Alors que de nombreux scientifiques dénoncent le début d’une sixième extinction de masse, on ne compte plus le nombre d’espèces devenant de plus en plus vulnérables face à la pollution et au changement climatique. Sur la décennie 2010, plus de 400 espèces se sont éteintes. Il y a quelques jours, nous évoquions déjà le danger quew fait peser la pollution lumineuse sur les lucioles. Une étude publiée ce 7 février 2020 dans Science fait la lumière sur les menaces pesant sur une autre espèce : les bourdons.
Les insectes s’éteignent sur la surface du globe, ce n’est plus un secret. Sur les 35 dernières années, ce sont 45 % des invertébrés qui ont disparu. Les bourdons font partie des espèces les plus menacées. Mais jusqu’à maintenant, les preuves scientifiques pointaient essentiellement du doigt les pesticides. Les néonicotinoïdes, plus précisément, sont toxiques pour bon nombre d’insectes pourtant essentiels aux écosystèmes, dont les abeilles et les bourdons.
L’étude publiée ce 7 février s’est penchée sur 66 espèces occidentales de bourdons. Les chercheurs ont comparé les taux de populations enregistrés entre 1901 et 1974 avec ceux enregistrés entre 2000 et 2014. Ils ont mis ces données en relation avec des informations environnementales sur leurs habitats, comme les températures et les précipitations, afin d’évaluer les limites thermiques supportées par les bourdons.
Pourquoi les bourdons disparaissent-ils ?
Les auteurs avancent un chiffre de disparition de l’ordre de 30 % à l’échelle d’une génération humaine. Sur les 115 dernières années, la population de bourdons a chuté de 17 % en Europe et de 46 % en Amérique du Nord. Les pourcentages étaient les plus forts dans les régions devenues les plus arides.
La conclusion de cette étude est bien là : les bourdons s’adaptent très mal aux fortes températures. Le changement climatique, qui implique un réchauffement planétaire, est donc l’une des causes de leur disparition progressive, au moins autant que les pesticides. Pour les auteurs de l’article, il ne fait aucun doute que le taux de déclin des bourdons entre dans le cadre d’une sixième extinction de masse. « Nous savons que cette crise est entièrement conduite par les activités humaines », précise même l’écologue et co-auteur Peter Soroye. À ce rythme, selon lui, des espèces pourraient disparaître totalement en quelques décennies.
L’étude contient un complément qui apporte un peu d’espoir : les changements dans le climat ont aussi ouvert aux bourdons des régions qui étaient auparavant trop froides ou trop sèches pour eux. Mais la limite à cette bonne nouvelle est que le taux de colonisation de ces nouveaux lieux habitables est bien inférieur au taux de déclin dans les régions devenues moins habitables.
Des pollinisateurs essentiels
Pour Peter Soroye, le cas pratique des bourdons est la preuve d’un phénomène plus global : « Nous savons depuis quelque temps que le changement climatique est relié au risque grandissant d’extinction auquel les animaux font face dans le monde. Dans ce papier, nous offre une réponse aux questions critiques de comment et pourquoi et ce que c’est. Nous avons trouvé que les extinctions d’espèces sur deux continents sont causées par des températures plus chaudes et plus fréquemment extrêmes. »
Le déclin d’une espèce n’est jamais un problème isolé. Ce sont tous les écosystèmes qui sont alors concernés. Abeilles et bourdons sont des pollinisateurs essentiels, dont de nombreuses plantes ont besoin pour se reproduire. Le déclin de ces insectes volants peut être le moteur d’une réaction en chaîne qui, d’ailleurs, est susceptible d’avoir un impact sur les productions alimentaires dédiées aux humains. C’est notamment le cas pour les tomates et certains légumes.
Peut-on encore sauver les bourdons et les autres espèces ?
Ce qu’il y a de positif, dans cette étude, c’est l’étude elle-même. Cette technique de modélisation des disparitions en fonction des changements du climat peut continuer à être utile pour la recherche. L’outil développé par les chercheurs peut être élargi à d’autres insectes et animaux, et ainsi, il peut aider à prédire les lieux où des espèces sont tout particulièrement en danger.
« Prédire pourquoi les bourdons et d’autres espèces sont en train de s’éteindre si rapidement, à cause d’un changement climatique causée par les humains, pourrait nous éteindre à éviter des extinctions au 21e siècle. » Aux yeux des chercheurs impliqués dans cette étude, si les effets du changement climatique font déjà des ravages, il est encore temps d’agir et des techniques comme celles-ci peuvent permettre d’agir efficacement avant qu’il ne soit trop tard.
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