Suite et peut-être fin de la polémique entre Google et Genius. La firme de Mountain View a annoncé le 18 juin une modification dans la manière dont il affiche les paroles sur son moteur de recherche. Désormais, lorsqu’un internaute cherche une chanson, il peut savoir sa provenance. Cette indication s’ajoute aux indications que Google donne déjà sur le ou les paroliers, ainsi que sur les titulaires de droits.
Selon nos constatations, ce nouvel affichage est déjà actif : des recherches sur une sélection de groupes (IAM, Nirvana, X Japan, Stupéflip…) et d’artistes (Alain Bashung, Adèle, Angèle, John Denver…) montrent la source des paroles. On note que cette indication est mise en avant, car elle apparaît dès l’extrait, alors que les autres informations ne sont données que si le texte est affiché dans sa totalité.
Google a des accords pour les paroles
Si elles sont loin d’être exhaustives, nos quelques recherches n’ont pas permis de voir Genius être cité par Google comme source des lyrics. Deux autres sites ont en revanche été mentionnés : Musixmatch et LyricFind. Rien d’étonnant : la firme de Mountain View est proche de ces deux entreprises — LyricFind, par exemple, a signé un accord en 2016 avec le géant du net.
Lors de l’annonce du partenariat, LyricFind déclarait détenir les droits d’exploitation des paroles de plus de 4 000 éditeurs, dont les grandes majors du disque (Universal Music, Sony et Warner. L’entreprise ajoutait aussi qu’il lui était possible de les exploiter dans pas moins de cent pays à travers le monde, dont la France. Il n’existe en revanche aucun accord en cours avec Genius — qui a toutefois ses propres accords.
Dans un communiqué paru le 18 juin, Google a rappelé qu’il ne parcoure ni n’aspire les sites web pour trouver ces paroles. « Les paroles que vous voyez dans les boîtes d’information sur la recherche proviennent directement des fournisseurs de contenu des paroles, et elles sont mises à jour automatiquement au fur et à mesure que nous recevons de nouvelles paroles et des corrections sur une base régulière ».
Vérification en interne
Cela étant, cela ne résout pas la coïncidence invraisemblable des apostrophes : Genius avait glissé un code en morse en utilisant les apostrophes (certaines étaient droites et d’autres étaient courbées) des chansons pour voir si la même séquence apparaissait sur Google. Il s’est avéré que c’était le cas pour de nombreux titres, suggérant que Google — ou en tout cas un sous-traitant — s’était directement servi sur Genius.
Google avait au moment des faits déjà suggéré que la faute était à chercher chez ses partenaires. Aujourd’hui, la société dit avoir demandé à l’un d’eux « d’étudier la question pour s’assurer qu’il suit les meilleures pratiques de l’industrie dans sa façon de faire. Nous nous efforçons toujours de respecter des normes de conduite élevées pour nous-mêmes et pour les partenaires avec lesquels nous travaillons ».
Ces vérifications internes s’ajoutent à la décision de Google de modifier l’affichage des paroles pour mentionner d’où elles viennent. Ou du moins, d’où elles sont censées venir. Mais à supposer qu’il y a bien faute, on comprend en filigrane que Google estime que ce n’est pas lui qui doit être mis sur le banc des accusés. Google serait plutôt victime des dérives de l’un de ses sous-traitants.
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