Aux États-Unis, dans le nord-est de la Louisiane, se trouve un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO : Poverty Point. Il est reconnu par l’institution pour ses immenses tertres (c’est-à-dire des monticules de terre) dans la vallée du Mississippi que des humains ont construit de leurs mains il y a 3 500 ans.
Le professeur Tristram R. Kidder et ses collaborateurs de l’université Washington de Saint-Louis viennent de travailler sur les hypothèses probables expliquant l’existence de ces constructions. « On estime qu’ils ont déplacé l’équivalent de 140 000 chargements de camion-bennes de terre, le tout sans chevaux ni roues », détaille le professeur Kidder, en parlant des tertres. « C’était un travail incroyablement difficile. La grande question est : pourquoi ? Quelle était leur motivation ? »
Cette étude a été publiée en septembre 2025 dans la revue Southeastern Archaeology, mais son communiqué n’a été relayé par le site de Science Daily que le 24 novembre.
D’immenses tertres qui cachent à la vue de tous de précieux secrets
Dans ces immenses monticules de terre se cachent d’autres artefacts tout aussi précieux :
- plusieurs milliers de boules en argile servant à la cuisson,
- du cristal de quartz de l’Arkansas,
- de la stéatite de la région d’Atlanta
- ou encore, des parures personnelles faites avec du cuivre provenant des Grands Lacs
Le point commun ? Ils proviennent tous de régions géographiquement éloignées. Ce qui amène le professeur Kidder à conclure : « Ces gens commerçaient et voyageaient sur de longues distances. »

Jusqu’à présent, les théories suggéraient que les humains à l’origine de la construction de Poverty Point formaient une société « hiérarchisée et complexe, avec plusieurs générations d’ouvriers », comme une autre société de bâtisseurs, ceux des tumulus de Cahokia, ayant vécu 1 000 ans plus tard dans l’Illinois.

Aujourd’hui, dans l’article publié, les scientifiques remettent en doute cette interprétation et en proposent une nouvelle théorie : Poverty Point n’aurait pas été un lieu occupé de manière permanente avec une hiérarchie formelle, mais plutôt un lieu de rassemblement provisoire pour « des chasseurs-cueilleurs égalitaires, et non des sujets d’une chefferie puissante », comme l’explique Olivia Baumgartel, doctorante en archéologie et coautrice, citée dans le communiqué.
Un lieu d’offrandes spirituelles et de sacrifices
Ainsi, plutôt que d’être des constructions érigées dans le but de célébrer une classe de personnes supérieures, ces tertres représenteraient un travail collectif pour créer un lieu de rituels, d’offrandes spirituelles et de sacrifices. Le but était de « s’attirer les faveurs d’un univers imprévisible ». En effet, le professeur Kidder raconte qu’« à l’époque de leur construction, le Sud-Est était sujet à des intempéries et à des inondations catastrophiques ».
Avec notre vision occidentale moderne, il est difficile de s’imaginer se déplacer aussi loin et travailler aussi dur pour un but si peu concret et sans en tirer de gain économique. Mais, « en tant qu’archéologues, nous devons rester ouverts à différentes perspectives », a déclaré l’auteur principal de l’étude. Avant de conclure : « Nous pensons, quant à nous, qu’ils éprouvaient une responsabilité morale de réparer un univers déchiré. »
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