Quatre ans après sa disparition, un nanosatellite français a redonné signe de vie. PicSat n’est pas mort. Et il y a peut-être une chance de le relancer.

Il y a des détections qui tiennent du petit miracle. Ce qu’il vient de se passer avec le nanosatellite français PicSat relève d’une chance inouïe. Alors que l’on pensait avoir perdu cet engin pour toujours, il y a quatre ans, un signal de sa part a été reçu le 22 juin 2022. Et déjà, d’aucuns se disent qu’il pourrait enfin accomplir la mission pour laquelle il était destiné.

C’est LESIA Astro qui a annoncé la bonne nouvelle sur Twitter. PicSat « vient de renvoyer un signal après quatre et demi de silence radio ». Depuis cette date, « on se croyait perdu, promis à se désintégrer dans l’atmosphère terrestre en silence ». Mais l’engin est bien actif et sûrement bien plus opérationnel qu’on ne le croit. Un diagnostic de sa santé est d’ores et déjà planifié.

C’est une nouvelle inespérée pour LESIA — le Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique Physique solaire, Planétologie, Physique stellaire, Plasma, Haute Résolution Angulaire. Le message a eu droit aux applaudissements du Centre national d’études spatiales, qui est en quelque sorte la Nasa française.

Ce qui est encore plus remarquable, c’est que des particuliers étaient toujours à l’écoute. « PicSat est réveillé ! Plusieurs radioamateurs ont reçu des télémesures du satellite », écrit le compte Amsat-f le 22 juin. « Content de vous voir ! 42 trames de balises [des sortes de signaux] démodulées lors de votre dernier passage au-dessus de la France », relève pour sa part L’Electrolab.

PicSat devait observer l’activité d’une exoplanète

L’aventure de PicSat remonte à 2018, au tout début de l’année. Il devait avoir pour mission d’observer l’exoplanète Beta Pictoris b quand elle passera devant son étoile, Beta Pictoris. C’est ce qu’on appelle la méthode du transit en astronomie. Un corps se positionne entre l’observateur un et un autre objet spatial, ce qui permet ensuite de tirer certains enseignements.

Cette géante gazeuse située à 1,5 milliard de km de son étoile a une luminosité insuffisante pour pouvoir être observée directement. Mais en passant devant, les astronomes se disaient qu’il était possible d’estimer tout à la fois sa taille, sa densité, son atmosphère et sa composition. Tout cela, en observant les écarts et les variations de lumière.

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Une vue d’artiste de l’exoplanète. // Source : ESO L. Calçada/N. Risinger

Le problème, c’est que l’observation de la planète géante avait tourné court : le signal de PicSat fut perdu deux mois après le début de la mission. Problème, le transit de Beta Pictoris b n’est pas fréquent à hauteur d’une vie d’homme. La durée entre deux évènements de ce type se chiffre en années. Il n’y avait donc pas de session de rattrapage avec ce créneau de 2018.

Alors, quoi ? La machine n’a-t-elle donné des signes de vie que pour s’évanouir une bonne fois pour toutes, comme un ultime salut ? Ce n’est peut-être pas ce scénario qui se jouera. L’équipe de LESIA fait savoir qu’elle essaie de rétablir une liaison montante vers le nanosatellite. Objectif immédiat : parvenir à savoir comment PicSat va. Ce n’est qu’ensuite que des décisions seront prises.

Mais évidemment, tout le monde a en tête l’idée de pouvoir remettre PicSat sur les rails. Et si c’est fichu pour Beta Pictoris b, il y a certainement d’autres observations astronomiques à faire. L’univers regorge de planètes autour d’étoiles. Il reste à choisir une bonne cible. En attendant, tout se remet progressivement en route. Même le site. Comme en 2018.

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