C/2019 Q4 Borisov, la comète qui pourrait devenir le prochain visiteur interstellaire connu, s’approche du Soleil. Lors de sa visite, pourrons-nous espérer l’observer dans le ciel ? Interrogés par Numerama, deux spécialistes répondent.

La comète C/2019 Q4 Borisov devrait nous rendre visite dans quelques mois. L’objet pourrait devenir le deuxième visiteur interstellaire à entrer dans le système solaire, après Oumuamua. Officiellement classé comme une comète depuis le 11 septembre 2019 par le Centre des planètes mineures (MPC), le corps céleste va s’approcher à 300 millions de kilomètres de la Terre. C/2019 Q4 Borisov atteindra alors son périhélie, c’est-à-dire le point de sa trajectoire le plus proche du Soleil, le 8 décembre.

Peut-on espérer pouvoir observer la comète lors de sa visite ? C/2019 Q4 Borisov restera assez éloignée de la Terre et doit passer au-delà de l’orbite de Mars. « J’ai peu d’espoir qu’on puisse l’observer, explique Eric Chariot, président de la Société Astronomique de Bourgogne, interrogé par Numerama. À son maximum de luminosité (au plus proche de la Terre), elle ne serait visible qu’avec un gros instrument et ne ressemblerait qu’à un point fiable parmi d’autres. Je ne suis pas sûr qu’on arriverait à en détecter l’activité cométaire. »

La trajectoire de la comète dans le système solaire. L'orbite de la Terre est en bleu. // Source : Capture d'écran JPL Small-Body Database Browser

La trajectoire de la comète dans le système solaire. L'orbite de la Terre est en bleu.

Source : Capture d'écran JPL Small-Body Database Browser

« Noyée dans les lueurs du crépuscule »

La difficulté d’observer la comète s’explique par le fait qu’elle va se trouver non loin de notre étoile. « Elle passe derrière le Soleil et s’en approche de plus en plus. Au plus proche de la Terre, elle sera noyée dans les lueurs du crépuscule », complète Eric Chariot.

« Estimer précisément quelle sera l’évolution de la magnitude (ce que les astronomes utilisent pour mesurer la brillance apparente des objets) des comètes est périlleux, car ces objets peuvent réserver des surprises », complète Sébastien Derriere, astronome à l’Observatoire de Strasbourg. Le spécialiste nous indique qu’une magnitude de 15 est prévue pour la comète en décembre. Que veut dire cette mesure ? « Plus la valeur est petite, plus l’objet est brillant, ajoute l’astronome. Les étoiles les plus brillantes du ciel ont une magnitude apparente autour de zéro. Les plus faibles visibles à l’œil nu ont une magnitude 5 ou 6. »

Même un télescope amateur ne suffira pas

C/2019 Q4 Borisov ne devrait donc pas briller suffisamment pour être observable à l’œil nu, ni même avec des jumelles. « Même avec un télescope amateur, il faudra combiner des expositions multiples pour la détecter sur un capteur numérique », nous précise Sébastien Derriere. Par ailleurs, lorsque C/2019 Q4 Borisov commencera à s’éloigner, « elle ne sera plus visible que dans l’hémisphère sud et encore de plus en plus faiblement », renchérit Eric Chariot.

Il faudra donc compter sur des instruments optiques plus performants pour suivre, et immortaliser, la visite de la comète. Pour l’heure, son origine extérieure au système solaire n’a pas été confirmée. Mais les scientifiques sont enthousiastes, car la comète C/2019 Q4 Borisov présente une différence notable avec Oumuamua : elle a été détectée bien plus tôt, par rapport au moment de son approche. Au cours des mois à venir, les experts pourront suivre attentivement sa trajectoire et peut-être en apprendre davantage sur le système dont la comète est originaire.

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