Une activité sismique pourrait être à l’œuvre sur la face visible de la Lune, et elle serait toujours présente de nos jours. Des scientifiques le déduisent à partir de l’observations de crêtes à la surface de l’astre, au sommet desquelles sont exposées des roches.

Des processus tectoniques constatés sur la face visible de la Lune pourraient témoigner d’une activité sismique encore à l’œuvre de nos jours. C’est le constat d’un binôme de scientifiques, auteurs d’une étude parue dans la revue Geology, présentée le 30 avril 2020.

Les chercheurs s’intéressent à un système de crêtes réparties sur la face visible de l’astre (celle qui est toujours tournée vers la Terre). « En raison de leur formation récente, nous soutenons que ces jeunes crêtes font partie d’un système tectonique actif de la face visible », écrivent-ils. Autrement dit, la Lune serait loin d’être morte depuis longtemps comme on pourrait le croire : elle continuerait de se craquer et de se fissurer, peut-être encore actuellement.

Carte simplifiée de la Lune. // Source : Wikimedia/CC/Tos (photo recadrée)

Carte simplifiée de la Lune.

Source : Wikimedia/CC/Tos (photo recadrée)

Pour comprendre la portée de ces travaux, il faut rappeler que la Lune est en majorité recouverte de ce qu’on appelle le régolithe, une couche de roches brisées qui peut faire entre 2 et 20 mètres d’épaisseur. Cette couche est créée par des météorites qui heurtent le sol lunaire. Les zones sans régolithe, où la roche est exposée, sont assez rares. À l’aide des données de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la Nasa, qui permet d’étudier la Lune depuis son orbite, les scientifiques ont découvert 500 parcelles de ces roches exposées sur la face visible de l’astre. Elles se trouvent sur les fameuses crêtes.

Des crêtes liées à une activité tectonique ?

L’existence de crêtes sur lesquelles se trouvent des roches exposées avait déjà été relevée. Mais comme elles étaient situées aux bords de bassins d’impact, leur présence était expliquée par la coulée de lave (sous le poids de la lave, un affaissement se serait produit). Cette fois-ci, l’origine des crêtes semble différente. Elles pourraient être liées à des processus tectoniques. « Les abondances élevées de roches sur les crêtes ridées […] requièrent une activité tectonique récente », affirment les auteurs.

Selon les chercheurs, ces observations pourraient être expliquées par des phénomènes se passant à l’intérieur de la Lune. Les crêtes se soulèveraient vers le haut : à cause de ce mouvement, le régolithe s’écoulerait dans des fissures, laissant ainsi la roche exposée. Étant donné que ces zones nues sont rapidement recouvertes, les scientifiques pensent que le phénomène était à l’œuvre encore récemment, voire qu’il serait toujours en cours.

Une cible intéressante pour collecter des échantillons

Le phénomène se serait déclenché avec un événement survenu il y a 4,3 milliards d’années, notent les auteurs. Ils envisagent l’hypothèse qu’il s’agisse de l’impact géant sur la face cachée de la Lune qui est à l’origine du bassin Pôle Sud-Aitken (le plus gros bassin d’impact de la Lune). La façon dont les crêtes sont orientées et réparties semble correspondre aux dommages qu’aurait pu entrainer la formation de ce bassin. Les processus lunaires encore à l’œuvre seraient l’écho de cet ancien impact.

« Les crêtes ridées devaient être une cible d’intérêt pour l’exploration future de la sismicité lunaire et la collecte d’échantillons », estiment les auteurs. Récupérer des fragments de roches exposées au sommet de ces crêtes pourrait peut-être permettre de mieux estimer « l’intensité, la fréquence et les risques de l’activité sismique actuelle ».

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