Pour éviter de contaminer toute leur colonie, les fourmis ont une stratégie. Une étude détaille comment ces insectes réagissent quand ils sont exposés à un risque d’épidémie.

Les fourmis ont beaucoup à nous apprendre. Ces insectes eusociaux ont développé une stratégie pour éviter que toute la colonie ne tombe malade lorsque certains membres sont contaminés.

Dans une étude publiée le 23 novembre 2018 au sein de la revue Science, des scientifiques autrichiens et suisses présentent comment les fourmis noires des jardins réussissent à éviter qu’une maladie se propage dans leur colonie. Elles changent leur comportement afin d’éviter que les fourmis les plus vulnérables ou importantes soient contaminées.

Les fourmis limitent les interactions au strict minimum en présence d'un agent pathogène. // Source : Pexels/CC/Divij Joshi (photo recadrée)

Les fourmis limitent les interactions au strict minimum en présence d'un agent pathogène.

Source : Pexels/CC/Divij Joshi (photo recadrée)

Éviter les contacts

« Les insectes eusociaux sont un système idéal pour étudier le rôle potentiel de la plasticité des réseaux sociaux pour se défendre d’une maladie », écrivent les auteurs en préambule de leur étude. Les humains et les fourmis ont un point commun : les contacts physiques fréquents entre individus augmentent le risque de transmettre des infections.

Pour observer comment les fourmis adaptent leur comportement, les scientifiques ont exposé un groupe de fourmis à un agent pathogène. La manière dont les insectes se sont comportés a permis d’éviter la transmission de la maladie : les fourmis ont cherché à protéger la reine et les plus jeunes membres du groupe de l’infection.

La reine et les plus jeunes préservés de la maladie

L’organisation du groupe évolue après un premier contact avec l’agent pathogène. Les modifications ont lieu en fonction de l’âge et du rôle social de chaque fourmi. Les plus jeunes fourmis, les infirmières, accordent la priorité au centre de la colonie où se trouvent la reine et les œufs à couver.

De leur côté, les plus vieilles fourmis se mettent en quête de nourriture, une tâche qui les oblige à quitter la colonie et les expose donc davantage aux agents pathogènes.

Le dispositif expérimental sur des fourmis. // Source : Timothée Brütsch

Le dispositif expérimental sur des fourmis.

Source : Timothée Brütsch

Des petits codes sur leur dos

Pour pouvoir tirer ces conclusions, les chercheurs ont dû suivre les mouvements des fourmis : ils ont équipé les 2 266 cobayes de minuscules codes barres. Le dispositif était complété de caméras infrarouges qui ont immortalisé la position des fourmis et leurs interactifs en prenant 2 photos toutes les secondes.

Cette installation a bien montré que les fourmis repèrent rapidement la maladie et agissent pour que leurs interactions limitent le plus possible la transmission. La stratégie des fourmis repose sur des contacts plus rares entre les groupes d’insectes, cloisonnés en fonction des tâches qu’ils exécutent. La reine, les fourmis infirmières et les plus jeunes ouvrières ont moins été exposées à l’épidémie.

Les auteurs assurent que la stratégie des fourmis pourrait être utilisée par d’autres groupes sociaux. À commencer par les humains : lorsque vous avez un gros rhume, les fourmis nous enseignent que vous avez peut-être intérêt à rester chez vous pour vous soigner, mais aussi préserver votre entourage de la maladie.

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