Le « cœur » de Pluton, une région gelée à la surface de l’astre, aurait une influence inattendue sur l’atmosphère de la planète naine. Cette région jouerait un rôle dans le climat de l’astre et la manière dont soufflent ses vents.

Le « cœur battant » de Pluton influencerait les vents à la surface de l’astre. Des scientifiques sont arrivés à cette conclusion dans une étude publiée le 4 février 2020 au sein de la revue Journal of Geophysical Research: Planets.

« Notre travail confirme qu’en dépit d’une surface gelée et d’une atmosphère ténue, le climat de Pluton est remarquablement actif », constatent les auteurs de cette étude. Le « cœur » de Pluton ne désigne non pas son noyau, mais une région située à la surface de la planète naine. Elle est baptisée région Tombaugh, en référence au découvreur de Pluton, Clyde Tombaugh. La structure a été identifiée dans les images prises par la sonde New Horizons en 2015.

Quel rôle joue ce « cœur » d’azote dans le climat de Pluton ?

Ce « cœur » d’azote pourrait jouer un rôle inattendu dans la régulation de l’atmosphère plutonienne. De l’azote gelé recouvre en partie la région Tombaugh. « À des endroits proches des dépôts de N2 [ndlr : le diazote, une molécule composée de 2 atomes d’azote], des vents catabatiques peuvent être équilibrés en journée par la sublimation et renforcés pendant la nuit par la condensation », écrivent les auteurs. Les vents catabatiques sont provoqués par de l’air froid qui descend les pentes d’un relief.

Au cours de la journée, une infime partie de cette couche gelée se réchauffe et se change en vapeur. Pendant la nuit, cette vapeur se condense puis redevient de la glace. C’est un peu comme si, à chaque nouvelle séquence, le « cœur » de Pluton battait véritablement. Ce faisant, il contribue à créer des vents d’azote sur la planète naine, résume un communiqué présentant la découverte.

Des vents poussés dans une direction surprenante

Ce cycle a un effet sur la circulation de l’atmosphère de Pluton, poussée dans la direction inverse du sens de rotation de la planète. « L’atmosphère et les vents de Pluton — même si la densité de son atmosphère est très faible — peuvent avoir un impact sur sa surface », résume Tanguy Bertrand, chercheur postdoctoral membre du Ames Research Center de la Nasa et co-auteur de l’étude, cité dans le communiqué.

Pour étudier la manière dont les vents circulent à la surface de Pluton, les scientifiques ont utilisé les données obtenues lors du survol de l’astre par la sonde New Horizons, qui a été envoyée dans l’espace par la Nasa en 2006. À l’aide d’un modèle de prévisions météorologiques, les auteurs ont ensuite simulé le cycle de l’azote sur la planète naine.

Ces nouvelles informations sur l’atmosphère de Pluton pourraient rendre la planète naine encore plus unique qu’elle ne l’est déjà. Nul autre corps du système solaire ne possède un tel cycle, à part peut-être Triton, l’une des lunes de Neptune.


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