Les respirateurs artificiels sont un équipement essentiel en réanimation pour aider les patients atteints de détresse respiratoire aigüe.

La saturation des établissements médicaux en raison de la pandémie Covid-19 a des raisons humaines et matérielles. Humaines, car face à l’afflux de patients, le personnel est non seulement surchargé, mais aussi en sous-effectif. Matérielles, car les équipes n’ont pas suffisamment d’équipements de protection à leur disposition, et les commandes mettent du temps à être livrées. La pénurie de matériel médical concerne également les respirateurs artificiels, qui sont pourtant essentiels dans les services de réanimation.

Pourquoi sont-ils si importants dans la gestion médicale de Covid-19 ? Qu’est-ce que cela implique pour les malades ? Que s’est-il passé en France lors des récentes polémiques sur les commandes des respirateurs inadéquats ? On fait le tour de ce qu’il faut savoir sur ces équipements médicaux.

L'objectif est aussi d'éviter que des patients soient mis sous respirateur artificiel, ou que cette situation dure trop longtemps. // Source : Pixabay

L'objectif est aussi d'éviter que des patients soient mis sous respirateur artificiel, ou que cette situation dure trop longtemps.

Source : Pixabay

En quoi consiste la réanimation

Les respirateurs servent à placer les malades sous ventilation artificielle. Une méthode fondamentale dans le cas d’une maladie comme Covid-19, puisque les complications de cette pneumonie se traduisent par une détresse respiratoire aigüe. Lorsque c’est le cas, la vie du patient est en danger, il n’arrive plus inspirer et expirer normalement. Les poumons ne peuvent plus se fournir correctement en oxygène en le transitant vers le sang. Le patient a donc besoin d’être aidé dans la mécanique de respiration. C’est là qu’il est placé en réanimation, sous respiration artificielle.

La machine qui est utilisée, le fameux respirateur, permet d’intuber le patient. Cette machine respire à la place des voies respiratoires naturelles, menant l’air jusqu’aux poumons et rétablissant l’oxygénation du sang. Le respirateur est contrôlé par le personnel médical via une interface placée à côté du patient. Des prises de sang régulières sont nécessaires pour vérifier les niveaux d’oxygène et les soins qu’implique la réanimation ne s’arrêtent pas là. L’intubation nécessite en général que le patient en détresse respiratoire soit placé dans un coma artificiel, grâce à du curare, afin de supporter la ventilation artificielle quand elle est invasive. Dans ces cas-là, le personnel médical doit changer régulièrement la position du patient, en le mettant sur le ventre, pour éviter des lésions aux poumons ou pour essayer de profiter des alvéoles encore fonctionnelles. Cette pratique est très délicate à réaliser. Elle réclame jusqu’à cinq personnes, d’où l’importance d’équipes qui ne sont pas en sous-effectif.

La réanimation, grâce au respirateur artificiel, sert à assurer la survie des patients jusqu’à ce que leur corps puisse à nouveau assurer naturellement la fonction de respiration. Cela dure donc un grand nombre de jours, une douzaine en moyenne d’après les services d’Ile-de-France par exemple.

Tous les modèles ne se valent pas contre Covid-19

En France, pour combler la pénurie, une initiative étatique à l’aide du fleuron de l’industrie française Air Liquide avait été lancée fin mars pour produire pas moins de 10 000 respirateurs, censés être livrés autour de 15 mai. Cette livraison fait, depuis le 23 avril, l’objet d’une polémique : une enquête de Franceinfo révèle que 8 500 d’entre eux sont tout simplement inadaptés aux malades de Covid-19 et, de fait, inutilisables pour de la réanimation longue. Le ministre de la Santé Olivier Véran a toutefois contesté le caractère inutile de ces 8 500 respirateurs, justifiant leur potentiel usage comme dernier recours, mais aussi pour des transports de malades.

Un quiproquo similaire s’est posé aux États-Unis. Le milliardaire Elon Musk avait assuré un joli coup de com en commandant 1 000 respirateurs pour soulager les hôpitaux et en publiant les photos sur le web. Problème : ce n’est pas le modèle dont les établissements médicaux ont besoin. Le milliardaire a fait livrer des respirateurs de ventilation en pression positive continue, et plus précisément un modèle portable déposé (BiPAP). Il s’agit d’une version dite « non-invasive » de ventilation artificielle, où un masque étanche est déposé sur le visage du patient. S’il est possible de réanimer de nombreux patients atteints par Covid-19 par cette ventilation plus légère, les patients atteints par les formes très graves ont inversement besoin d’une ventilation dite invasive. L’intubation pénètre alors dans les voies respiratoires. Cette deuxième catégorie de respirateurs artificiels concerne les plus lourds d’entre eux, les plus chers (jusqu’à 50 000 dollars), et ce sont ceux dont les hôpitaux manquent le plus.

La polémique française repose également sur une question d’insuffisance des modèles. Les 8 500 qui ont été livrés relèvent d’une ventilation légère, ils ne sont pas assez lourds pour venir en aide aux patients subissant une détresse respiratoire aigüe de haut niveau comme Covid-19 peut provoquer. Les 1 500 respirateurs restants sur les 10 000 sont en revanche des Monal T60, des respirateurs artificiels invasifs tels qu’il en faut contre les cas graves de Covid-19. En tout cas, pour le ministre de la Santé, l’achat des 8 500 respirateurs de ventilation légère se justifie comme « respirateurs d’urgence et de transport », visant à éviter des solutions de fortune et commandés à un moment où les admissions en réanimation augmentaient en pic. Il précise que d’ici fin juin, la France devrait disposer de 15 000 respirateurs de réanimation et 15 000 respirateurs d’urgence, « une quantité supérieure aux besoins exprimés et anticipés ».

Mais puisque les États comme la France tardent à se faire livrer, relevons que les initiatives technologiques et scientifiques d’entraide pour trouver des solutions innovantes sont nombreuses, afin d’aider les hôpitaux à se sortir de cette pénurie de respirateurs artificiels. Les physiciens du CERN ont par exemple eu l’idée de modifier leurs systèmes destinés à régler les flux de gaz des accélérateurs de particules.

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