Google est une entreprise que l’on connait avant tout pour son célèbre moteur de recherche sur le web. On l’associe sans peine à des noms comme YouTube (vidéo), Android (système d’exploitation), Chrome (navigateur web) ou Gemini (IA générative). Mais c’est aussi accessoirement une boîte qui compte cinq prix Nobel dans ses rangs. Rien que ça.
L’annonce, le 7 octobre, des lauréats du prix Nobel de Physique 2025 a même été l’occasion pour la firme de Mountain View de quasi-doubler ce contingent. En effet, parmi les trois récipiendaires de la prestigieuse distinction, on trouve deux personnalités travaillant ou ayant travaillé pour le géant de la tech, dont le Français Michel Devoret.
Pour cette année, le comité Nobel a salué les travaux de trois scientifiques « pour la découverte de l’effet tunnel quantique macroscopique et de la quantification de l’énergie dans un circuit électrique ». Cela récompense les recherches du Français Michel Devoret, donc, mais aussi du Britannique John Clarke et de l’Américain John Martinis.

C’est quoi l’effet tunnel en physique quantique ?
C’est quoi, ce fameux effet tunnel ? C’est un phénomène propre à la physique quantique où une particule, par exemple un électron, peut se mettre à « passer au travers » quelque chose, comme si un tunnel s’ouvrait devant lui, au lieu d’être stoppé. D’ordinaire, cette propriété étonnante se constate à une échelle infinitésimale.
La prouesse de Michel Devoret, John Clarke et John Martinis est d’avoir pu reproduire cette bizarrerie en géant (d’où la notion « macroscopique »). En effet, l’une des questions majeures en physique est de savoir jusqu’à quelle taille maximale des effets quantiques peuvent être exécutés. En somme, à quel moment ces comportements surprenants cessent.
Ici, les trois physiciens ont réussi à conduire des expériences « avec un circuit électrique dans lequel ils ont démontré à la fois l’effet tunnel quantique et les niveaux d’énergie quantifiés dans un système suffisamment grand pour tenir dans la main », souligne le comité. C’est remarquable, car l’étrangeté de la physique quantique se manifeste plutôt à une échelle atomique.


De fait, ajoute l’Académie royale des sciences de Suède à Stockholm, qui gère le Nobel de physique, ces avancées ont contribué « à ouvrir des perspectives pour le développement de la prochaine génération de technologies quantiques, notamment la cryptographie quantique, les ordinateurs quantiques et les capteurs quantiques. »
Cinq prix Nobel chez Google : une entreprise tech pas comme les autres
C’est là que la jonction avec Google apparaît. Car au-delà des services et des produits très grand public, la société californienne est aussi très investie dans des technologies de pointe et de la recherche avancée. De la robotique au véhicule autonome, en passant par l’intelligence artificielle, sans oublier, évidemment, le quantique, avec la quête de l’ordinateur quantique.
Parmi les trois lauréats, Michel Devoret (qui officie à l’université de Californie et à Yale) et John Martinis (Californie) travaillent ou ont travaillé pour Google. Le Français occupe d’ailleurs le poste de scientifique en chef du matériel quantique chez Google Quantum AI. John Martinis, lui, a aussi été dans cette équipe de 2014 à 2020.
Avant cela, Google avait pu célébrer en 2024 trois autres prix : deux du côté du prix Nobel de chimie (également supervisé par l’Académie royale des sciences de Suède) et un du côté du prix Nobel de physique. En clair, Google est passé de zéro Nobel dans ses rangs à cinq, signant — et récompensant — son investissement jusque dans la recherche fondamentale.
Dans le détail, les lauréats Nobel liés à Google sont indiqués en gras :
- l’Américain David Baker (Pour le design numérique de protéines) ;
- le Britannique Demis Hassabis et le Britanno-Américain John Jumper (Pour la prédiction de la structure de protéines) ;
- l’Américain John Hopfield et le Britanno-Canadien Geoffrey Hinton (Pour leurs découvertes et inventions fondamentales qui ont rendu possible l’apprentissage automatique à l’aide de réseaux de neurones artificiels) ;
Prix Nobel de physique 2025
- le Français Michel Devoret, le Britannique John Clarke et l’Américain John Martinis (pour la découverte de l’effet tunnel quantique macroscopique et de la quantification de l’énergie dans un circuit électrique)

Le rôle central de l’informatique de pointe
Si pour Geoffrey Hinton (université de Toronto) le lien avec Google est limpide vu le sujet ayant été récompensé (l’apprentissage automatique et les réseaux de neurones artificiels sont liés à l’intelligence artificielle), il est sans doute moins perceptible du côté de la chimie et de la prédiction de la structure de protéines.
Pourtant, c’est bien à deux responsables de Google DeepMind (une filiale de l’entreprise américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle) que le prix est revenu. La raison ? Ils ont permis des avancées en biologie grâce à l’emploi d’outils informatiques avancés. Là encore, l’IA a été au cœur pour explorer des structures et des combinaisons de protéines.

En fin de compte, c’est un Nobel de chimie à la croisée de la biologie et de l’informatique. Comme le résumait Alessandra Carbone, Professeur d’informatique à Sorbonne, en 2024 : « En travaillant sur les protéines grâce à des outils informatiques, ces trois chercheurs ont permis de mieux comprendre ces molécules indispensables à la vie. »
Bien sûr, Google n’a pas manqué de célébrer cela. « Félicitations à Michel Devoret, directeur scientifique de Google Quantum AI spécialisé dans le matériel quantique, qui a reçu aujourd’hui le prix Nobel de physique 2025. Google compte désormais cinq lauréats du prix Nobel parmi ses rangs, dont trois prix remportés au cours des deux dernières années. ».
De fait, Google se distingue désormais parmi les quelques entreprises qui ont eu dans leurs rangs plusieurs prix Nobel. On pense notamment à IBM (six lauréats en physique et en chimie), mais aussi aux laboratoires Bell (on en compte onze). Et cela, sans parler d’éventuelles d’autres récompenses très prestigieuses, comme le prix Turing (le Nobel de l’informatique).
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