Et s’il fallait chercher un gaz toxique pour trouver une forme de vie extraterrestre ? Des scientifiques assurent qu’il ne faut pas penser que les exoplanètes présentant du monoxyde de carbone ne sont pas favorables à la vie.

Rechercher un gaz toxique pour tenter de trouver des extraterrestres peut sembler paradoxal. C’est pourtant ce que proposent des scientifiques américains (dont certains rattachés à la Nasa) et japonais dans The Astrophysical Journal le 15 mars 2019.

Le monoxyde de carbone, noté CO, est habituellement considéré comme une « anti-biosignature », écrivent les auteurs. Une biosignature est un élément qui pourrait permettre de prouver l’existence d’une forme de vie sur une exoplanète. Sur Terre, le CO est toxique pour les mammifères et « on suppose souvent qu’il ne s’accumule seulement qu’en l’absence de vie ».

Un détecteur de monoxyde de carbone. // Source : Flickr/CC/Jeff Kubina (photo recadrée)

Un détecteur de monoxyde de carbone.

Source : Flickr/CC/Jeff Kubina (photo recadrée)

Ces exoplanètes ne seraient pas forcément inhabitables

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs assurent que détecter du CO ne signifie pas pour autant que cela est incompatible avec la présence de vie. Cette affirmation pourrait modifier la manière dont la communauté scientifique travaille pour rechercher si des extraterrestres existent sur des planètes situées en dehors de notre système solaire.

« Le nouvel horizon pour chercher la vie au délai du système solaire sera la caractérisation détaillée des atmosphères d’exoplanètes », résument les auteurs. Deux moyens pourront être employés : des télescopes comme James-Webb, ou des observations directes. Or, dans ce contexte, les atmosphères ou surfaces d’exoplanètes présentant des « anti-biosignatures » risquent de pousser les scientifiques à abandonner leurs recherches. Pourtant, cela ne prouve pas nécessairement qu’une planète est inhabitable, mais « juste que la vie est actuellement absente ou limitée », avance cette nouvelle étude.

Une biosphère pourrait exister

Pour montrer que la présence de monoxyde carbone n’est pas « la preuve irréfutable d’une planète stérile », les chercheurs ont créé un modèle d’écosystème dans lequel le CO s’accumule. Ils montrent que cela n’est pas incompatible avec l’existence d’une biosphère (des organismes vivants et le milieu dans lequel ils vivent). Ce pourrait être le cas d’organismes anaérobiques, c’est-à-dire vivants dans un milieu où on ne trouve pas d’oxygène sous forme de dioxygène (O2). Après tout, la Terre elle-même n’aurait commencé à produire de l’oxygène il y a 3,5 milliards d’années — et celui-ci a commencé à être présent dans l’atmosphère 1 milliard d’années plus tard.

Les chercheurs en déduisent que « les arguments d’anti-biosignature tirés du cas Terre-Soleil ne sont pas applicables généralement ». Nous ne devrions pas exclure les exoplanètes dont l’atmosphère contient de grandes quantités de monoxyde de carbone dans nos recherches de la vie extraterrestre. Même si ces astres seraient probablement inhospitaliers pour la vie telle que nous la connaissons sur Terre, cela ne signifie pas qu’ils sont inhabitables pour d’autres formes de vie.


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