La Nasa et SpaceX réfléchissent à un plan d’action dédié à Hubble. La Nasa laisserait SpaceX envoyer une navette pour « pousser » le télescope spatial afin de le mettre sur une orbite plus haute.

Les choses sont claires : la Nasa n’a pas l’intention de mener ou de financer une mission d’entretien pour Hubble. Ce n’est pas dans ses plans. L’agence n’a plus de vaisseau capable de rejoindre le télescope spatial. Sa navette spatiale a été retirée du service en juillet 2011. La seule chose concevable, ce sont des interventions à distance, de maintenance ou de correction.

Dès lors, pourquoi ne pas confier cette tâche à un tiers de confiance qui aurait cette compétence que n’a plus la Nasa ? C’est justement la réflexion de l’agence, avec une étude de six mois avec SpaceX, annoncée le 29 septembre. L’idée générale : évaluer s’il est possible de se servir d’un véhicule de l’entreprise américaine pour atteindre Hubble sans l’abîmer et, éventuellement, le manœuvrer.

Dragon
Et si une capsule Dragon venait pousser Hubble ? // Source : Shane Kimbrough

SpaceX a développé une capacité d’accès à l’espace avec son lanceur Falcon 9 (qui peut être décliné dans une version plus musclée, avec le Falcon Heavy). Il a fabriqué des capsules qui peuvent transporter du fret ou du personnel, avec une capacité de navigation en orbite autour de la Terre — pour rallier la Station spatiale internationale, à environ 400 km d’altitude.

Hubble est une cible à portée de SpaceX

Il s’avère que le télescope spatial Hubble n’est pas si loin non plus : il est placé à 600 km d’altitude, une distance que pourrait couvrir un vaisseau SpaceX. La société l’a prouvé avec la mission Inspiration4, avec un passage à 585 km. Elle sait aussi se caler à la vitesse propre de sa cible : lorsqu’elles atteignent l’ISS, les capsules se connectent en douceur au dock.

L’agence spatiale américaine précise ne pas avoir spécialement envie de travailler avec SpaceX sur ce sujet. À vrai dire, des contributions additionnelles sont aussi les bienvenues, avec des lanceurs et des vaisseaux différents. Cela étant, il est vrai qu’il y a beaucoup plus de chances que la Nasa signe un plan avec SpaceX, compte tenu de son avance, de son expertise et de son expérience.

SpaceX est en fait très intéressé par un éventuel programme d’entretien sur Hubble, car cela serait l’occasion d’acquérir des compétences supplémentaires qui pourront lui resservir. L’entreprise américaine prépare un programme, appelé Polaris, dont le premier volet vise à mener une sortie extra-véhiculaire — ce sera une première pour une société privée.

Hubble en 2002. // Source : Flickr/CC/Nasa (photo recadrée)
Hubble en 2002. Le télescope spatial est très proche de la Terre. // Source : Nasa

Les principales problématiques incluent le rendez-vous spatial entre Hubble et le vaisseau (de SpaceX ou d’un autre), l’amarrage en douceur pour ne pas occasionner de dégâts et la capacité de pousser le télescope pour le placer sur une autre orbite, plus stable. Avec le temps, la trajectoire de Hubble se dégrade. Ce coup de « boost » prolongerait sa carrière de quelques années.

Les conclusions de l’étude aboutiront peut-être à des changements de design sur le vaisseau, pour bien s’interfacer à Hubble.

Il n’est pas évoqué, pour le moment, l’idée de combiner une telle opération avec une maintenance humaine, c’est-à-dire des astronautes embarquant dans la capsule en vue de remplacer un composant sur Hubble, par exemple. Mais à moyen et long terme, on devine que les réflexions actuelles entre la Nasa et SpaceX, ou un autre, pourraient déboucher sur ce type d’intervention.

La fin de vie de Hubble n’est pas prévue pour maintenant — sa carrière s’achèverait vers 2030 ou 2040. L’assistance apportée par une (ou plusieurs, sur des années ?) poussée de SpaceX pourrait peut-être modifier cette échéance. Mais au-delà de Hubble, ce plan pourrait plus généralement servir à d’autres engins spatiaux, pour les remettre sur une bonne orbite.


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