L’agence spatiale japonaise n’en a pas encore fini avec l’astéroïde Ryugu. Début avril, il est prévu d’en bombarder la surface pour éclater la couche externe et ainsi faire jaillir de la roche qui est sinon hors de portée de la sonde spatiale nipponne Hayabusa 2. Pour cela, l’engin tirera un projectile en direction du géocroiseur à une vitesse extrêmement élevée, afin de frapper le plus en profondeur possible.
Fin février, l’agence spatiale japonaise a réussi à faire brièvement atterrir Hayabusa 2 sur Ryugu pour récolter quelques dizaines de milligrammes de la surface. Cela parait peu, mais cette opération était entièrement automatisée et s’est déroulée à 300 millions de km de la Terre.
Ce projectile est un impacteur : il pèse 2 kg, a la taille d’une balle de baseball et filera à 2 km/s (7 200 km/h, soit pratiquement Mach 6 : le projectile ira à six fois la vitesse du son). La collision pourrait donner lieu à un cratère de 10 mètres de diamètre et d’un mètre de profondeur, mais ses dimensions pourraient être plus modestes en fonction de la nature du sol et du sous-sol de l’astéroïde.
L’opération, prévue pour le 5 avril, sera délicate. Il faudra d’abord que Hayabusa 2 se rapproche de Ryugu — elle se trouve actuellement à une distance de 20 km — puis qu’elle largue son impacteur, qui contient des explosifs lui permettant de lui faire prendre de la vitesse, et ensuite qu’elle se déplace rapidement de l’autre côté du géocroiseur pour éviter de recevoir des éclats qui l’endommageraient.
Accéder au précieux sous-sol
Si l’agence spatiale japonaise parvient à accomplir une telle manœuvre, elle aura accès à des échantillons très intéressants, puisque ceux-ci n’auront normalement pas été exposés durablement au rayonnement cosmique, par l’effet du Soleil ou par toute autre influence extérieure. Une caméra sera laissée en orbite pour filmer la collision pendant que la sonde se planquera quelques semaines de l’autre côté.
En fonction de la situation autour du cratère nouvellement formé, l’agence spatiale japonaise décidera ou non de procéder à un atterrissage très bref pour collecter le plus d’échantillons avant de se remettre en orbite pour poursuivre l’analyse de Ryugu à distance. Si la zone est trop encombrée à cause de débris aux alentours, le recueil pourrait ne pas avoir lieu.
Quoi qu’il en soit, Hayabusa 2 doit rester en orbite de Ryugu jusqu’à l’automne. En décembre, au plus tard, elle quittera le géocroiseur pour rentrer sur Terre avec sa cargaison. Son retour est prévu courant 2020. Le colis doit être largué au-dessus de l’Australie, dans une zone désertique. C’est de cette façon que les échantillons de la première sonde spatiale Hayabusa avaient été récupérés.
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