Skully nous permet de prendre le contrôle d’un petit crâne qui doit rouler pour avancer. Hélas, la douche froide finit par tomber.

Il arrive parfois qu’un communiqué de presse séduise plus que de raison. Sitôt celui de Skully reçu, on s’est rué sur une bande-annonce pour voir ce que le mignon petit héros — un crâne animé par de l’argile magique — pouvait bien avoir à raconter. Édité par Modus Games et disponible depuis le 4 août sur PS4, Xbox One, PC et Nintendo Switch, Skully est un jeu de plateforme qui rappelle les jeux Sega Super Monkey Ball, mais de loin — de très, voire trop loin.

Les premières minutes de Skully ont pourtant tout pour convaincre : après une petite séquence en stop motion, nous voilà sur une île au bord de l’implosion en raison des conflits qui émaillent les relations entre les quatre représentants des éléments. Celui lié à la terre demande alors de lui prêter main-forte pour calmer les ardeurs de ses frères et sœurs. Puis, on se rend compte que le jeu est souvent bavard, alors qu’il demande pourtant une concentration de tous les instants. Un premier paradoxe.

Mignon puis frustrant

Skully n’est pas un jeu de plateforme comme les autres, en raison du personnage que l’on incarne. Contrairement aux Super Monkey Ball, qui demandent de balader un singe bloqué dans une sphère en orientant les décors, on contrôle bien le héros dans Skully. Ses mouvements sont volontairement limités : on peut rouler et sauter. La plupart du temps, le jeu prend la forme d’une course d’obstacles à éviter ou à surmonter. Il y a un côté Die&Retry — mourir et recommencer — en raison des échecs répétés, le moindre contact avec l’eau ou la lave étant quasiment rédhibitoire.

Il faut ainsi savoir doser ses coups de joystick, sous peine d’aller trop vite et de courir à la catastrophe. Dans le même temps, il est nécessaire de dompter une caméra qui a tendance à mal se placer. Au point que certains passages trahissent un manque de maîtrise de la part du studio Finish Line Games. On pense aux courses-poursuites : inspirées de Crash Bandicoot, elles sont articulées autour d’un angle fixe n’offrant pas une visibilité confortable. On a par ailleurs arrêté de chercher l’intérêt des combats, vraiment trop peu subtils. 

On est bien accueillis, sauf qu’on souhaite fuir vite

Limité dans sa forme originale, Skully peut invoquer des golems dotés de pouvoirs spécifiques (taper, sprinter et sauter plus haut), par l’intermédiaire de points de passage ressemblant à des mares de boue. Au nombre de trois, ces alliés dont on prend le contrôle assurent l’argument puzzle de l’expérience. En sacrifiant la notion de rythme, Skully alterne maladroitement des parcours du combattant, des moments d’exploration et des énigmes qui consistent à choisir la bonne transformation.

Paradoxalement, cette apparente simplicité n’empêche pas le jeu de proposer quelques situations à s’en arracher les cheveux. Un passage demande par exemple de sauter sur des petites plateformes inclinées, puis de bondir sur des ascenseurs sous peine de tomber dans la lave. Il nous a fallu une bonne quarantaine de tentatives pour le franchir. Quand ce n’est pas la caméra qui fait des siennes, ce sont les mécaniques loin d’être évidentes qui empêchent de progresser avec sérénité puis envie. Si envoûtant soit-il au départ, Skully finit par agacer et décourager. On souhaitera bon courage à celles et ceux qui veulent atteindre les 100 %, c’est-à-dire récupérer toutes les fleurs disséminées dans les niveaux. Elles permettent de débloquer quelques artworks, soit rien de bien motivant.

Skully // Source : Modus Games

Skully

Source : Modus Games

Graphiquement, il y a matière à trouver quelques réjouissances. Finish Line Games a opté pour une direction artistique enchanteresse, avec des personnages à la bouille inoffensive. Même les golems parviennent à être mignons avec leur allure pataude. Ils compensent les inspirations fades en termes de décors. À trop piocher dans les mêmes éléments d’un chapitre à l’autre, les développeurs tombent dans la redite. On a également dû composer avec quelques ralentissements intempestifs, qui gangrènent une fluidité globale bienvenue — et salutaire compte tenu de l’exigence. On est bien accueillis, sauf qu’on souhaite fuir, et vite. 

Le verdict

Pour être irréprochable, un jeu de plateforme doit reposer sur un gameplay parfaitement calibré et un équilibre de tous les instants. Malheureusement pour lui, Skully ne coche aucune des deux cases. Sous ses (faux) airs de fils spirituel des Super Monkey Ball, le jeu cache un manque de maîtrise criant.

C’est dommage quand on repense à l’originalité du concept et les rares bonnes idées qui s’y nichent. On préférera se remémorer les premières minutes encourageantes, qui ne préfigurent pas un si grand nombre de Game Over frustrants. À l’arrivée, n’est pas Super Monkey Ball qui veut.

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