D’après ce que le Financial Times a pu consulter, l’entreprise y relève même que certains produits ne pourront tout bonnement jamais atteindre une telle définition, de par leur nature : « Certaines de nos catégories et produits ne seront jamais ‘bons pour la santé’ peu importe à quel point on les fait évoluer ».

Plus de 60 % des produits en deçà de la note 3,5

Le document interne de Nestlé repose sur l’équivalent australien du Nutri Score, dont les notes vont de 0,5 à 5,5 — plus le chiffre est élevé, plus le produit est sain. C’est le Health Star Rating System, aussi utilisé à l’international. Seuls 37 % des produits alimentaires et boissons vendus par l’entreprise dépassent la note de 3,5 sur cette échelle nutritionnelle. Cela signifie que les 63 % restants sont en dessous d’une note de 3,5.

Ce problème concerne la plupart des marques grand public de l’entreprise — comme Nesquik, KitKats, Crunch, nouilles et soupes Maggi, pâtes et pizzas Buitoni, chocolats Lanvin, LaLaitière, céréales Lion et Chocapik, cônes glacés Extrême… — soit la moitié (83 milliards d’euros environ) du chiffre d’affaires de l’entreprise suisse. L’autre moitié du catalogue Nestlé n’est pas concernée par ce rapport interne : les produits pour animaux et pour bébé, les produits médicaux et le café pur ne sont pas compris dans les chiffres présentés ici.

Dans le détail, sur le catalogue concerné par le document, les produits exacts ne sont pas toujours cités par le Financial Times, mais il est relevé que :

  • 70 % des produits alimentaires à proprement parler (pâtes, pizzas, soupes, viandes…) ne remplissent pas les 3,5 étoiles ;
  • 96 % des boissons (Nesquik par exemple) sont en dessous de cette note ;
  • 99 % des confiseries et des glaces (Smarties, barres Crunch et apparentées, cônes glacés…) sont également concernés par des scores en dessous de 3,5

L’eau et les produits laitiers des catalogues Nestlé (Vittel, Contrex, LaLaitière…) s’en sortent un petit peu mieux, car 82 % des eaux et 60 % des produits laitiers atteignent le seuil d’un score de 3,5.

Un décalage entre packaging et réalité

Le Nesquik à la fraise, qui n’est pas vendu en France, est présenté sur le packaging comme « parfait au petit-déjeuner pour que les enfants soient prêts pour la journée » et comme ayant des qualités nutritionnelles, alors qu’il contient 14 grammes de sucre… par portion de 14 grammes du produit, à quoi s’ajoutent des colorants et de l’arôme. Une part de pizza Hot Pockets peppéroni contient de son côté 48 % de l’apport quotidien en sodium recommandé pour l’adulte ; une part de la pizza DiGiorno’s trois viandes en contient 40 %.

Boite de Nesquick. // Source : Nestlé

Boite de Nesquick.

Source : Nestlé

Autre exemple : le document relève que la boisson San Pellegrino goût orange contient 7,1 grammes de sucre pour 100 millilitres, ce qui est beaucoup et classe le produit au niveau E du Nutri-Score, soit le plus bas niveau possible. Le document interne à Nestlé pose l’interrogation : « Une marque soucieuse de la santé doit-elle comporter une note E ? » (la réponse est évidemment non).

« Nous avons apporté des améliorations significatives à nos produits… [mais] notre portefeuille n’est toujours pas à la hauteur des définitions externes de la santé dans un contexte où la pression réglementaire et les exigences des consommateurs montent en flèche », constate le document interne cité par le Financial Times.

« Good Food, Good Life »

Il y a en tout cas un décalage entre la façon dont l’entreprise se présente au public, et la réalité, le slogan de Nestlé étant « Good Food, Good Life » en anglais, ou « améliorer la qualité de vie, et contribuer à un avenir plus sain c’est notre engagement » en français, ce qui ne correspond évidemment pas aux constats nutritionnels majoritairement dressés dans ce document interne.

Face à l’article du Financial Times, Nestlé a officiellement réagi en indiquant que ce document s’inscrivait justement dans le cadre d’un projet visant à étudier leur catalogue pour orienter les marques de l’entreprise vers des produits plus sains. L’entreprise envisagerait notamment de rehausser ses standards. La situation reste toutefois peu claire en matière de communication auprès du public, car en septembre 2020, dans une interview à Bloomberg, le directeur exécutif de l’entreprise Mark Schneider refusait de considérer comme non sains les produits faits à partir d’aliments transformés vendus par des multinationales comme Nestlé.

En France, vous pouvez évaluer la qualité nutritionnelle d’un produit à partir du nutri-score, présent sur l’emballage, ou même en ligne sur openfoodfacts. Du côté des produits Nestlé, des exemples tels que les nouilles instantanées Maggie ont un nutri-score parfois aussi bas que D (faible qualité nutritionnelle), tout comme Knackis ou les cônes glacés Extreme ; les Smarties ou tablettes Crunch atteignent carrément le E (mauvaise qualité) ; les yaourts LaLaitière obtiennent un C (qualité nutritionnelle moyenne) ; les Chocapic ou une soupe chinoise Maggie ont la note B (qualité correcte).


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