Dix jours après le premier vol d’essai du Starship dans sa version complète, Elon Musk a donné quelques éléments supplémentaires. Le fondateur de SpaceX a notamment révélé que l’autodestruction de la fusée n’a pas marché comme prévu

C’est une mesure de sécurité pour les fusées. Quand les choses tournent mal, la salle de contrôle au sol a la possibilité d’envoyer un signal pour commander l’autodestruction d’un lanceur. Dans certaines circonstances, l’ordinateur de bord peut aussi procéder à l’explosion du véhicule, en cas de défaillance grave de la structure, par exemple.

Le Starship, lors de son vol d’essai, était, lui aussi, équipé de ce mécanisme. Une disposition d’autant plus nécessaire qu’il s’agissait justement d’un test, où tout peut mal tourner. Il s’avère néanmoins qu’il n’a pas fonctionné comme prévu. C’est ce qu’a dévoilé Elon Musk au cours du week-end, lors d’un « Twitter Spaces », une conférence audio organisé sur le réseau social.

Une autodestruction qui ne marche pas tout de suite

« C’est après 85 secondes de vol que les choses ont vraiment commencé à se gâter », a relevé Elon Musk, cité par le New York Times. La fusée, faute de parvenir à maintenir le cap dans la bonne direction, a commencé à prendre une trajectoire aléatoire. Cela s’est vu en vidéo, mais aussi sur les photos prises sur place, montrant un lanceur allant dans tous les sens.

C’est alors qu’une commande d’autodestruction automatique s’est déclenchée pour mettre fin au vol erratique du Starship. Or, il s’avère que celle-ci n’a pas réussi à détruire immédiatement le lanceur. Il s’est écoulé pas moins de 40 secondes avant qu’elle n’éclate finalement. 40 secondes durant lesquelles le lanceur demeurait toujours incontrôlable.

Explosion du Starship. // Source : Capture d'écran YouTube AFP
Explosion du Starship. // Source : Capture d’écran YouTube AFP

« Il a fallu beaucoup trop de temps pour que les réservoirs se rompent », a admis le fondateur de SpaceX. Cette miniconférence audio, qui a duré près d’une heure, a été l’occasion pour Elon Musk de balayer plusieurs sujets autour de ce premier essai en vol avec le Starship dans sa version complète. L’occasion aussi pour lui de dire que le vol est, selon lui, plutôt une réussite — ce qui est discuté.

Ces 40 secondes nécessaires pour détruire la fusée montrent, selon Elon Musk, que la structure du Starship est plus résistante que ce à quoi s’attendait SpaceX. Ou bien que les ingénieurs n’avaient pas placé assez d’explosifs pour entraîner le fameux « désassemblage rapide imprévu » — une formule qu’aime utiliser Elon Musk pour évoquer indirectement une explosion.

Pour le prochain lancement, davantage d’explosifs devraient être placés dans les lanceurs, afin de garantir une destruction immédiate, si les fusées sont considérées comme perdues. Le tir d’après est attendu dans quelques mois, sans beaucoup plus de précision. Selon Elon Musk, il doit y avoir quatre à cinq tirs de Starship en 2023.

D’autres vols d’essai promis en 2023

Il reste à savoir quand ces vols pourront avoir lieu. Le premier essai du Starship a été beaucoup plus mouvementé que prévu : outre la perte du lanceur quatre minutes à peine après le décollage, il a été constaté que certains moteurs n’ont pas marché à l’allumage. D’autres sont tombés en panne en plein vol. Enfin, l’autodestruction de la fusée n’a pas marché dans les temps.

Par ailleurs, le test a aussi marqué les environs. Le pas de tir accueillant la fusée a été en partie abîmée par l’essai — le béton sous la fusée a éclaté, par exemple, et des débris ont été propulsés très loin aux alentours. L’évènement a été décrit par le journal américain comme une « tornade de pierres ». Préoccupant, d’autant qu’il y a des réserves naturelles protégées à proximité.

SpaceX a beaucoup de travail devant lui pour démontrer un deuxième tir beaucoup plus maîtrisé, même si la fusée n’arrive pas à destination. Elon Musk, par exemple, a promis l’installation d’une plaque d’acier sous la fusée, refroidie par eau. Elle servira à protéger le béton situé sous la fusée.

En principe, le Starship doit être prêt pour la fin de l’année 2025, car il doit servir pour la mission Artémis 3. Ce calendrier paraît irréaliste, aujourd’hui.


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