SpaceX a réussi son pari de fusée récupérable et réutilisable. Le 14 mars, le premier étage d’une fusée Falcon 9 a bouclé son neuvième aller-retour entre la Terre et l’espace.

Ce week-end avait lieu une nouvelle mise en orbite de 60 satellites Starlink, toujours dans le cadre du projet de mégaconstellation voulu par SpaceX pour développer une offre d’accès à Internet depuis l’espace. Comme d’habitude, la mission s’est bien passée : la charge utile a pu être déployée et le premier étage de la fusée Falcon 9 a été récupéré. La routine, en somme.

Le spectaculaire est ailleurs. Dans les caractéristiques du vol, SpaceX a fait savoir que ce premier étage est un vétéran des allers-retours entre la Terre et l’espace : en effet, cela fait neuf fois qu’il sert. Il a été mobilisé à cinq reprises pour des missions Starlink, mais aussi trois autres fois pour les satellites SXM-7 et Radarsat, dans le cadre de deux vols distincts, et lors de la démonstration Crew Dragon Demo-1.

Une réussite flagrante pour SpaceX

Avec l’opération du dimanche 14 mars, le compteur est passé à neuf. Le temps où les titres de presse annonçaient que SpaceX allait réutiliser pour la première fois le premier étage de la fusée Falcon 9 semble loin. C’était en 2017, il y a pratiquement quatre ans. Depuis, la société a changé d’envergure : elle participe même à la rotation d’équipages entre la Terre et la Station spatiale internationale.

La bonne récupération du premier étage du lanceur ouvre évidemment la voie à une dixième mission avec lui, une fois que son checkup sera terminé. Compte tenu de la cadence très importante de son planning (rien que pour Starlink, il y a eu au moins deux missions par mois depuis le début de l’année, et trois en mars, avec deux autres qui sont aussi envisagées), cela pourrait arriver très bientôt.

Mais cela illustre surtout de façon spectaculaire la réussite du pari de SpaceX, ou plutôt de ses deux paris : un pari industriel tout d’abord, avec la création d’un lanceur pouvant être réutilisable et déclinable (le Falcon Heavy, par exemple, se base sur le Falcon 9), afin de réduire les coûts et de faciliter une production de série. Un pari technologique ensuite, en réussissant à récupérer le premier étage, pour qu’il resserve.

Falcon 9 SpaceX

La fusée, dont le premier étage est en route pour sa neuvième utilisation. // Source : SpaceX

En 2017, SpaceX indiquait que son but était de pouvoir lancer chaque premier étage de Falcon 9 dix fois, avec seulement des inspections entre chaque tir. Son fondateur, Elon Musk, déclarait même qu’il serait possible de le solliciter plus de cent fois, si sa remise à neuf n’a pas un coût excessif. Ces commentaires survenaient alors qu’une nouvelle version de la Falcon 9 était en train d’arriver.

Cette nouvelle mouture est la cinquième évolution (« Block 5 ») de la version dite v1.2 ou Full Thrust. La version Block 5 a été inaugurée le 11 mai 2018 et l’étage a été réutilisé pour la première fois le 7 août 2018. Mais la base technique de la fusée (v1.2 / Full Thrust), elle, est un peu plus ancienne, puisque son tout premier vol remonte à décembre 2015. Parmi les diverses améliorations, la Block 5 est plus simple à réutiliser.

Les plans élaborés par SpaceX avec la Falcon 9 v1.2 / Full Thrust Block 5 se concrétisent de facto, avec un premier étage qui devrait connaître prochainement son dixième vol. C’était déjà un record en la matière, avec ces neuf allers-retours, et il y a à parier qu’il ne tiendra pas bien longtemps si l’entreprise américaine maintient un tel tempo en 2021. En principe, c’est au dixième vol qu’une révision plus poussée aura lieu.

L’avance que SpaceX a dans le domaine de la fusée réutilisable devrait rester importante dans les années à venir. Néanmoins, le secteur de l’aérospatial bouge : du côté de l’Europe, une feuille de route a été élaborée pour concevoir aussi un premier étage qui peut être récupéré et réutilisé. Des démonstrateurs (Callisto et Themis) sont annoncés et plusieurs étapes doivent être franchies d’ici 2025.


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