Les scientifiques de la Nasa s’intéressent à des « pièges froids » situés à la surface lunaire, dans de récents travaux au sujet de l’eau sur l’astre. Que sont exactement ces structures ?

La Nasa a annoncé deux découvertes importantes au sujet de l’eau sur la Lune ce lundi 26 octobre 2020. Parmi les annonces, l’agence a présenté des « pièges froids », qui seraient bien plus répandus à la surface de la Lune qu’on le soupçonnait. Cette hypothèse est explorée dans une étude publiée par Nature Astronomy.

À quoi correspondent ces pièges froids exactement ? Comme l’explique l’université du Colorado à Boulder dans un communiqué présentant l’étude, on pourrait les imaginer comme des sortes de « poches d’eau cachées » ou des « parcelles de glace » à la surface lunaire. Ces pièges correspondent à des « régions sombres de la surface qui existent dans un état d’obscurité éternelle » sur la Lune.

Plongées dans l’ombre en permanence

Derrière ces descriptions poétiques, il faut donc se représenter des parcelles plongées de façon permanente dans l’ombre sur la Lune. Leur taille est variable. Il pourrait y en avoir environ 15 000 au total sur la Lune. Les auteurs se sont ici intéressés aux pièges de petite taille, faisant jusqu’à 1 centimètre de diamètre. « La prise en compte de toutes les échelles spatiales augmente considérablement le nombre de pièges froids par rapport aux estimations précédentes, pour une superficie totale d’environ 40 000 km2, dont environ 60 % au sud [ndlr : de la Lune] », écrivent les scientifiques.

Pour aider à mieux se représenter ces pièges froids, l’université du Colorado à Boulder prend l’exemple d’un cratère d’impact situé au pôle sud de la Lune, le cratère Shackleton. Il s’étend sur environ 20 kilomètres de diamètre. Du fait de la position de la Lune par rapport au Soleil, l’intérieur de ce cratère est en permanence dans l’ombre. Cette absence de lumière fait tomber la température jusqu’à -180° C. De telles caractéristiques ont incité depuis longtemps les scientifiques à s’intéresser à ce type de structure, qui pourrait être un environnement propice pour héberger de l’eau sous forme glacée.

La Lune ressemblerait à une balle de golf

Si ces structures sont si intéressantes, c’est parce que l’on sait que « l’eau est instable sur une grande partie de la surface lunaire, en raison des températures élevées » et de l’exposition à la lumière du Soleil. Or, dans la perspective de prochaines missions habitées lunaires, avec le programme Artémis, trouver de l’eau accessible sur la Lune est important. Ici, il n’est plus question de faire une simple halte sur la Lune comme pendant les missions du programme Apollo : la Nasa veut établir une présence humaine pérenne, à l’aide d’une station spatiale en orbite autour de la Lune. La question des ressources à disposition des astronautes est donc essentielle.

Selon la nouvelle étude, la Lune pourrait ressembler en quelque sorte à une balle de golf, avec un grand nombre de ces petits « pièges froids » plongés dans l’ombre et situés aux pôles de l’astre. Pour l’instant, les auteurs ne sont pas en mesure de prouver si ces zones contiennent effectivement de l’eau glacée : pour le vérifier, il faudrait creuser sur place. Les résultats des scientifiques permettent pour l’instant de soupçonner que « l’eau piégée aux pôles lunaires pourrait être plus largement répartie et accessible comme ressource pour les futures missions qu’on ne le pensait auparavant », comme on peut le lire dans leur étude.


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