Les « rogue waves », ces vagues géantes, parfois appelées « vagues scélérates » en français, terrifiaient autrefois et terrifient encore aujourd’hui, les marins. Longtemps considérées comme des mythes, elles se sont pourtant avérées bien réelles et surtout, ne pas provenir de forces mystérieuses mais plutôt de la combinaison hasardeuse de plusieurs phénomènes physiques.
C’est ce qu’explique une étude publiée dans la revue Nature’s Scientific Report en juillet 2025 et diffusée le 8 septembre 2025 par le site Science Daily. Menée par Francesco Fedele de l’École de génie civil et environnemental de l’université américaine Georgia Tech, l’étude permet de comprendre un peu mieux la formation de ces vagues géantes pour mieux les prévoir.
18 ans d’analyse pour comprendre les vagues scélérates
L’étude tire ses conclusions de l’analyse de 27 500 enregistrements venant de vagues analysées en mer du Nord, et ce, pendant 18 ans. Pour chaque vague, la hauteur, la fréquence et la direction, ont été étudiées.
Francesco Fedele, dernier auteur de l’étude, déclare dans le communiqué de presse de l’université de Georgia Tech : « Les vagues scélérates suivent l’ordre naturel de l’océan, et ne sont pas des exceptions à cet ordre. C’est la preuve concrète [l’étude ] la plus concluante à ce jour. »


Jusqu’à présent, les scientifiques expliquaient la formation des « vagues scélérates » par un phénomène appelé l’instabilité modulationnelle. C’est un phénomène par lequel « de légers changements de synchronisation et d’espacement entre les vagues entraînent une concentration d’énergie en une seule vague », explique le communiqué. Chaque vague « normale » se décale et, ensemble, elles forment alors une seule très grande vague.
Ce phénomène se produit surtout quand les vagues sont concentrées en un seul endroit, comme lors des expériences en laboratoire. Plus difficile à reproduire en revanche dans la mer où l’énergie se disperse dans de multiples directions.
Une combinaison de deux phénomènes plus simples
D’ailleurs, les scientifiques montrent dans leur étude que les vagues géantes sont plutôt le résultat de deux phénomènes qui se combinent pour donner cette taille énorme aux vagues.
Comme l’explique le communiqué de presse de l’étude, ces phénomènes sont appelés :
- la focalisation linéaire : c’est le fait que des vagues, qui se déplacent à des vitesses et dans des directions différentes, se retrouvent alignées au même endroit et au même moment pour « s’additionner » et former ensemble une seule vague beaucoup plus haute.
- la non-linéarité du second ordre : le communiqué explique que ce phénomène amène les vagues à s’étirer, et donc à rendre « sa crête plus raide et plus haute tout en aplatissant son creux ». À lui seul, ce phénomène augmente la taille des vagues de 15 à 20 %.
Cette découverte a toute son importance pour permettre de mieux prévoir ces vagues destructrices. Ces recherches sont déjà utilisées par la National Oceanic and Atmospheric Administration et le groupe énergétique Chevron pour essayer de prédire la formation des vagues géantes.

Aujourd’hui, le scientifique et dernier auteur de l’article, utilise le machine learning (l’apprentissage automatique) pour analyser des données récoltées depuis plus de 10 ans, sur des vagues. Le but ? Réussir à repérer des combinaisons de critères qui précèderaient la formation de vagues géantes et créer un moyen toujours plus précis aux prévisionnistes. Parce que chaque vague géante porte une sorte de « marque », des vagues structurées avant et après son « pic » qui signent sa présence.
« Les vagues scélérates sont, tout simplement, une mauvaise journée en mer », conclut Francesco Fedele. « Ce sont des événements extrêmes, mais ils font partie du langage de l’océan. Nous apprenons enfin à les écouter. »
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