Que vaut la saison 12 de Doctor Who ? On fait le bilan.

Voilà bientôt 60 ans que la série Doctor Who est diffusée par la BBC, non sans un long hiatus avant la nouvelle mouture relancée par Russel T. Davis en 2005. Cette saga a un précieux atout pour se renouveler : le Docteur peut se « régénérer » quand il meurt. Le Seigneur du Temps a donc connu de nombreuses incarnations au fil de l’histoire. Seulement, même une série aussi originale ne peut y échapper en 60 ans, il y a des hauts et des bas dans les intrigues. Depuis quelques saisons, la série s’essouffle. La saison 10, la dernière avec Peter Capaldi, manquait déjà un peu de flamme.

La saison 11, signant l’arrivée de Jodie Whittaker, empirait les choses avec une sensation de vacuité scénaristique. Pourtant, l’actrice incarne parfaitement bien le Docteur : en peu de temps à l’écran, on voyait en elle un Seigneur du Temps, ou Time Lady dorénavant. Les fans de la série étaient d’autant plus déçus face à tant de potentiel gâché par une écriture manquant cruellement d’audace, de renouvellement et de fil rouge. Après cette saison 11 oubliable, la saison 12 renverse tout. Chris Chibnall, le showrunner de cette nouvelle ère, donne un coup de pied dans la fourmilière et touche à la mythologie profonde de la série.

Ci-dessous, vous entrez à vos risques et périls dans une zone remplie de spoilers sur la saison 12. 

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L’épisode 5 qui change tout

Avant tout, il faut avoir l’honnêteté de considérer que cette saison 12 n’est pas tant que cela mieux écrite que la précédente si on la prend dans son ensemble. L’arrivée de Chris Chibnall à la tête de la série ne fait pas beaucoup de bien aux épisodes « classiques » durant lesquels le Docteur et ses compagnons font face aux mystères de l’Univers. Si l’ADN de Doctor Who reste palpable, on regrettera des lenteurs, des rebondissements sortant de nulle part, des incohérences. Là où autrefois certains épisodes arrivaient à créer de véritables concepts, peu d’épisodes sont maintenant mémorables.

Pourtant, non sans paradoxe, cette saison 12 arrive à être mémorable, grâce à quelques épisodes qui sortent du lot. Il faut dire que ce nouveau chapitre commence en fanfare, avec le retour du plus célèbre frenemy du Docteur, le Maître. Sans que l’on sache d’où provient chronologiquement cette réincarnation du personnage, il revient plus détonnant que jamais, animé des mêmes ambitions guerrières qu’on lui connaît. Mais cette fois-ci, il y a quelque chose de différent, qui nous est révélé à la fin du double épisode introductif : il est motivé par la vengeance contre les Seigneurs du Temps. Il évoque une trahison originelle, un acte odieux dans l’histoire de leur espèce, en lien avec un prétendu « Timeless Child », enfant éternel.

Il faudra attendre l’épisode 5, l’un des plus cultes de la série, pour que de nouveaux rebondissements adviennent. Celui-ci signe non seulement le retour express de Jack Harkness, le capitaine quasi immortel adoré des fans de la série, mais il se termine surtout sur une énorme surprise : l’arrivée d’une nouvelle incarnation du Docteur, sous les traits de Jo Martin, qui ne peut pas être l’une des 13 incarnations déjà connues ni une incarnation du futur puisqu’elle ne se souvient pas de l’actuel visage.

Jo Martin incarne une version inconnue du Docteur. // Source : BBC

Jo Martin incarne une version inconnue du Docteur.

Source : BBC

Avec cette arrivée, Chris Chiball nous sert l’un des plus grands « mind blown » de Doctor Who, en touchant à la mythologie de la série et à l’identité du Docteur. En fait, le showrunner fait même davantage que cela, puisqu’il va carrément modifier cette mythologie en apportant des réponses à certaines questions. Même Steven Moffat, avec son épisode dédié au nom du Docteur, n’avait pas osé aller si loin.

D’où vient le Docteur ? On a la réponse.

Le mystère sur l’identité du Docteur, depuis tant d’années, n’est pas un problème. Cela entretient le mythe, héros et héroïne dont on est attaché, mais dont on ne sait rien. Par contre, de temps en temps, il est bon de relancer la machine scénaristique avec de lourdes révélations. Dans l’épisode final de cette saison, c’est le cas, puisqu’on découvre l’origine du Docteur : elle a été « découverte » par la première habitante de Gallifrey, à la sortie d’un portail spatiotemporel, comme un bébé que l’on dépose au pied d’un orphelinat.

Elle est l’enfant éternel dont parlait le Maitre. Les Seigneurs du Temps ont créé génétiquement leur pouvoir de régénération à partir de son code génétique. Et enfin, elle a eu bien d’autres visages que ceux qu’on lui a connus pour l’instant… peut-être des dizaines voire des centaines. Simplement, elle n’a plus de souvenirs de ces existences passées. À noter que cela confirme un indice qui avait déjà été posé dans un épisode de 1976 dans lequel des visages inconnus apparaissaient dans la mémoire du personnage. Quoi qu’il en soit, c’est maintenant acté : le premier visage officiel du Docteur, William Hartnell, n’est pas le « premier » Docteur.

Non content de bouleverser ce que l’on sait du Seigneur du Temps, et de manière radicalement définitive, le showrunner ouvre la voie à tout un monde de nouvelles possibilités scénaristiques à explorer. Ce faisant, il relance audacieusement la mythologie de Doctor Who, ce dont la série avait clairement besoin, puisqu’elle était en train de quelque peu se reposer sur ses lauriers. Cette trame a aussi eu le mérite d’enfin offrir l’occasion à Jodie Whittaker de montrer la face « tragique » de son incarnation du Docteur — et elle excelle en la matière.

En bref, la révélation de la saison 12 est marquante, si ce n’est culte en dévoilant une telle portion de l’identité d’un des plus célèbres personnages de la pop culture. La treizième incarnation connue du Docteur a aussi, à travers ce rebondissement, prouvé plus que jamais sa place dans la continuité de la série. On regrettera que tout le reste de la saison 12 manque toujours autant d’intérêt. Espérons que la saison 13 surfe sur la dynamique des révélations pour revenir aux sources de la série, nous surprendre, mais cette fois-ci à chaque épisode. Croisons aussi les doigts pour une métamorphose de l’équipe des compagnons, dont seule Yaz sort vraiment son épingle du jeu.

Le verdict

BBC
6/10

Doctor Who, saison 12

Cette douzième saison offre enfin, pour la première fois depuis longtemps, de grandes révélations sur la mythologie profonde de Doctor Who. Les rebondissements offrent aussi à Jodie Whittaker l'occasion de briller sur le côté tragique, et plus seulement comique. On regrette simplement que ce moment culte de la série soit un peu trop noyé dans une écriture globale très moyenne à l'échelle de la saison.

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