Le plastique est partout. Sous sa forme microscopique, on peut en trouver jusqu’en Arctique ou dans le sang humain. Les animaux y sont particulièrement exposés. C’est le cas des baleines, qui en ingèrent des tonnes, mais aussi des oiseaux. Une équipe scientifique du Muséum d’histoire naturelle de Londres a pu caractériser l’émergence d’une nouvelle maladie chez des oiseaux marins — le Puffin à pieds pâles — provoquée par l’ingestion du plastique. Ils publient leur étude dans Journal of Hazardous Materials, également repérée par le Guardian le 3 mars 2023.
Ils ont baptisé l’affection qui touche ces oiseaux de « plasticosis ». Elle a été particulièrement identifiée chez les plus jeunes de l’espèce, probablement car les parents apportent de la nourriture contaminée au plastique. Les lésions démarrent assez tôt chez ces individus.
À quoi ressemble la « plasticosis » ?
Les oisillons ont été retrouvés avec des lésions au sein même de leur tube digestif. C’étaient des « tissus cicatriciels étendus », conduisant à l’émergence d’une fibrose. Plus les oiseaux avaient ingéré de plastique, plus ces cicatrices étaient proéminentes. Les auteurs ont pu éliminer l’effet des matériaux naturels qui ne causent pas les dégâts observés chez ces individus.
« La pathologie était causée directement par le plastique, plutôt que par des éléments naturels comme la pierre ponce », mettent en avant les auteurs, ajoutant en conclusion du papier que cela « met également en évidence les propriétés pathologiques uniques du plastique ».
Les lésions sont larges, chroniques et causeraient des changements « potentiellement irréversibles » dans la structure des tissus et leur fonction. De quoi causer des dommages importants au système digestif ou au foie. « Si ces oiseaux peuvent paraître en bonne santé à l’extérieur, ils ne se portent pas bien à l’intérieur », précise Alex bond, auprès du Guardian, en tant que conservateur principal en charge des oiseaux au Musée d’histoire naturelle.
De précédents travaux avaient déjà montré que le plastique pouvait provoquer ce type de lésions chez des animaux sauvages, mais celles-ci avaient été effectuées en laboratoire — en environnement contrôlé. En l’occurrence, les oiseaux étaient sauvages. De fait, cela démontre la capacité du plastique à « induire directement la formation de tissu cicatriciel grave et à l’échelle de l’organe […] chez les animaux sauvages vivant en liberté, ce qui est susceptible de nuire à leur santé et à leur survie », alertent les auteurs. Ces derniers estiment donc que cette nouvelle maladie, la plasticosis, devrait officiellement être reconnue.
Même si cette étude se concentre sur une seule espèce d’oiseaux dans un seul lieu, ils considèrent qu’il s’agit là d’un symptôme d’une pathologie qui pourrait s’avérer bien plus répandue, et jusqu’alors peu documentée. Cela pourrait croître, puisque la pollution au plastique semble s’accroître à l’heure actuelle.
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